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Alexandre Boucherot, CEO d’Ulule : “en matière de financement participatif, internet est d’avantage perçu comme un espace d’opportunités que comme un risque”

Ulule, leader européen du crowdfunding fondé sur la contrepartie, lance une consultation afin d’imaginer un nouveau service, Ulule entreprises, où il serait possible d’investir et donc de prendre une participation dans l’entreprise. Interview.

Afin de répondre au mieux aux attentes à la fois des porteurs de projets, que des éventuels investisseurs, Ulule souhaite donc entamer une discussion, avec les entrepreneurs, les « makers » et évidemment aux observateurs et à toutes les personnes intéressées par cette nouvelle démarche.

Mais pour mieux comprendre ce choix, assez loin du métier initial d’Ulule, j’ai souhaité poser quelques questions au co-fondateur et CEO d’Ulule, Alexandre Boucherot.

Cette initiative montre tout d’abord votre confiance dans une évolution favorable de la réglementation. Que faut-il pour que le business-model d’une plateforme de financement participatif en capital soit viable en France ?

Nous n’en sommes qu’au début de notre réflexion, et même si Arnaud Burgot (Directeur administratif et financier d’Ulule) suit de près l’actualité de la réglementation sur ces sujets, nous partons surtout du constat suivant : le gouvernement souhaite bouger les lignes, et sans entrer dans les “détails” de la réglementation actuelle et de ce qui pourrait bouger, cela montre qu’Internet est d’avantage perçu comme un espace d’opportunités que comme un risque. C’est en soi une excellente nouvelle. Pour ce qui est du business model d’une telle plateforme, très simplement : si la valeur ajoutée pour chaque partie prenante est au rendez-vous, nous n’avons pas d’inquiétude sur la possibilité de monétiser un tel service.

Pourquoi Le choix d’une consultation ?

Assez naturellement, parce que nous avons eu beaucoup de demandes informelles sur le sujet (depuis les tout débuts d’Ulule !), et qu’il nous a semblé souhaitable de formaliser une consultation avant d’aller plus loin, pour éviter toute confusion et anticiper le meilleur service possible mais aussi la meilleure articulation avec ce qui existe déjà sur Ulule.

Ce nouveau positionnement vient-il d’une demande des porteurs de projets ou de votre communauté de contributeurs, qui souhaitaient montrer leur confiance d’une autre façon ?

Ce n’est pas tant un nouveau positionnement qu’un nouveau service possible – qui d’ailleurs se fera peut-être, si il se fait, sur un autre domaine qu’Ulule – toutes les options sont ouvertes. Et en effet la question nous a été posée par des porteurs de projets et par des contributeurs, mais de façon ponctuelle. Il faut bien noter qu’il n’y a aucune défiance pour le système actuel défendu par Ulule (bien au contraire, nous recevons de plus en plus de projets et constatons une très forte augmentation de tous nos indicateurs !). Mais en effet, certains utilisateurs aimeraient aller plus loin. Toute notre démarche consiste donc à envisager ces nouveaux services, mais sans casser la dynamique sur le système actuel.

C’est une toute nouvelle façon d’aborder le financement d’un projet, où les enjeux et les moteurs ne sont pas les mêmes. Comment envisagez-vous la cohabitation avec le modèle basé sur la contrepartie ?

Nous avons quelques idées là-dessus… mais nous voulons justement les confronter aux suggestions de nos utilisateurs. L’une des principales questions est d’ailleurs celle de la cohabitation : faut-il faire cohabiter les deux services, ou justement les séparer de façon hermétique ? La question est à la fois fonctionnelle, réglementaire, mais aussi “symbolique” et tient pour beaucoup à la perception et à la compréhension par les internautes des différentes possibilités et des grandes catégories du crowdfunding (cf. http://chouette.ulule.com/post/44532709418/les-4-grandes-familles-du-crowdfunding-petit-guide-a)

Au-delà, une question liée à cette économie du partage émergente : l’apport financier est-il toujours nécessaire, Pourquoi ne pas envisager la possibilité de proposer des compétences ou du temps… Quels sont les freins à la mise en place de ce type de modèle sur le web ?

C’est quelque chose que nous voulons faire depuis très longtemps ! Nous l’avons d’ailleurs annoncé… mais nous n’avons pas encore eu le temps de développer les fonctionnalités avancées qui permettraient de faire mieux que ce qui se fait déjà de façon informelle sur notre site : car oui, nous avons de nombreux retours de porteurs de projets qui nous expliquent avoir reçu bien plus que du financement sur Ulule (compétences, prêt de matériel ou de lieu, communication…). La difficulté, côté plateforme, c’est de modéliser ces interactions sans les limiter : nous y travaillons… Il y a déjà beaucoup d’interactions extra-financières sur Ulule !

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9 commentaires
9 commentaires
  1. Dans tous les cas, ce concept est génial. C’est incroyable de voir aux USA des projets qui recoltent des millions d’Euros, tout simplement parce qu’ils le méritent ! Je pense par exemple à ce stylo 3D sur KickStarter qui en est déjà à 2M de $. Cela pousse à innover et créer de nouveaux objets/services, c’est excellent !

  2. Ca a l’air excellent ce site je ne connaissais pas ! Je vais y faire un tour de suite en mode observateur. Merci pour la découverte 🙂

  3. Le financement participatif est tout simplement extra-ordinaire, même si certains ont floués certains projets et certaines personnes, ce principe reste vieux comme le monde mais révolutionnaire !

    A tester d’urgence !

  4. Le dernier point soulevé est intéressant, car le crowdsourcing (l’apport “humain”) est trop souvent balayé par le crowdfunding (purement financier). Reste qu’une transaction financière est à ce jour le meilleur moyen (disons le plus sûr) de valider une transaction. Comment en effet engager contractuellement et simplement sur Internet une “obligation de faire” non pécuniaire ?

  5. Piste de réflexion intéressante en effet, mais il existe déjà des plateformes spécialisées dans le domaine de “l’equity crowdfunding”, et l’analyse d’entreprise ne s’improvise pas. Des connaissances financières poussées sont nécessaires afin de proposer aux internautes des projets de qualité.
    Chacun peut soutenir financièrement un projet, mais lorsqu’il s’agit de plusieurs milliers d’euros et que l’on en attend une rentabilité, on réfléchi autrement. Sachez que ce modèle d’investissement n’en est qu’à ses débuts, d’autant plus que les performances financières attendues sont bien supérieures à celles du livret A […]

  6. Rdv le 30 mai 2013 à 18h30 à la librairie Kléber de Strasbourg pour une conférence-débat sur le crowdfunding. Animée par des experts de la finance participative Sébastien Bik et Michel Ivanovky, cette rencontre permettra à tous les porteurs de projets de comprendre comment réussir une campagne. Inscrivez-vous : http://on.fb.me/12uX0wt

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