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CTIA 2015 à Las Vegas : 5G, e-Santé, objets connectés, drones et… Glider

Retour sur le CTIA Super Mobility Show de Las Vegas, grand raout des technologies et des réseaux mobiles.

Il y a quelques jours se tenait à Las Vegas (Nevada, USA) la convention CTIA Super Mobility Show, qui réunit pendant trois jours des professionnels des télécoms, les opérateurs et une large représentation américaine et internationale des métiers et acteurs de la mobilité. Situé à mi-chemin sur le calendrier entre le Mobile World Congress de Barcelone (février) et le CES (janvier, lui aussi à Las Vegas), le CTIA est davantage un forum orienté BtoB destiné à présenter l’état du marché dans la mobilité qu’une place pour découvrir les futures innovations grand public. On notera que malgré la présence de plus de 200 speakers et 30.000 participants sur les trois jours, la conférence a dû subir de plein fouet la concurrence de l’IFA de Berlin, tout juste terminé et encore sur toutes les lèvres, et de la keynote Apple qui se tenait pile-poil le matin de l’ouverture du CTIA, qui n’avait d’autre choix que la diffuser en direct sur les grands écrans de la scène centrale…

J’étais sur place, puisque se tenait en même temps et à dix minutes de là en navette la première édition de la conférence Interdrone, dont Dronestagram était partenaire, et dont j’étais membre du jury pour leur festival du film de drone.

Si la plupart des annonces concernaient principalement le marché américain, certaines préfigurent des tendances et des nouveautés que nous retrouverons à terme dans nos usages, qu’il s’agisse du déploiement de la 5G ou encore d’objets connectés.

De la 4G à la 5G

Si les USA accusaient un sérieux retard par rapport à l’Europe sur le déploiement de la 3G (principalement du fait de l’éclatement du marché des opérateurs, dont certains standards n’étaient même pas compatibles d’un état à l’autre il y a encore quelques années – rappelons que le premier iPhone n’était même pas 3G !), ils semblent avoir retenu la leçon et sont passés très vite – dès 2010 – à la 4G et au LTE, qui offrent non seulement des débits excellents mais également une très forte couverture puisque l’on estime que plus de 80% du territoire reçoivent aujourd’hui la 4G (contre environ 70% de la population en France). Les américains utilisent d’ailleurs un métrique intéressant pour déterminer cette couverture, lié directement à l’usage : le “Time on LTE”, qui mesure le temps pendant lequel un utilisateur a accès au réseau LTE dans une période donnée.

Mais la 4G ne suffit plus. Notre production et notre consommation de données sont exponentielles et quelques chiffres ont circulé sur le CTIA pour rappeler cette frénésie :

  • le nombre de photos numériques prises en 2015 dépasse le total des photos argentiques faites depuis la création de la photographie
  • les contenus produits par l’humanité depuis 2012 sont trois fois plus importants que tous les contenus créés du début de l’humanité à 2012
  • Même si les opérateurs transféraient 90% des données mobiles sur WiFi ils auraient quand même besoin de plus de bande passante

Même si ces affirmations sont difficiles à vérifier, et si tant est qu’elles ne soient que des estimations, il est fort à parier qu’elles ne sont pas loin de la réalité, et qu’elles nous donnent une mesure des défis qui s’imposent à ceux qui font circuler et stockent ces données, à savoir en premier lieu les opérateurs mobiles. Cinq ans après les premiers déploiements de la 4G et du LTE, la 5G était sur toutes les lèvres, et Verizon Wireless a annoncé qu’il commencerait des test dès 2016, soit deux ans avant l’échéance prévue, même si les premiers relais 5G ne devraient pas être opérationnels avant 2020. L’opérateur prévoit que la norme devrait permettre 50 fois le débit des réseaux LTE actuels ! Bon on sait que c’est la tarte à la crème habituelle que nous servent les opérateurs à chaque évolution de leurs standards, et qu’au final cette évolution est bien moins flagrante dans un usage quotidien, mais il faut bien faire tourner la machine à bullshit pour vendre sa sauce. Selon Roger Gurnani, responsable de la technologie et de l’information chez Verizon, “la 5G n’est plus un rêve d’un futur lointain”. De quoi voir venir et anticiper l’explosion de la demande de bande passante qui s’annonce avec les objets connectés, et “the internet of everything”.

