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Jérémie Rosselli (N26) : “en France, nous visons 5 millions de clients”

Le directeur général de N26 France nous a accordé une interview. C’était l’occasion de faire un bilan après deux ans et demi sur le marché français, où la fintech a dépassé le million de clients.

Le paysage fintech est en pleine émergence, et N26 doit faire face à concurrence accrue. D’un côté, il y a les banques traditionnelles, elles qui travaillent aussi à proposer de nouvelles offres mobiles. De l’autre, il y a les homologues à N26, qui ne cesse de faire parler d’eux suite à leurs levées de fonds de plus en plus volumineuses, pour tenter de dominer le marché et prendre la place de référence. Une chose est sûre : la révolution du numérique dans le secteur bancaire risque de faire du mouvement. Et pour réussir à faire sa place, N26 aura de nombreux défis à relever.

Pour faire le point sur la situation de la néo-banque allemande, Jérémie Rosselli, Directeur Général de N26 France a accepté de répondre à nos questions. La période est symbolique : le million de clients en France a été dépassé il y a quelques semaines – mais jamais le marché n’a été autant concurrentiel, alors que le modèle de la néo-banque commence à rencontrer une clientèle plus large, et prête à quitter ses habitudes dans les établissements traditionnels.

Presse-citron : Depuis quelques années, les néo-banques gagnent en popularité mais leurs particularités vis-à-vis des banques traditionnelles ne sont pas encore connues de tous. Pour commencer, peux-tu revenir sur le modèle de N26 et nous faire un rapide bilan de la société jusqu’à aujourd’hui ?

Jérémie Rosselli : Notre credo repose sur la volonté de permettre aux clients de gérer leurs dépenses au quotidien comme ils le souhaitent, c’est-à-dire partout et à tout moment. Notre offre repose sur une application bancaire mobile, simple, sobre et qui est utilisée par plus d’un million de clients dans l’Hexagone. La performance est d’autant plus incroyable que nous sommes parvenus à ce résultat en seulement 2 ans et demi. N26, c’est aussi 3,5 millions de clients sur l’ensemble des 26 marchés sur lesquels nous sommes présents.

N26 application
© N26

Pour venir sur les fonctionnalités de notre application, les utilisateurs peuvent réaliser toutes leurs opérations financières dont ils ont besoin au quotidien – que ce soit des virements, des paiements et des prélèvements, mais également du crédit à la consommation. Ils peuvent aussi mettre leur argent de côté grâce à notre système de tirelires numériques.

C’est un peu comme si la personne avait une agence bancaire disponible 24h/24 et 7j/7 dans sa poche.

Maintenant, pour expliquer le succès des néo-banques et plus particulièrement N26, voici 3 raisons essentielles : tout d’abord, la simplicité. Aujourd’hui, grâce au digital, tout peut être fait du bout des doigts. Du simple fait de la création d’un compte, tu peux souscrire à N26 un dimanche après-midi depuis ton canapé. Deuxièmement, tout est instantané : en cas de paiement ou de retrait en distributeur, nos clients reçoivent une notification avant même de récupérer leur carte bancaire. Enfin, la compétitivité : en utilisant N26, nos clients permettent d’économiser des frais bancaires. Par exemple, nous n’avons pas de taux à l’échange, nos structures sont très simplifiées, de quoi apporter un service bien moins cher.

Presse-citron : En dépassant le million de clients, la France est devenue votre deuxième plus gros marché. À l’origine, vous ambitionniez 2 millions de clients fin 2019. Est-ce toujours d’actualité, et sinon, quels sont vos objectifs à plus long terme, que ce soit en France comme à l’international ?

J.R. : Effectivement, en France, nous avons dépassé le million de clients au mois d’août. Je ne pense pas que l’on pourra atteindre les deux millions avant la fin de l’année, mais cela sera juste une question de mois : l’année prochaine, nous passerons cette barre symbolique. Dans les prochaines années, on espère monter jusqu’à 5 millions de clients dans l’Hexagone. Notre rythme actuel se situe entre 2 000 et 3 000 nouveaux clients français par jour, mais il y a un vrai phénomène d’accélération. Au niveau monde, les ambitions ont été très claires : dépasser rapidement la barre des 50, puis des 100 millions de clients sur l’ensemble des marchés sur lesquels nous sommes.

