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TikTok peut-il être interdit en Europe ?

C’est l’une des applications les plus utilisées au monde mais c’est aussi l’une qui suscite le plus de craintes de la part des autorités. Alors que l’Europe impose de nouvelles règles aux géants du numérique, le réseau social TikTok peut-il y être interdit ?

Personne n’a pu passer à côté du phénomène TikTok. L’application de vidéos courtes, d’abord plébiscitée par les plus jeunes, a fini par conquérir toutes les tranches d’âge. TikTok, c’est 3,5 milliards de téléchargements dans le monde (au premier trimestre 2022), plus de 1,5 milliards d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde (15 millions en France), 7 millions d’utilisateurs quotidiens. En 2021, TikTok enregistrait un CA de 58 milliards de dollars.

Et pour être actifs, les utilisateurs sont actifs. En 2022, le temps moyen passé sur l’application était de 95 minutes par jour par utilisateur. C’est quatre fois plus que Snapchat, trois fois plus que Twitter et deux fois plus que Facebook et Instagram. Plus significatif encore, les enfants de 4 à 15 ans sont restés environ 75 minutes par jour sur TikTok (87 minutes pour les jeunes américains). Voilà pour le côté pile.

TikTok sur la sellette aux Etats-Unis

Côté face, l’application du géant chinois ByteDance interroge, notamment sur la collecte et l’utilisation des données, mais aussi sur les méthodes de modération, notamment auprès des jeunes utilisateurs.

Aux Etats-Unis, les politiques se sont emparés du dossier. Les élus conservateurs accusent TikTok d’être un outil d’espionnage ou de propagande au service de Pékin. Pas encore interdite sur tout le territoire, une loi vient tout de même d’interdire son installation sur les appareils des fonctionnaires. Une mesure forte qui pourrait donner suite à une interdiction généralisée de l’application sur le territoire américain.

Qualifié de « fentanyl numérique » (le fentanyl est une drogue à propriété analgésique opioïde vendue comme un substitut à l’héroïne en Asie) par le député républicain Mike Gallagher, TikTok est accusé d’être un service « très addictif et destructeur » qui démontre l’impact « dévastateur de l’utilisation constante des réseaux sociaux, en particulier sur les jeunes hommes et femmes américains ». Sur la question de l’espionnage, il explique à NBC News :

Nous devons nous demander si nous voulons que le Pari communiste chinois (PCC) contrôle ce qui est sur le point de devenir le groupe de médias le plus puissant des Etats-Unis.

Un porte-parole de TikTok a démenti ces accusations, assurant que le PCC « n’a de contrôle ni direct ni indirect sur ByteDance ou TikTok ». Pourtant, il est de notoriété publique que les grandes entreprises chinoises comptent au moins un membre du PCC dans leur conseil d’administration. En août 2021, l’Etat chinois a pris une participation dans la branche chinoise de ByteDance et y a pris un siège au conseil d’administration, ce qui soulève des interrogation quant à l’influence que Pékin envisage d’exercer.

Aux Etats-Unis, TikTok a donc tenté de désamorcer la bombe. Alors qu’un accord semblait trouvé, les négociations sont à ce jour au point mort.

En Europe, TikTok dans l’oeil du cyclone

En Europe, les règles se durcissent pour les géants du numérique avec la mise en application du Digital Market Act et du Digital Services Act. Le nouveau règlement européen vise notamment à protéger davantage les données des utilisateurs et à renforcer la modération sur les réseaux sociaux. Justement les deux volets sur lesquels TikTok est inquiété Outre-Atlantique.

Shou Zi Chew, patron de TikTok, a donc pris les devants et demandé à s’entretenir avec Margrethe Vestager, commissaire à la Concurrence, Vera Jourova, chargée des valeurs et de la transparence et Didier Reynders, commissaire à la Justice. Au menu des discussions « la protection des données personnelles, la sécurité des mineurs, la transparence sur les contenus politiques rémunérés et la diffusion sur TikTok de la désinformation russe » a indiqué Vera Jourova à l’AFP. Elle invite d’ailleurs l’entreprise chinoise à « faire un effort supplémentaire (…) pour regagner la confiance des régulateurs européens ». Et d’ajouter :

Il ne peut y avoir aucun doute sur la sécurité des données des utilisateurs européens, le fait qu’elles ne soient pas exposés à un accès illégal d’autorités de pays tiers.

En Europe, ByteDance fait l’objet d’une enquête de l’autorité irlandaise de protection de la vie privée qui soupçonne l’entreprise d’enfreindre la législation européenne sur la protection des données (RGPD) en matière de traitement des données personnelles des enfants et de transferts de données vers la Chine.

Enfin, sur le volet de la modération, le commissaire à la Justice Didier Reynders a souligné « les engagements de TikTok pour contrer les discours haineux et garantir la protection de tous les usagers, y compris les enfants » notamment grâce à des « investissements du groupe dans les pratiques de modération  visant à restreindre l’impact des contenus toxiques ».

Reste que malgré ses engagements, ByteDance traine toujours quelques casseroles. Le mois dernier, l’entreprise a reconnu que certains de ses employés avaient accédé à des données d’utilisateurs TikTok pour suivre des journalistes et identifier les origines de fuites dans les médias. Une erreur selon Shou Zi Chew qui a assuré que les employés en question avaient été licenciés.

Une erreur qui, si elle se reproduisait, pourrait coûter cher à l’entreprise. Car les nouvelles règles européennes sont claires : toute entreprise ne respectant pas le DMA et le DSA encourent des amendes pouvant atteindre 6% du chiffre d’affaires mondial. En cas de récidive, l’Europe se donne le droit d’aller jusqu’à interdire le service sur son territoire.

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Par : TikTok Pte. Ltd.
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