Jimmy Wales, fondateur et patron de Wikipedia, et opérateur télécom !

L’une des stars de ce CTIA était sans conteste Jimmy Wales, fondateur et patron de Wikipedia, présent le premier jour pour assurer la promotion d’une de ses entreprises. Une entreprise, Jimmy Wales ? Oui, mais pas n’importe laquelle. Le bon Jimmy est président exécutif et responsable de la stratégie digitale de TPO. TPO ou “The People’s Operator” (l’opérateur du peuple, ça claque, non ?) est un opérateur MVNO qui s’est donné pour mission de déployer un “réseau du bien” en reversant une partie de ses revenus à des œuvres de charité. TPO a été lancé en 2012 au Royaume Uni et ouvre maintenant aux USA suite à un accord avec l’opérateur Sprint. TPO fonctionne comme n’importe-quel opérateur MVNO (Mobile Virtual Network Operator – opérateur de réseau mobile virtuel), à cela près que 10% du montant de la facture des clients sont reversés en dons aux organisations choisies par ces derniers, et que 25% des bénéfices de la société sont distribués à des organisation sans but lucratif. TPO est également un réseau social qui met en avant des pages pour différentes causes, et compte déjà 30.000 membres. Les services de l’opérateur TPO ne sont cependant disponibles pour le moment qu’au Royaume Uni et aux USA.

Nous avons eu la chance de discuter en privé avec un Jimmy Wales disponible, simple et souriant pendant une petite heure, de façon totalement informelle. Nous avons parlé censure en Chine (“nous avons récemment fait des changements sur le site pour que des pages spécifiques de Wikipedia ne puissent pas être censurées”) et abordé différents sujets sur l’actualité de Wikipedia. Concernant justement le mobile, puisque nous étions au cœur de la thématique, Wales estime que le développement et la pérennité de Wikipedia passera évidemment pas les smartphones, mais que cela dépendra… de la taille de ces derniers. Il considère que Wikipedia reste une source de savoir intimement liée à l’écran du PC, notamment pour les contributeurs. Il est en effet encore très difficile de remplir des fiches sur mobile, qui reste avant tout cantonné à la consultation des pages (50% du trafic provient du mobile) mais pas à leur actualisation ou à leur complétion. Selon lui, le développement important des mobiles dans les pays émergents ne fera que renforcer cette tendance puisque cela concerne principalement des smartphones d’entrée de gamme avec des écrans plus petits et des possibilités d’édition-rédaction très limitées.

Internet des objets et voiture connectée

On ne peut envisager sérieusement aujourd’hui un salon sur la mobilité dans qu’une large part soit faire aux objets connectés et aux innovations numériques dans l’automobile. Si aucun constructeur automobile n’était officiellement présent sur le CTIA, nombre d’entre eux étaient représentés indirectement par différents équipementiers proposant des dispositifs destinés à améliorer la connectivité des voitures, voire même de transformer en voiture connectée un modèle ancien qui ne l’est pas. Ainsi on retiendra que le gagnant des CTIA Awards dans la catégorie Connected Car est Splitscnd, un petit module de la taille d’un Coyote, qui se branche simplement sur la prise allume-cigare de la voiture, et qui détecte les chocs et envoie automatiquement un appel au centre de secours le plus proche en cas d’accident. Le module est entièrement autonome puisqu’il intègre une connexion cellulaire, un GPS, un accéléromètre, un micro, un haut-parleur et un gros bouton d’urgence.

Autre modules en vedette sur le CTIA : des dispositifs transformant n’importe-quelle voiture d’après 1996, donc équipée d’une prise diagnostic à la norme OBD II, en hotspot WiFi. Un module spécifique proposé par ZTE sera commercialisé par AT&T et permettra d’accéder au réseau 4G LTE de l’opérateur. L’appareil s’active automatiquement quand la voiture démarre sans intervention manuelle et peut alimenter jusqu’à 5 appareils en WiFi. Il est fourni gratuitement avec un abonnement de deux ans ou vendu 100 euros sans abonnement. On peut cependant s’interroger sur la nécessité que celui-ci soit branché sur le port OBD II quand on sait que des modules similaires existent et fonctionnent simplement sur la prise allume-cigare de la voiture, comme par exemple chez nous l’Airbox d’Orange, qui de surcroit permet 10 connexions simultanées. Un peu intrusif le module AT&T si vous voulez mon avis, quand on sait que la prise ODB II fournit de nombreux renseignements sur la conduite…

Dans le même esprit, le module de Geotab, qui fonctionne sur une logique de market place sur laquelle les développeurs peuvent proposer leurs créations afin d’animer un écosystème pour fournir des fonctionnalités connectées aux véhicules.

