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Mini-réacteur nucléaire : qu’est-ce que c’est et pourquoi la France veut en construire ?

Le Président de la République devrait annoncer dans le courant de la journée de nouveaux financements pour développer des mini-réacteurs nucléaires ou SMR. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce nouveau type de centrale et pourquoi elles représentent un enjeu majeur.

Le soutien de la France au développement des mini-réacteurs nucléaires, aussi appelés “small modular reactors” ou SMR n’est pas nouveau. Après tout le pays est déjà l’un des plus nucléarisés au monde, avec une part de 70% dans le mix énergétique – la conséquence de choix stratégiques pris dans les années 1960. Et une première enveloppe de 50 millions d’euros avait déjà été allouée au développement des SMR en décembre 2020. Or, le Président Emmanuel Macron semble décidé à inclure le développement des SMR au plan de relance France 2030, doté d’une enveloppe de 30 milliards d’euros.

Pour le chef de l’Etat, il faut en effet absolument que le pays reste dans la “compétition mondiale” sur le sujet. La société EDF, en partenariat avec TechnicAtome, Naval Group et le CEA sont à la manoeuvre pour développer ce nouveau type de réacteurs – un projet baptisé Nuwad. Or la France n’est ni seule, ni en pointe sur le sujet puisqu’on trouve au moins 72 autres initiatives similaires en cours de développement dans le monde.

Qu’est-ce qu’un mini-réacteur nucléaire, ou SMR ?

Les mini-réacteurs nucléaires sont un nouveau type de réacteurs censé à la fois réduire les risques d’accidents et produire de l’énergie au plus près de la demande. La technologie est la même que dans des réacteurs de type EPR, mais tout y sera miniaturisé, et la quantité de combustible nécessaire est une fraction de ce qui est requis dans un réacteur classique. De sorte qu’en cas de problème, la quantité de matières dangereuses pouvant échapper du confinement de la centrale est beaucoup moins importante.

Il y a aussi la question du refroidissement passif. Ces réacteurs très petits sont plongés dans une piscine assez grande, permettant d’assurer un refroidissement des matières fissiles pendant plusieurs jours sans intervention humaine en cas d’accident. De quoi éviter un réchauffement excessif en cas de panne des pompes faisant habituellement circuler l’eau pour refroidir le réacteur comme ce qui s’est passé dans plusieurs unités de Fukushima Daiich en 2011.

Mini-réacteurs nucléaires : de quelle puissance parle-t-on ?

Parmi les projets en cours de développement dans le monde, on voit se dégager trois types de SMR répondant à des besoins précis. Il y a, d’abord, tout en bas de l’échelle, des microréacteurs de seulement quelques mégawatts. Ces derniers répondent à une demande du secteur militaire et de l’exploration spatiale. La catégorie au-dessus comporte des réacteurs entre 50 et 200 MW, qui permettent de répondre au besoins énergétiques de zones industrielles ou de ports.

Enfin, des mini-réacteurs plus puissants, entre 200 et 500 MW sont à l’étude. Ils pourraient bénéficier à des pays dans lesquels l’infrastructure électrique est insuffisante, pour produire de l’énergie au plus près des besoins. En France, le projet Nuwad vise à construire une centrale dans la dernière tranche la plus puissante, d’une puissance totale de 340 MW répartie dans deux réacteurs de 170 MW. Renaud Crassous, responsable de Nuwad cité par les Echos explique : “cela permettra à EDF d’avoir une corde de plus à son arc pour remplacer des centrales à charbon, par exemple“.

Quel est le coût d’un mini-réacteur nucléaire ?

Actuellement, une centrale nucléaire classique coûte autour de 10 milliards d’euros à construire. A terme, une centrale SMR ne coûtera, selon ses promoteurs, que 1 milliard d’euros, soit dix fois moins cher. Des étapes doivent néanmoins, avant cela, être franchies. Pour l’heure, on ne parle en effet que de prototypes. Nuwad vise ainsi à standardiser ce type de réacteurs, et à industrialiser leur production pour faire baisser les coûts de ces mini-centrales SMR.

On imagine également qu’en raison de leur taille réduite, les coûts de démantèlement seront également une fraction de ceux constaté lors du démantèlement de centrales nucléaires classiques.

A quel horizon la France peut-elle espérer profiter des retombées de son choix stratégique ?

Des experts cités par Les Echos estiment que le marché des mini-réacteurs SMR ne se développera qu’à partir de 2035. La France ne serait du reste pas si bien positionnée que cela pour y exister. En effet, la France produit déjà beaucoup d’énergie décarbonée. Le développement de ce type de technologie sera vraisemblablement plus rapide dans les pays qui accusent plus de retard, car cela leur permettra d’atteindre plus facilement leurs objectifs de transition énergétique.

La France garde néanmoins une certaine expertise sur le nucléaire, et compte dans ses rangs de nombreux experts et spécialistes de la question, avec une certaine histoire d’innovation comme avec le réacteur Super Phénix ou avec la génération de réacteurs EPR. Ce qui pourrait tout de même favoriser le développement de la technologie dans l’hexagone.

Investir dans les mini-réacteurs ne risque-t-il pas de susciter une vive opposition en France ?

Dernièrement l’énergie nucléaire attisait plutôt des levées de bouclier. Il y a 10 ans, un terrible séisme suivi d’un tsunami a dévasté la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi provoquant l’un des accidents nucléaires les plus graves de l’histoire. Le pays essuie aujourd’hui encore les conséquences de cet accident – et doit composer en permanence avec de forts rejets radioactifs dans la zone de Fukushima.

Lire aussi – Localiser les sites nucléaires avec son mobile : il y a une application pour ça

Suite à ce drame, en plein débat sur le climat, il a été décidé de réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique français. Cette part devait baisser à 50% d’ici 2035. Or, les récentes enquêtes d’opinion montrent que si les Français sont opposés à la construction de nouvelles centrales, ils ne sont pas nécessairement pour la fermeture des centrales actuelles. Un signe timide que des vents plus favorables commencent de nouveau à souffler sur une industrie du nucléaire qui reste encore sinistrée.

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5 commentaires
5 commentaires
  1. Pour information les réacteurs EPR sont bien à fission. La fusion n’est exploitée seulement sur des projetS comme ITER (pour la recherche)

  2. Les SMR n’ont rien d’un “enjeu majeur” puisqu’on ne prévoit pas leur commercialisation en masse avant 2040. C’est-à-dire beaucoup trop tard vue l’urgence énergétique…

  3. vu* l’urgence climatique, ITER ne produira de toute façon aucun résultat avant 2045 et sa suite, DEMO, pour la pratique, ITER n’étant que la théorie de DEMO.

    L’article a cinq fautes, une de moins que celui sur la Lune, pour un autre enjeu fondamental, l’énergie.

    Pourquoi ne pas utiliser un correcteur d’orthographe, ni vous relire ?

    AuX besoins, un autre accord pluriel basique, le premier Daichi dès le premier paragraphe, écrit Daiich, donne le ton.

    C’est un bon article, professionnel, sauf que citer les Échos, qui, eux, ont des correcteurs d’orthographe pros, vu leur absence de fautes, c’est amusant.

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