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Côté sciences : 4 mystères irrésolus de la cryptologie

La cryptologie, étymologiquement la science du secret est par définition mystérieuse. Certains messages chiffrés sont restés dans l’histoire comme des mystères apparemment insolubles.

Autrefois un art, en Egypte 2000 ans avant JC ou à Rome avec Jules César et son chiffre éponyme. Maintenant une véritable science, combinant algèbre, arithmétique modulaire et autres, elle s’est considérablement développée depuis l’avènement de l’informatique et des réseaux.

Les secrets peuvent être vus selon deux points de vue; le point de vue de ceux qui veulent les garder et s’échanger des données en toute sécurité c’est la cryptographie… et celui de ceux qui veulent attaquer ces secrets c’est à dire récupérer les informations sans y avoir été invité, c’est la cryptanalyse.

Dans cette grande partie d’échecs que les cryptographes et les cryptanalystes se livrent, les aléas du temps ont mis à jour quelques messages à l’histoire si particulière qu’ils en sont devenus des légendes… d’autant plus qu’il n’ont jamais pu être décryptés par personne. En voici 4 exemples.

Le manuscrit de Voynich (15ème siècle)

Le manuscrit de Voynich, du nom d’un de ses anciens propriétaires est un livre venant d’Italie et probablement écrit entre 1408 et 1436. Le livre est constitué de 234 pages de 15 cm de large et 23 cm de haut et il constitue le mystère parfait. Alternant longs paragraphes écrits dans une langue inconnue dont le code reste à ce jour non décrypté et dessins pleine page de plantes n’existant plus ou pas, de cartes des étoiles et de schémas biologiques… tous les ingrédients sont là pour que les meilleures hypothèses sur la “réelle” origine du texte fleurissent.

L’alphabet utilisé varie entre 19 et 28 lettres. La longueur moyenne des mots semble cohérente avec un langage dérivé du latin ou du grec. Le livre contient en tout 170.000 caractères apparemment écrits de gauche à droite sans aucune ponctuation. Plusieurs hypothèses s’opposent sur l’origine du manuscrit :

  • William Friedman, un éminent cryptographe du 20ème siècle optait pour un langage artificiel dont on aurait perdu la pierre de Rosette.
  • Klaus Schmeh, informaticien allemand a émis l’hypothèse que l’ouvrage ne soit qu’un Hoax une conclusion partagée plus récemment par Gordon Rugg qui a tenté de démontrer le “fake”.
  • Les hypothèses d’un texte Alien, de la Bible d’une nouvelle religion ou d’un texte des Illuminati, sont bien évidemment majoritaires… sur les forums Internet

Pour ajouter à la confusion, des recherches récentes de l’université de Chicago ont révélé que “l’analyse de la taille des mots et de leur fréquence ainsi que leur morphologie sont conforme à un texte écrit dans une vraie langue naturelle” (voir le pdf de l’étude).  Le mystère reste donc entier… si ce n’est grâce à la convaincante explication d’xkcd en anglais et en BD  🙂

Dorabella (1897)

Le compositeur anglais Edward Elgar est notamment l’auteur d’une symphonique appelée Variations Enigma qui donnera son nom à la célèbre machine Enigma utilisée pendant la 2nd guerre mondiale pour chiffrer les messages allemands. En 1897, alors âgé de 40 ans, Elgar, grand amateur de cryptologie, glisse ce message chiffré à la belle-fille d’un de ses amis qui a la moitié de son age (ça promet). Entre l’hypothèse d’un message d’amour (voire pire) ou d’une partition secrète, les coeurs balancent.

L’alphabet utilisé contient 24 caractères, tous formés d’un, deux ou trois arcs de cercles orientés selon un certain angle. Le principal problème de cette lettre vient de sa brièveté 87 caractères… trop peu de matériel de départ pour appliquer tout un tas de méthodes basiques comme l’analyse de fréquence des lettres dans le message ou de répétition de mots courts.

