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Vrai ou faux : envoyer moins d’emails est bon pour la planète

Envoyer moins d’emails permet-il vraiment de réduire les émissions de CO2 ? Si la réponse est « oui » dans l’inconscient collectif, ce n’est pas aussi simple. Explications.

Tous les médias ont repris cette théorie un jour : envoyer moins d’emails serait bénéfique pour la planète. Selon l’organisation Carbon Literacy Project, un e-mail standard génère environ 4 g de CO2, une newsletter 10 g de CO2 et jusqu’à 50 g pour un email avec une pièce jointe volumineuse. Par exemple, envoyer une photo de 1 Mo à dix personnes équivaut à parcourir 500 mètres en voiture nous explique le CLP.

Chaque année les 281 milliards d’emails échangés dans le monde génèrent 410 millions de tonnes de CO2, soit deux fois moins que les voyages en avion. Les spams, à eux seuls émettent autant de CO2 que 3,1 millions de voitures. Voilà pour les chiffres.

Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’agence de la transition écologique (Ademe), confirme que les emails polluent. Il explique à TF1info:

Un mail part de votre ordinateur et va devoir quitter votre pièce. La première étape consiste donc à aller jusqu’à la box qui consomme de l’énergie, l’équivalent d’un gros réfrigérateur par an. Deuxième étape, le mail se rend sur le serveur de votre fournisseur d’accès. Troisième étape, il passe de votre fournisseur d’accès au fournisseur d’accès de votre correspondant tout en faisant, selon une estimation, la moitié du tour de la Terre pour y arriver même s’il revient à côté de chez vous.

Il convient d’abord de rectifier les propos tenus par le directeur général de l’Ademe. La box internet ne consomme pas autant qu’un réfrigérateur sur l’année. Pour le vérifier, il suffit de consulter les chiffres de RTE qui estime consommation moyenne annuelle d’un réfrigérateur à 310 kWh avec des variations allant de 119 kWh à 473 kWh selon la classe énergétique de l’appareil.

Sur son site internet, l’Ademe elle même estime la consommation annuelle d’un réfrigérateur à une porte (allumé 24 heures sur 24) à 174 kWh. Ce chiffre monte à 346 kWh par an pour un réfrigérateur combiné. Dans la même étude, l’Ademe estime la consommation annuelle moyenne d’une box internet à 97 kWh, soit quasiment deux fois moins qu’un réfrigérateur. Chez RTE, on estime qu’une box internet consomme entre 6 et 17 Wh (la Livebox 5, modèle le plus répandu consomme 6,9 Wh) ce qui correspond à 60 kWh de consommation annuelle en considérant qu’elle reste allumée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. C’est donc cinq fois moins qu’un réfrigérateur.

Envoyer moins d’emails : « symbolique mais inefficace »

Puisqu’envoyer un email pollue, en envoyer moins a forcément un impact positif sur la planète. En théorie, oui. La ministre de la Transition énergétique l’assure elle-même. En pratique, c’est beaucoup plus compliqué que cela.

Dans un article publié sur The Conversation (publications universitaires), trois universitaires (Luciano Rodrigues Viana, doctorant en sciences de l’environnement à l’Université du Québec, Jean-François Boucher, professeur en Eco-consulting à l’Université du Québec, et Mohamed Cheriet, professeur au département ingénierie de l’Ecole de Technologie Supérieure) expliquent qu’envoyer moins d’emails est « symbolique mais inefficace ».

Pour étayer leurs propos, ils expliquent que la plupart des chiffres annoncés dans les médias sont tirés d’un livre de Mike Berners-Lee (frère de Tim Berners-Lee, inventeur d’internet) intitulé How Bad Are Bananas ? The Carbon Footprint of Everything, publié en 2010. Pourtant, l’auteur du livre a lui-même expliqué au Financial Times en 2020 que ses estimations étaient surtout là pour éveiller les consciences mais qu’il était essentiel de se concentrer sur des questions plus importantes liées aux nouvelles technologies de l’information.

Mais alors, pourquoi envoyer moins d’emails serait inefficace ? D’abord parce que cette pratique ne compte que pour 1% du trafic internet. « À titre de comparaison, les services de vidéo représentent environ 82% du trafic internet » écrivent-ils.

Ils expliquent également que 85% du flux d’emails sont en fait des spams. Envoyer moins d’emails individuels toucherait donc 25% du flux d’emails. Par ailleurs, que l’on envoie ou non un email, les systèmes de stockage et de transmission de données numériques fonctionnent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Si vous n’envoyez pas d’email, ces infrastructures continuent de consommer quasiment la même quantité d’énergie.

Enfin, personne n’allume son ordinateur juste pour envoyer un email. La consommation énergétique de la machine sur laquelle on écrit n’entre donc pas en ligne de compte.

Acheter moins d’appareils électroniques

En réalité, « l’empreinte carbone des emails est principalement associé à la fabrication des appareils électroniques qui sont utilisés pour les écrire et les lire (entre 70 et 90%) ». Les trois chercheurs concluent :

La meilleure manière de réduire l’empreinte carbone des emails consiste à allonger la durée de vie des appareils électroniques et à utiliser ceux moins gourmands en électricité.

Plutôt que d’envoyer moins d’emails, les chercheurs conseillent plutôt d’acheter moins souvent de nouveaux appareils électroniques et de tout faire pour prolonger leur durée de vie. Cette démarche doit s’inscrire dans un projet plus global incluant des transformations de nos habitudes en matière d’alimentation, de transport ou encore de chauffage.

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Par : Opera
4 commentaires
4 commentaires
  1. Parler aussi c est mauvais pour la planete.
    Dis moi quelque chose pour vous qui est bon pour la planete.
    C est la mode maintenant l environnement ?!!!
    Si c est mauvais alors arreter de fabriquer des smartphones et des ordis et on verra

  2. @ZA @REPCO, je vous invite à lire l’article “t’es écolo mais t’as un iPhone” du très bon média BonPote.
    En critiquant le fait de publier l’article, vous déplacez complètement le débat qui perd tout son sens. L’information véhiculée par un article a probablement plus d’impact que son “coût” environnemental

  3. @ZA @REPCO L’article dit simplement qu’envoyer moins de courriels ne réduire pas les impacts liés à la numérisation de notre quotidien et que les solutions sont ailleurs.

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