Les nouvelles s’enchaînent et l’histoire du secteur de la crypto-monnaie s’assombrit dans une affaire cauchemardesque. Sam Bankman-Fried (plus connu sous ses initiales SBF), le fondateur et directeur général de FTX vient de démissionner et déposer une demande de mise en faillite de la société.
La demande, aussi singulière soit-elle, prend aussi en compte FTX.US, la branche américaine de l’entreprise, qui n’était jusqu’à présent pas concernée par le fiasco de la société mère. Avec elles, “130 autres compagnies affiliées du groupe FTX ont débuté la procédure volontaire afin d’évaluer et monétiser les actifs”, peut-on lire dans un communiqué de presse. La filiale Alameda Research, à l’origine de tous les ennuis, est aussi placée en faillite.
Press Release pic.twitter.com/rgxq3QSBqm
— FTX (@FTX_Official) November 11, 2022
Quel sort pour les utilisateurs ?
Le remplaçant de SBF est John J Ray III, qui déclarait tôt ce matin aux États-Unis que cette procédure “est appropriée pour donner au groupe FTX l’opportunité d’évaluer sa situation et de développer un processus pour maximiser les recouvrements pour les parties prenantes”. Quant au sort des clients, Sam Bankman-Fried vient d’écrire sur Twitter qu’il allait “travailler pour clarifier où en sont les choses en termes de récupération des fonds dès que possible”.
FTX n’avait certainement pas vraiment le choix. Une heure avant la publication de son communiqué de presse pour informer de sa faillite, FTX se faisait épingler par le régulateur chypriote pour suspendre ses opérations dès aujourd’hui. “La Commission des valeurs mobilières de Chypre a demandé mercredi 9 novembre à la société d’investissement chypriote FTX EU Ltd de suspendre ses opérations et de procéder immédiatement à un certain nombre d’actions pour la protection des investisseurs”, écrivait-elle.
Pour rappel, FTX, la plateforme d’échange de crypto-monnaies numéro 2 mondial (derrière Binance) a déjà vu la capitalisation de sa crypto-monnaie native fondre de plus de 90 %, laissant s’évaporer des milliards de dollars. FTX, à elle seule, pesait pour plus de 32 milliards de dollars ces deux dernières semaines.
Gros soucis économiques chez FTX
Pour en venir à la faillite, FTX s’est fait inonder de rumeurs au sujet d’un trou financier de plus de 9 milliards de dollars. C’est encore plus que ce qu’estimait Bloomberg. L’agence écrivait que FTX aurait besoin de 4 milliards de dollars aujourd’hui pour rester solvable. Hier, les médias se penchaient sur la proposition de Justin Sun, fondateur de la blockchain Tron. Avec lui, SBF aurait échangé des messages pour essayer de trouver un terrain d’entente pour obtenir de l’aide.
Il y a deux jours, après avoir tenté de racheter FTX, c’est son concurrent Changpeng Zhao, le patron de Binance, qui annonçait son refus de poursuivre la procédure. “Au début nous espérions pouvoir soutenir les clients de FTX avec des liquidités, mais les problèmes sont hors de contrôle et dépassent notre capacité à aider”, a indiqué le numéro 1 des cryptos. “Pour quoi bon déverser des milliards de dollars pour essayer de racheter les utilisateurs qui ne veulent qu’une chose : retirer leurs fonds”, traduisait à sa manière Artem Sinyakin, le fondateur de Oak Invest, dans sa newsletter.
Binance avait justement dit que la situation financière de la société n’était pas viable. “Je suis désolé. C’est la chose la plus importante”, tweetait encore SBF hier soir. “J’ai merdé et j’aurais dû faire mieux”, ajoutait-il.
Une chose est sûre, en plus des utilisateurs particuliers, beaucoup d’entreprises évoluant dans la finance décentralisée pourraient se retrouver dans une situation très complexe ces prochaines semaines. La rapidité de l’information masque encore le reste, mais beaucoup de projets s’étaient certainement exposés avec FTX. Pour eux aussi, l’avenir s’assombrit. L’hiver sera définitivement froid.
Le message du Français Coinhouse
En France, la plateforme d’échange Coinhouse se veut rassurante. Son fondateur a écrit un message sur Twitter en indiquant avoir “des bases solides”. Il ajoutait que pour lui, l’affaire FTX relève bien plus : “l’inconscience de dirigeants qui gèrent pourtant des milliards, l’absence de gouvernance de ces entreprises qui n’assure pas la mise en place de règles de gestion évidente pour des institutions financières”.
📢 La mise sous protection du régime des faillites (chapter 11) de @FTX_Official et ses 130 filiales n’a aucune conséquence sur les services proposés par @CoinhouseHQ, les fonds de nos clients et la gestion courante de nos opérations #crypto.
— Nicolas Louvet (@LouvetNicolas) November 11, 2022
Il est tant que l’écosystème se professionnalise, soit mieux géré, s’inspire des règles qui fonctionnent en finance tradi, que la gouvernance des plateformes soit transparente, qu’une place soit faite par les plateformes pour des auditeurs et des sociétés qui mesurent le risque.
— Nicolas Louvet (@LouvetNicolas) November 11, 2022
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