De nombreuses propositions de décryptage ont été présentées au fil du temps, entre méthodes alambiquées pour essayer de rendre le message sensé et méthodes solides n’aboutissant qu’à du charabia…  aucune n’a jamais vraiment réussit à convaincre.

L’affaire Taman Shud (1948)

Celle là est sympathique, une histoire digne d’Agatha Christie et pour cause le message a été retrouvé sur un mort. Le 1 décembre 1948 dans la ville d’Adelaide, 5ème ville australienne, un homme bien habillé mais non identifié est découvert mort sans aucun signe de lutte ni aucun trauma sur le corps. Relativement jeune et apparemment en bonne forme, rien n’explique sa mort. A ce jour, l’homme n’a jamais été identifié, et l’affaire est toujours non résolue.

Les choses se compliquent encore quand dans une poche de son pantalon, les autorités retrouvent un morceau de papier déchiré sur lequel est inscrit “Taman Shud”, “Terminé” en perse.

Qu’est-ce que cela a à voir avec la cryptologie ? Le livre dont était issu la page déchirée (la dernière de celui-ci) a été retrouvé sur la plage arrière d’une voiture ouverte, située à proximité d’un lieu où l’homme aurait été vu avant sa mort. A l’arrière du livre les enquêteurs ont découvert 5 lignes de texte apparemment chiffré qui à ce jour … n’ont aucune interprétation connue du fait notamment du peu de matériel de départ.

Les hypothèse concernant cette affaire vont du suicidé mentalement instable à l’empoisonnement par un poison indétectable d’un espion russe dont la couverture avait été compromise.

Tueur du Zodiaque (1969)

Célèbre pour avoir inspiré plusieurs films, le tueur en série dit du Zodiaque, actif en Californie entre 1966 et 1978, reste hors normes. Auteur d’au moins 5 meurtres avérés mais soupçonné d’être à l’origine de bien plus de morts.

Il est resté dans les mémoires pour deux raisons, la première est qu’il ne s’est jamais fait prendre. La seconde est écrite. Il a en effet envoyé deux lettres chiffrées à différents journaux californiens pour narguer la police. Si la première de  408 caractères fût décryptée en l’espace de quelques jours, la seconde (image ci-dessus) reste encore un mystère à l’heure actuelle.

Il faut dire que la complexité de ce code est impressionnante, 340 caractères chiffré dans un alphabet de 63 symboles ! Bien sur, forts du décryptage de la première lettre, dont vous pouvez voir un extrait ci-dessous et son résultat décodé (vous pouvez aussi lire le papier décrivant le décryptage), les enquêteurs pensaient pouvoir casser le chiffrage de la seconde de la même manière. Mais les schémas de répétition et l’alphabet utilisé dans la deuxième lettre sont tellement obscures que l’on est même pas sur à l’heure actuelle si la lettre est écrite de gauche à droite et de haut en bas ou l’inverse…

Il existe plein d’autres codes qui n’ont jamais été décryptés, certains, comme Kryptos 4 peuvent même vous offrir une place presque assurée au sein de la CIA !

Les images de l’article sont issues dans l’ordre de D.C.Atty/Flickr, Wikimédia par deux fois et les deux dernières des archives du FBI. Cet article s’inspire largement de celui de Robert Beckhusen et Noah Schachtman paru sur Wired en décembre 2012.

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Par : Opera
7 commentaires
7 commentaires
  1. Faudrait que Nicolas cage se penche sur ce sujet, qui sait on pourrait faire prédictions 2,3, et 4 avec tout ça… 😉

    Jordane de MonBonPote.com

  2. Le plus incroyable dnas l’histoire du manuscrit Voynich c’est qu’il y a plein de pages, donc plein de matériel à analyser… Je me demande s’il est plus facile de faire un faux message chiffré qui tienne la route qu’un vrai.

  3. Un article vraiment passionnant. Ca tranche avec le reste des articles de Presse-Citron, et j’apprécie beaucoup. On en veut plus souvent :)))

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