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Des milliers de Français ont investi dans la startup Bricks, mais les autorités ont dit non

La startup qui a levé des millions d’euros “en 5 secondes” est épinglée par les autorités. Bricks, à Montpellier, vient d’annoncer le montant corrigé de sa levée de fonds.

La startup qui compte révolutionner l’investissement immobilier, à partir de 10 euros, ne pourra pas profiter des 20 millions d’euros levés en avril dernier. L’AMF, le gendarme des marchés financiers français, a été surpris de l’envolée du financement participatif qui avait conduit Bricks.co à trouver 5 millions d’euros dans un temps record de seulement 5 secondes.

Une communauté de 50 000 investisseurs particuliers s’était dépêchée pour profiter de l’occasion d’investir dans une pépite française prometteuse. En dix jours, elle avait levé son objectif à 20 millions. Peu de temps après, elle reconnaissait, en collaboration avec les autorités, qu’il n’était pas viable de profiter d’un tel montant en vue de la réglementation.

Quatre mois d’attente et un montant réduit

Cette semaine, Bricks.co a finalement annoncé boucler un tour de table de 13 millions d’euros. Dans le détail, le financement participatif est réduit à hauteur de 8 millions d’euros. Le reste est en provenance de business angels. Parmi eux, la star du basketball Tony Parker. Le montant reste tout à fait exceptionnel. Mais face à une levée aussi originale, il aura fallu du temps avant que Bricks puisse profiter de cet argent frais.

“Il y a un vide juridique sur les royalties qui ne sont pas un titre financier qui rentre dans la juridiction de l’AMF”, disait l’autorité au mois de mai dernier. Au départ, le patron de la startup de Montpellier expliquait qu’il avait opté pour un modèle différent que des actions classiques afin que les particuliers puissent plus facilement revendre leurs parts sans difficultés – une stratégie qui suit celle du modèle de la plateforme pour l’investissement dans l’immobilier.

Mettre 10 euros sur la plateforme, pour profiter des bénéfices d’un placement immobilier, ne fonctionne pas sur Bricks comme il fonctionne d’habitude, lorsque vous possédez une partie d’une propriété immobilière. Les utilisateurs de Bricks.co ne sont pas directement propriétaires, mais possèdent des “bricks”, ce titre (qui n’a aucun statut juridique) qui permet de toucher une rémunération sous forme de royalties en l’échange.

Ainsi, les bénéfices ne sont pas de l’ordre de revenus fonciers, mais de revenus mobiliers. Un prélèvement forfaitaire unique de 30 % (flat tax) est donc à prendre en compte dans la déclaration d’impôts.

Montant maximum pour déroger à la règle

Pourquoi 8 millions d’euros ? Finalement, l’envers du décor est que Bricks a dû se contenter d’un financement participatif de l’ordre de 8 millions d’euros tant il s’agit, dans la législation, du montant maximum pour déroger à la règle avancée par l’Autorité des Marchés Financiers. Avec du recul, la société aurait certainement préféré faire les choses comme Qonto, une néobanque pour les pros française, qui a elle aussi levé des fonds par un financement participatif, via la plateforme britannique Crowdcube.

Il s’agira, pour les autorités, d’un cas de figure important qui se doit d’interpeller. Face à une telle performance, bien que le capital des investisseurs particuliers soit à risque, il serait dommage de brider les startups françaises et leur mettre des bâtons dans les roues. Notamment à l’heure où il devient de plus en plus difficile pour les projets de trouver des fonds auprès des investisseurs institutionnels.

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5 commentaires
5 commentaires
  1. Donc c’est une SCPI, sans la sécurité de la SCPI ? L’immeuble appartient à une SAS, qui finance ses acquisitions par l’argent des utilisateurs, sans garanties sur le montant des royalties et avec un prix de revente du titre totalement libre ?

    Ça sent mauvais cette histoire.

    1. Non, une SCPI quand on achète des parts en direct, on devient associé et donc propriétaire de quelques mètres carrés.

      Là on est propriétaire de rien, seulement d’un contrat de redevance, le montant est bien contractualisé via un % des loyers perçus (comme les SCPI au final), la revente se fait directement de grès à grès à +/- 10% de la valeur du bien immobilier.

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