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USA : comment la campagne présidentielle s’est digitalisée à marche forcée 

Levées de fonds sur Zoom, vote par internet, meetings virtuels, ce qui semblait impossible hier est désormais monnaie courante, pour le meilleur et parfois pour le pire.

Toute la fine fleur de la Silicon Valley est présente, mais cette fois il n’y aura ni petits fours, ni champagne au menu. Joe Biden, le candidat démocrate à la présidentielle, a récemment organisé une levée de fonds en utilisant la plateforme de vidéoconférence Zoom. En quelques minutes seulement, l’ancien vice-président a ainsi récolté 4 millions de dollars auprès de ses généreux et très riches donateurs. On retrouvait ainsi, Nicole Systrom, l’épouse de Kevin Systrom, le fondateur d’Instagram, ou encore le co-fondateur de Nest, Matt Rogers.

Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres qui montre comment la pandémie de coronavirus a bousculé les habitudes et la manière de faire campagne. Depuis mars dernier, Joe Biden a déjà opéré plus de 20 collectes de fonds virtuelles. Toutes sont pour lui l’occasion de déclamer son programme et de jouer de son pouvoir de séduction pour convaincre de ses capacités de leader. Comme c’est le cas lors des événements réels, participer à ce type de rendez-vous n’est pas à la portée de tous puisqu’il faut débourser 100 000 dollars pour avoir l’opportunité d’échanger directement avec le candidat.

Des meetings virtuels qui tournent au calvaire

L’ancien sénateur n’oublie pas non plus de s’adresser au grand public depuis sa maison du Delaware où il s’est longtemps confiné. Cette dernière est parfaitement équipée et lui a permis d’y tenir des événements virtuels censés galvaniser les foules. À en juger par les retours, ceux-ci se sont avérés plutôt compliqués. Ce que l’on qualifie de meetings s’apparente en réalité à des émissions en direct où l’adversaire de Donald Trump a choisi de deviser sur des thèmes qui lui tenaient à cœur.

Sans la mise en scène traditionnelle, les ballons, le public qui applaudit et met l’ambiance, il semble toutefois assez difficile de se prendre au jeu. Divers problèmes techniques sont également apparus, et des intervenants ont par exemple loupé le début de leurs interventions, tandis que d’autres ne semblaient pas prendre l’exercice très au sérieux.

Pire, quand un participant semble enfin emporté dans son élan, un écart entre le son et l’image enlève totalement l’effet démonstratif. Des remarques malvenues prononcées hors micro ont aussi été entendues par tout le public. Visiblement peu concentré, Joe Biden se permet même une déclaration très maladroite lors d’un échange avec un électeur noir qui lui pose depuis bien des problèmes. L’ensemble de ces ratés fait dire à un éditorialiste de The Atlantic que la campagne virtuelle de Joe Biden « est un désastre ».

Quand le vote par Internet se banalise

Ce dernier apparaît comme totalement abattu en face de son écran alors qu’il vient enfin de décrocher l’investiture présidentielle de son parti, tandis que son rival Donald Trump continue de donner des conférences de presse bien réelles et se comporte en “commander in chief”.

Le président américain est d’ailleurs, sans qu’il en soit directement responsable, l’objet d’une expérimentation grandeur nature du vote par Internet via la Blockchain. Le 9 mai dernier, afin d’éviter un vote physique, 1100 délégués du parti républicain ont en effet utilisé l’application de la startup Voatz lors de la primaire d’Arizona.

L’opération s’est bien déroulée selon le co-fondateur et PDG de l’entreprise Nimit Sawhney : « C’est un moment critique pour notre démocratie, et nous devons nous assurer que nous avons des alternatives sûres au vote physique. Voatz est fier de pouvoir répondre à ce besoin et d’assurer la sécurité et la santé de ses électeurs. » Les responsables du parti estiment de leur côté que l’outil utilisé apporte des garanties de sécurité et présente l’avantage d’une confirmation immédiate du vote.

Des chercheurs du MIT ne sont pas du même avis. Dans une étude publiée en février dernier, ils notaient que l’application Voatz utilisée dans le cadre des élections de mi-mandat en Virginie-Occidentale comprenait des failles de sécurité. Des pirates auraient ainsi la possibilité de modifier un vote, d’empêcher une personne de voter, ou d’enregistrer son choix.

La digitalisation de la vie démocratique n’est donc pas sans risque et soulève des interrogations qui méritent d’être débattues. Il reste à voir si ces pratiques nées d’une situation d’urgence sont amenés à perdurer ou si elles resteront exceptionnelles. Lorsqu’ils le peuvent en effet, les candidats ont tendance à préférer rencontrer leur public en chair et en os. Joe Biden est d’ailleurs parvenu à faire en partie oublier ses prestations virtuelles calamiteuses lors d’une rencontre avec des représentants de la communauté noire de Los Angeles.

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