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Guerre en Ukraine : le coût exorbitant des yachts russes saisis par la France

La saisie des yachts de luxe des oligarques russes coûte une fortune aux contribuables.

Dans la dernière année, plusieurs pays ont confisqué des navires de luxe qui appartiennent à des oligarques russes proches de Vladimir Poutine en réaction à l’invasion de l’Ukraine. Mais ces bateaux équipés de technologies sophistiquées nécessitent un entretien constant qui pèse sur les finances publiques des pays. Que ce soit en France, en Italie ou dans les pays ayant intercepté les méga-yachts des oligarques, le coût gigantesque de ces bateaux à quai pose question.

Des saisies coûteuses

En février 2022, l’Union européenne a adopté des sanctions économiques contre la Russie, accusée d’avoir violé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Parmi les mesures qui ont été annoncées, il y avait le gel des avoirs – et l’interdiction de voyager – pour de nombreuses personnalités russes impliquées dans le conflit ou soutenant le régime de Vladimir Poutine. Au fil des mois, des sanctions supplémentaires se sont ajoutées à la liste.

Certains pays ont aussi procédé à la saisie de biens appartenant à ces individus et notamment des yachts de luxe, considérés comme des symboles de la richesse et du pouvoir des oligarques russes. Par exemple, la France a saisi l’Amore Vero, un palace flottant de 86 mètres de long, propriété du milliardaire Setchine, vice-président du géant Rosneft et réputé très proche du Kremlin. Le bateau est amarré depuis un an au port de La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône.

L’Italie a fait de même avec le fameux Yacht A, le plus grand voilier du monde, dont le propriétaire présumé est Andrey Melnichenko. Le navire, qui a coûté 417 millions d’euros à l’achat, est bloqué depuis un an au quai du port de Trieste. D’autres pays comme la République dominicaine, la Turquie ou les États-Unis ont aussi saisi des yachts russes dans leurs ports. En Norvège, la situation est différente pour un yacht sous pavillon russe, dont le propriétaire ne donne plus de signe de vie.

Un entretien qui pèse sur les budgets

Mais ces saisies ne sont pas sans conséquences financières pour les pays qui les ont effectuées. En effet, ces yachts ne sont pas de simples embarcations : ils sont équipés de technologies de pointe qui nécessitent un entretien régulier et coûteux. En ce moment, ils sont donc aux frais des Etats et donc des contribuables.

“Certains ont des radars anti-missiles, d’autres leurs propres sous-marins ou des héliports rétractables”, explique Alex Finley, ancien agent de la CIA, désormais spécialiste de l’influence russe reconvertie en traqueuse de yachts. Elle précise : “toutes ces technologies demandent de la maintenance. Pas forcément pour que tout marche parfaitement, mais, au moins, pour que ces appareils ne présentent aucun danger pour le personnel du port ou pour l’équipage”.

Or, cet entretien est souvent à la charge des pays qui ont saisi les yachts, ce qui peut représenter jusqu’à 10% de la valeur totale du bateau – par an, rappellent nos confrères de France Info. Ainsi, le Yacht A aurait déjà coûté plus de sept millions d’euros aux contribuables italiens. Le gouvernement français n’a toutefois pas communiqué sur la facture de ces géants des mers. Nos confrères de BFM TV avaient obtenu un entretien d’un responsable local, avant que celui-ci ne se rétracte sur un sujet hautement sensible.

Une situation sans issue ?

Face à cette situation, les pays concernés cherchent à se débarrasser de ces yachts encombrants. Mais ce n’est pas si simple. D’une part, il faut pouvoir identifier le véritable propriétaire du bateau, ce qui n’est pas toujours évident, car les oligarques utilisent souvent des sociétés offshore pour dissimuler leurs avoirs. C’est le cas par exemple de l’Amore Vero, qui est enregistré officiellement au nom d’une entreprise nommée “Kazimo Trade & Invest” basée dans les Îles Vierges britanniques, et non au nom de son propriétaire en direct. D’autre part, il faut respecter les procédures judiciaires et les droits de la défense, ce qui peut prendre du temps.

En attendant, certains pays ont autorisé le dégel d’avoirs, pourtant placés sous sanctions, spécialement pour payer l’entretien de ces bateaux. D’autres ont tenté de négocier avec les propriétaires pour qu’ils reprennent leurs yachts, moyennant des compensations financières ou politiques. Mais ces démarches se heurtent souvent au refus des oligarques russes qui considèrent ces saisies comme illégales et injustifiées, et qui ne veulent donc pas les payer.

Ainsi, la guerre en Ukraine a eu des répercussions inattendues sur le secteur du yachting de luxe, qui se retrouve pris en otage entre les intérêts géopolitiques et les ambitions personnelles des acteurs du conflit. Une situation qui risque de durer tant que la crise ukrainienne ne sera pas résolue.

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6 commentaires
6 commentaires
  1. Ils doivent être bien content, gardiennage gratuit… Et on les leur rendra en parfait état, sans la moindre compensation. On est vraiment des gros pigeons !

    1. Je ne peux que vous rejoindre sur ce point …

      Personnellement, je ferai démonter toutes les installations dangereuses du yacht pour le réduire en grande barque. Beaucoup moins d’entretien, et tout à remonter par le propriétaire à la fin de la saisie. Mieux, la saisie devrait être définitive, et l’état revend le yacht aux enchères à ceux qui peuvent l’assumer.

  2. Comment ça …” yachts saisis POUR la France ” ???
    Pourquoi pour la France ??
    Pourquoi personne ne s’attaque à nos oligarques pour le soutien de la France aux régimes totalitaires type Arabie saoudite et nos ventes d’armes à ces mêmes dictatures ??

  3. Pourquoi ne pas les mettrent à quai ????
    Débrancher l’électronique d’une part, et surtout d’entretien de la coque, du ou des moteurs du fait du temps passé dans l’eau de mer…
    Et en attendant, ouverture d’un b’n’b ou Open Space, spacieux au demeurant afin de renflouer les caisses de l’état…

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