On pourrait dire qu’elle est sortie de Terre, ce qui n’est pas totalement faux non plus, mais nous nous contenterons de dire qu’elle est sortie de laboratoire. L’ADN du mammouth vient de permettre à une startup australienne de reproduire pour la première fois de la viande du mammifère vieux de 4000 ans minimum.
Sous la forme de boulette, celle-ci est le fruit d’un travail de synthèse déjà bien populaire dans le monde. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 75 entreprises innovantes travaillaient sur la production de viande artificielle, cultivée en laboratoire selon ses derniers chiffres de novembre 2021.
Comme toute autre viande de synthèse et alimentation alternative, la startup Vow et son laboratoire ont produit ces boulettes de viande de mammouth dans le but de lutter contre le dérèglement climatique en grande partie causé par l’élevage intensif et ses émissions de méthane. “Nous avons choisi cette viande disparue pour faire parler les gens”, déclarait le fondateur de Vow Tim Noakesmith à CNBC.
Goûter les boulettes, et les commercialiser
Pour le moment, personne n’a encore goûté à la première boulette de viande de mammouth produite. Celle-ci sera exposée dans un musée consacré aux sciences aux Pays-Bas, là où elle vient d’ailleurs d’être présentée officiellement en cette fin mars. Mais il n’est qu’une question de temps avant qu’elle termine dans votre assiette…
Vow compte bien pouvoir vous faire goûter ses boulettes de mammouth, et les commercialiser.
“Nous voudrions le soumettre à des tests très rigoureux, comme nous le faisons avec tout produit que nous voulons commercialiser. Et dans ce but, nous voulions le présenter au monde plus rapidement et pas nécessairement le mettre immédiatement sur le marché”, a dit le fondateur de la startup.
Vow s’attend, outre l’effet d’annonce, que sa viande de mammouth de synthèse puisse offrir des saveurs nouvelles et plus populaires encore que les viandes que nous avons l’habitude de manger. La startup table aussi sur “un meilleur profil nutritionnel”, sans toutefois s’avancer dessus avec de premiers éléments de réponse chiffrés.
Pour produire sa viande, reconstituer quelque chose que l’humain n’a pas vu depuis plus 4000 ans, comment les équipes de Vow se sont-ils débrouillés ? Pour répondre à cette question, il faut se pencher sur le processus de culture de viande en laboratoire, comme le reste des autres acteurs du marché réalisent aussi.
Comment créer de la viande de mammouth ?
D’abord, il nous faudra obligatoirement des cellules d’un être vivant. En l’occurence, le laboratoire a récupéré des cellules de mouton pour pouvoir commencer son processus qui fera naître de la viande de mammouth. Les gênes de l’ancêtre de l’éléphant ont été prélevés sur des ossements et des poils de l’animal, que l’on retrouve notamment dans le “pergélisol” dans les régions froides de l’hémisphère nord du globe.
Les gênes sont ensuite incisés dans les cellules de mouton et le tout est plongé dans des nutriments pour que le tout puisse se développer selon les bonnes informations de la séquence génétique en question. Pour pouvoir avoir le tout en quantité, les gênes du mammouth sont “surexprimés”. Pour le FAO, “la nouvelle technologie présente une alternative potentielle : la production d’animaux terrestres et aquatiques sans nécessiter d’élevage et d’abattage à grande échelle.”
La viande cultivée est un protocole qui au niveau législatif est loin d’être encore autorisé partout comparé à la viande de substitution d’origine végétale. Mi 2022, seulement deux pays en avaient donné leur feu vert pour une commercialisation : Israël et Singapour. L’Union européenne vient à peine de débuter les discussions à son sujet, les Etats-Unis pourraient s’avérer en avance sur le dossier.
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