N26 France croissance
© N26

Presse-citron : Justement, en parlant de clients, pourrais-tu nous donner son profil type ? N26 ne serait-elle pas en train d’évoluer d’une banque pour voyageurs vers une banque du quotidien ?

J.R. : À vrai dire, dès le départ, notre vocation était de devenir une banque du quotidien. Bien entendu, à l’origine, notre offre parlait surtout aux voyageurs du fait des avantages que nous pouvons proposer aux personnes qui sont à l’étranger. Mais ce que l’on peut voir, c’est que très vite ces clients finissent par utiliser N26 comme leur banque principale – ou du moins leur banque du quotidien. Si on regarde leur psychologie de dépense, c’est plus de 1 000 euros de paiements par mois, ce qui correspond à des dépenses du quotidien comme nous pourrions avoir toi et moi. En termes de tranche d’âge, 25 % de nos clients ont entre 18 et 25 ans, 37 % ont entre 25 et 35 ans, et 38 % ont plus de 35 ans.

Notre vocation était de devenir une banque du quotidien

N26 clients
© N26

Presse-citron : À ce sujet, N26 a été créé en 2013 avec une offre bancaire simplifiée. Est-ce que votre objectif aujourd’hui serait d’étoffer votre gamme de produits ? 

J.R. : Bien-sûr ! Déjà depuis notre arrivée en France il y a deux ans et demi, nous avons déjà lancé beaucoup de services dédiés. Si on parle sur la partie bancaire, typiquement, nous avons lancé notre proposition de crédits à la consommation en partenariat avec le français Younited Credit – et elle fonctionne extrêmement bien. On a vocation à continuer de développer les services que l’on propose à nos clients et plusieurs nouveaux services vont arriver dans le domaine de la finance – que ce soit dans le crédit ou dans l’épargne – lors des prochains mois.

Plusieurs nouveaux services vont arriver dans le domaine de la finance.

Presse-citron : Je me permets d’approfondir : il y a quelques jours, on a vu Orange Bank annoncer l’ouverture d’un nouveau service de contraction de crédit immobilier, est-ce que c’est une piste envisageable chez N26 ?

J.R. : Ce n’est pas une demande prioritaire de nos clients. Pour en discuter avec eux, ce qui les intéresse surtout concerne la façon dont nous pouvons leur faciliter la vie de tous les jours. Pour les crédits immobiliers, les clients en contractent un à deux dans leur vie : de notre côté nous cherchons davantage à étoffer nos services qui peuvent être utilisés quotidiennement. Ce n’est donc pas une priorité pour nous.

Presse-citron : On voit de plus en plus de néo-banques s’associer à d’autres fintech, pour devenir des marketplaces de services, telle que Lydia cette semaine. De votre côté, N26 a-t-elle l’intention de se développer en mettant en place des partenariats dans son écosystème ?

J.R. : Depuis le départ, N26 a signé des partenariats en Allemagne, que ce soit sur le crédit, sur l’épargne, l’investissement, mais également sur l’assurance. Néanmoins, à côté de ça, ce que l’on constate est que cela prend beaucoup de temps. Ça fait que nous sommes plutôt dans une stratégie de chercher à développer nos propres produits, en se basant sur nos ressources, et que nous pouvons proposer sur le maximum de marchés.

Nous sommes plutôt dans une stratégie de chercher à développer nos propres produits.

Il y a un juste équilibre à trouver entre les produits que nous développons nous-mêmes, et ceux pour lesquels nous travaillons avec des partenaires. Ce n’est pas ou l’un ou l’autre : nous essayons de faire les deux en fonction des besoins et des priorités de nos clients.

Presse-citron : N26 a réalisé une nouvelle levée de fonds en juillet 2019 de 170 millions de dollars. Cet argent frais est-il est principalement à destination de votre arrivée sur le marché américain ? Ou servira-t-il à consolider votre place en Europe ? Ou permettra-t-il de vous ouvrir à d’autres régions ?

J.R. : C’est un peu des trois. Pour faire simple, cette dernière levée de fonds – qui est d’ailleurs un prolongement avec la précédente – nous permet d’investir sur plusieurs points. À la fois, nous cherchons à nous développer à l’international, notamment aux États-Unis où nous venons d’arriver, mais également au Brésil où notre arrivée est en phase de préparation. Mais nos investissements se concentrent aussi en partie sur le développement de nos marchés existants, comme en France par exemple où nous continuons à accélérer de plus en plus.