Concernant les objets connectés hors automobile, il était surtout question de technologies et de réseaux, avec certaines questions récurrentes sur les capacités des infrastructures actuelles à monter en puissance rapidement avec la déferlante promise de l’internet des objets, ou encore les standards à adopter pour que tout ce petit monde puisse communiquer est rester interopérable. On retiendra quand même, parmi les nombreuses innovations présentées, GreenIQ, une startup israélienne qui propose son Smart Garden Hub, un module intelligent et connecté à une application, qui peut gérer l’arrosage d’un lieu de façon optimale en se fondant sur les prévisions météo “hyper-locales” auxquelles il est connecté. Le dispositif, déjà commercialisé auprès du grand public (249 euros), peut être connecté aux capteurs de Parrot, Netatmo ou encore Koubachi, et promet une économie de 50% sur la consommation d’eau. La prochaine version du Smart Garden Hub, prévue pour fin 2015, sera dotée d’une connectivité 3G pour les cas où il se trouve en-dehors du champ d’un réseau WiFi.

La santé connectée fait son show

Pas de salon sur la mobilité sans parler de santé connectée. Avec l’automobile c’est peut-être ce secteur qui est le plus actif (et concurrentiel), d’autant qu’il est largement poussé par la profusion de capteurs à bas coût, à commencer par les bracelets et montres connectés, qui cherchent encore à séduire le public en démontrant leur utilité.

Sur le CTIA, en plus des exposants, le Connected Fitness Challenge, une salle de fitness reconstituée, proposait des animations, des cours et des démonstrations auxquelles tout un chacun pouvait participer, en s’équipant de capteurs permettant de surveiller leur rythme cardiaque dans des sessions de trente minutes. Peu recommandé quand même si vous étiez en costume-cravate ou tailleur au début d’une journée marathon de travail, surtout quand on sait qu’il faisait encore plus de quarante degrés à l’ombre à Las Vegas. Et qu’il n’y a pas d’ombre (mais trop de climatisation). Le stand a même eu l’honneur d’une visite de Mike Tyson, venu en voisin.

Le Glider sur les traces du Segway

Une des attractions du CTIA était incontestablement le Glider. Un objet pas vraiment connecté mais qui permet aux gens de se connecter puisqu’il les transporte d’un point A à un point B. Le Glider est une sorte de Segway du pauvre ressemblant à un marche-pied à roulettes, muni de capteurs et de stabilisateurs, qui permet de se déplacer à la façon d’un Segway. La prise en main est cependant plus difficile car dans la version présentée il n’y avait pas de colonne ni de guidon pour faciliter l’équilibre, et tout se passe donc au niveau des chevilles et des pieds. Râteaux en perspective mais une fois le coup pris, l’engin devient un véritable prolongement du corps. Et surtout,avec un tarif annoncé de 599 dollars il coûte entre 5 et 10 fois moins cher qu’un Segway ou équivalent. Reste à voir sa capacité de franchissement sur un revêtement un peu cabossé et l’autonomie de ses batteries.

Les marchés du CTIA en chiffres

Pour onclure, une compilation de quelques chiffres qui donnent la mesure des secteurs concernés par le CTIA. L’internet des objets est certainement le plus prometteur, même si cette expression-valise regroupe tellement d’activités qu’il est certainement assez difficile d’en tracer les contours. Chiffres en dollars.

  • revenus générés par les objets connectés portables (montres, bracelets, capteurs personnels…) en 2015 : 1,8 milliard
  • nombre d’unités vendues en 2015 : 20,3 millions
  • prix moyen d’une montre connectée : 189,00
  • temps moyen passé sur smartphone chaque jour par les américains : 4,7 heures
  • temps moyen passé pour des appels vocaux : 5% du temps total
  • nombre estimé d’appareils connectés domestiques vendus d’ici 2019 : 1,8 milliard
  • revenus estimé rapporté par les objets connectés domestiques en 2019: 490 milliards

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