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Épuisés par leurs conditions de travail, les modérateurs de Facebook appellent à l’aide

Soumis à des conditions de travail indignes, les modérateurs de Facebook sont au bout du rouleau. Un employé s’est même effondré à son bureau, terrassé par une crise cardiaque.

La modération des contenus est un enjeu essentiel pour Facebook et les autres réseaux sociaux. Accusée de très mal gérer les publications haineuses, l’entreprise avait même promis, en janvier 2018, de se mobiliser contre ce fléau. Pour y faire face, on dénombre environ 15 000 modérateurs, pour la plupart employés par des sous-traitants et répartis aux États-Unis et aux Philippines.

On se doutait que leur tâche n’était pas facile, notamment car ils doivent faire face à ce que le web et l’humanité ont de pire. Une longue enquête menée par The Verge vient lever un peu plus le voile sur les conditions de travail très éprouvantes de ces sous-traitants de Facebook. Elles sont en fait si dures qu’un salarié américain du nom de Keith Utley y a même laissé sa vie en plein service à la suite d’une crise cardiaque.

Chaque temps de repos qui est octroyé aux modérateurs est strictement compté. Ils ne bénéficient que de deux pauses de 15 minutes, une pause déjeuner de 30 minutes et une pause « bien-être » de 9 minutes. Mais au-delà de cette difficulté, c’est surtout le choc psychologique généré par le travail en lui même qui pose problème. Les salariés sont en effet tenus de visionner durant 15 à 30 secondes des vidéos comprenant de nombreuses violences, de la pédophilie… Les commentaires sont eux-mêmes remplis de discours haineux et de théories du complot.

« Je pense que Facebook a besoin d’être fermé »

« Les gens pleuraient, s’effondraient, vomissaient. C’était comme dans l’un de ces films d’horreur », explique ainsi Shwan Speagle, un ancien employé à la modération du sous-traitant de Facebook Cognizant.

Le salaire qui leur est versé n’est pas non plus de nature à leur remonter le moral. Là où un débutant au siège de Facebook peut gagner jusqu’à 79 500 dollars par an, les salariés américains dédiés à la modération touchent quant à eux 28 800 dollars. L’enquête relève également une insalubrité manifeste des locaux et des pratiques de harcèlement sexuel assez fréquentes.

Cet ensemble de problèmes et de dysfonctionnements va jusqu’à faire dire à Shwan Speagle : « Je pense que Facebook a besoin d’être fermé. » La formule est certes lapidaire, mais en dit long sur le degré d’épuisement de ces hommes et femmes pourtant essentiels au fonctionnement de Facebook.

Face à de telles accusations, la réponse de Cognizant est pour le moins laconique. Un porte-parole a déclaré qu’il prenait « très au sérieux, les allégations de ce type » et qu’il « s’efforçait de créer un lieu de travail sûr et responsabilisant. » Facebook a en tout cas intérêt à bien prendre soin de ces travailleurs de l’ombre sans qui la vie sur les réseaux sociaux serait tout simplement un enfer.

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Par : Facebook, Inc.
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