Enfin, nous utiliserons également cet argent pour développer notre offre produit. Nous investissons massivement dans le recrutement des équipes produit et tech, car ce sera un élément clé de différenciation dans le futur. Par conséquent nous avons beaucoup de projets de produits en préparation. Et bien entendu, une partie de nos investissements sont décernés à l’amélioration de notre service, en recrutant beaucoup de collaborateurs dans les fonctions de support client, et pour améliorer la qualité générale de l’expérience auprès de nos utilisateurs.

Presse-citron : Quand on est une startup qui croît de façon aussi exponentielle que N26, comment fait-on pour maintenir un service irréprochable, en matière de sécurité – en particulier dans un domaine aussi critique que les services financiers ?

J.R. : Il est vrai que ce sont des choses que l’on détaille moins, mais forcément, nous avons des équipes dédiées en interne, et nous continuons à beaucoup recruter dans ce domaine. Nous faisons aussi appel à des éditeurs externes, et nous avons même mis en place des outils dans ce qu’il se fait de mieux pour survenir à ces besoins.

Presse-citron : Effectivement, mais plus précisément, quand l’on voit le nombre de créations de comptes qui se réalisent aujourd’hui au quotidien ne serait-ce qu’en France, comment faites-vous de votre côté pour vérifier les identités de chacun ?

J.R. : Ce sont des obligations réglementaires. Aujourd’hui nous passons beaucoup de temps et nous utilisons beaucoup de ressources pour s’assurer de l’identité des clients au moment de la souscription. C’est nécessaire, la réglementation est très précise. Mais ça ne s’arrête pas à ça : c’est-à-dire que même une fois que nos clients ont ouvert leur compte, nous possédons beaucoup de monitoring de notre côté, notamment sur les transactions, pour nous assurer de la protection des fonds de nos clients. D’ailleurs, l’expérience nous montre qu’il n’y a pas plus de fraudes dans des vérifications physiques que dans des vérifications en ligne.

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4 commentaires
4 commentaires
  1. J’ai essaye et je ne comprends pas l’engouement pour cette banque. Le produit est basique, l’application est bien mais rien de bien fou par rapport aux banques traditionnelles.
    Par ailleurs, les “clients” se valent ils tous chez N26 entre les detenteurs du compte Black et ceux qui ouvrent un compte et l’utlisent une fois tous les 36 du mois comme moi?

    1. Bonjour Monsieur Rosselli ,

      Je suis Mme KHANZY BENKIA Wafaâ,Docteur en Pharmacie et diplômée de L’ESSEC

      Cela va maintenant faire deux mois que N26 a bloqué mon compte du jour au lendemain sans aucun préavis alors que le solde de mon compte présentait 174.000€ ET QUE JE SUIS À L’ÉTRANGER !, C’est alors que j’ai constaté que N26 m’avait demandé de justifier quelques opérations que j’ai immédiatement justifiées PLUSIEURS fois par mail sans jamais avoir de retour de leur part. Je n’ai toujours pas de traces de mes 174.000€ et je n’ai toujours pas de retour de la part de N26 , je tiens à rappeler que je suis docteur en pharmacie, que je travaille depuis plus de 20 ans et que tous mes fonds sont legaux.

      J’aimerais que mon argent me soit restitué sans AUCUN DÉLAIS . Je vous tiens comme responsable de ce problème en tant que directeur de la filiale FRANCE de la neobanque N26 ,
      Quand on a une responsabilité comme l’indique votre titre , on se doit de l’assumer donc on résout les problèmes efficacement et sans délai . Je compte sur vous Monsieur ROSSELLI car pour ma part je n en dort plus la nuit .

      J’ATTENDS QUE VOUS ME RENDIEZ MON ARGENT Mr ROSSELLI DE N26

      MES COORDONNÉES SONT

      MME KHANZY BENKIA Wafaa
      tel 06 19 88 66 44

  2. Complètement d’accord, N26 était bien un moment mais leurs changements tarifaires pour des offres “Premium” plus que limitées m’ont définitivement fait basculer chez Revolut dont l’app est bien plus agréable à utiliser.

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