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Cette application de fitness dévoile les plans de bases militaires top-secrètes

S’il n’est pas possible de repérer des installations ultra-secrètes sur Google Maps ou Apple Plans, l’application Strava se charge de le faire.

Vous rêvez de découvrir et “survoler” des installations ultra-secrètes de l’armée américaine, en Afghanistan, sur le territoire américain, ou même ailleurs dans le monde ? Oubliez Google Maps et Apple Plan, qui floutent tous les lieux sensibles sur leurs applications de navigation par satellite. Même le fameux et sinistre “couloir de la chimie” au sur de Lyon est masqué, j’en ai fait l’expérience récemment en le longeant au volant de ma voiture équipée de Google Earth.

Il est en revanche une application qui ne s’encombre pas de tabous. Cette application, qui est d’ailleurs bien plus qu’une app mais une véritable plateforme doublée d’un réseaux social pour les sportifs, c’est Strava, qui collecte et publie en temps réel les parcours sportifs de tous ses utilisateurs munis d’un bracelet ou d’une montre connectée, ou tout simplement de leur smartphone, et qui souhaitent suivre et compiler leurs performances et leurs itinéraires après chaque sortie, que ce soit en running, vélo, VTT ou autre.

Des milliards de données sur une carte en temps réel

De par sa nature même, Strava récupère des milliards de données et les affiche sur une carte thermique “heat map”, sorte de grand réseau mondial sur lequel on peu voir l’activité sportive de l’humanité connectée en action. Et bien sûr, il n’y a pas que les civils qui raffolent de ce genre d’application. Les militaires aussi, y compris en zone sensible.

C’est The Guardian qui le révèle : des informations sensibles sur l’emplacement et le personnel des bases militaires et des avant-postes d’espionnage dans le monde entier ont été révélées par les fameuses cartes Srava. Les détails ont été publiés dans une carte de visualisation des données qui montre toute l’activité suivie par les utilisateurs de son application.

La carte, publiée en novembre 2017, montre toutes les activités téléchargées sur Strava – plus de 3 trillions (3.000 milliards si nos calculs sont bons) de points de données GPS, selon l’entreprise. Cependant, au cours de la fin de semaine, les analystes militaires ont remarqué que la carte est suffisamment détaillée pour donner des informations potentiellement extrêmement sensibles sur un sous-ensemble d’utilisateurs de Strava : le personnel militaire en service actif.

Les plans de bases secrètes au grand jour

Nathan Ruser, analyste à l’Institute for United Conflict Analysts indique que la carte thermique “est très jolie, mais que les bases américaines sont clairement identifiables et qu’il est possible de les cartographier.”

“Si les soldats utilisent l’application comme le font les civils, en l’activant sur le suivi quand ils vont faire de l’exercice, cela pourrait être particulièrement dangereux”, ajoute Ruser.

Dans des endroits comme l’Afghanistan, Djibouti et la Syrie, les utilisateurs de Strava semblent être presque exclusivement des militaires étrangers, ce qui signifie que les bases se distinguent nettement. Dans la province d’Helmand, en Afghanistan, par exemple, on peut voir clairement l’emplacement des bases d’opérations avancées, qui brillent en blanc sur la carte noire. Le zoom sur l’une des grandes bases révèle clairement sa disposition intérieure, telle que tracée par les routes de jogging empruntées par de nombreux soldats, alors que la base elle-même n’est pas visible sur les vues satellites de Google Maps ou Apple Maps.

La fameuse zone 51 vue par Strava, de loin on dirait un Van Gogh

En dehors des zones de conflit direct, des informations potentiellement sensibles peuvent encore être glanées. Par exemple, une carte de Homey Airport, au Nevada – la base de l’US Air Force connue sous le nom de Area 51 – montre un cycliste solitaire faisant un tour depuis la base le long de la bordure ouest du lac Groom, marqué sur la carte thermique par une fine ligne rouge.

Strava a montré que la nouvelle carte thermique (heat map) était suffisamment détaillée pour qu’on puisse voir du kitesurf au Mexique, suivre la route du Camino de Santiago à travers le nord de l’Espagne ou encore voir la route maritime du triathalon Ironman à Kona, Hawaii.

Nul doute que la heat map de Strava doit recevoir un surcroit de visites depuis quelques jours. Et pas seulement de la part de sportifs connectés ni d’adeptes de la beauté du monde…

Mise à jour du 29/01/2018 15h40 : suite à cet article, la société Strava nous a contactés pour apporter les précisions suivantes (qui ne remettent pas en question les informations contenues ni le sens de celui-ci)

“Notre carte mondiale d’activités représente une agrégation de milliards d’activités anonymes chargées sur notre plateforme jusqu’à septembre 2017.
Sont exclues les activités étant marquées comme privées et celles comprises dans les zones de confidentialité définies par les utilisateurs. Nous nous engageons à aider tous ceux qui seraient désireux de mieux comprendre la gestion de nos paramètres pour un contrôle complet de ce qu’ils partagent. Pour plus d’informations sur notre politique de confidentialité, nous vous invitons à vous rendre sur https://blog.strava.com/privacy-14288/

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9 commentaires
9 commentaires
    1. Vous avez raison, au temps pour moi, c’est une erreur, je n’ai pas vérifié, la Zone 51 ne fait visiblement pas (ou plus) partie des zones floutées sur Google Earth, je corrige l’article.

        1. Effectivement, j’ai fait erreur, vous ne dites pas que la Zone 51 est floutée, mais plusieurs paragraphes reviennent sur le danger de la mise en ligne de cette heatmap de Strava, et j’ai du mal justement à percevoir ce que vous relevez.

          Pour la Zone 51 vous relevez qu’on peut voir le trajet d’un cycliste, mais c’est bien la seule information que Strava donne en plus par rapport à Google Maps. Du coup je reste dans le flou par rapport au danger que représenterait la carte de Strava sur ce point. (Notez bien que ce n’est pas pour critiquer votre article, mais parce que ça m’intéresse et que j’aimerais comprendre exactement le problème que pose cette carte de Strava)

          Dans le premier paragraphe : « Oubliez Google Maps et Apple Plan, qui floutent tous les lieux sensibles sur leurs applications de navigation par satellite. Même le fameux et sinistre « couloir de la chimie » au sur de Lyon est masqué, j’en ai fait l’expérience récemment en le longeant au volant de ma voiture équipée de Google Earth. » => J’ai regardé rapidement le couloir de la chimie sur Google Maps, je n’ai pas observé de masquage particulier, ni sur les vues satellite, si sur les vues “plan”. Du coup quels sont ces lieux sensibles que Google Maps floute ? J’aime bien en faire l’expérience par moi-même, mais pour l’instant je ne trouve pas de floutage. Ou alors il est subtil et je ne m’en rends pas compte, c’est possible aussi ! Est-ce qu’il ne serait pas possible d’ajouter des images de ces zones floutées à l’article ? Afin qu’on se rende bien compte de la différence avec Strava ?

          « Dans la province d’Helmand, en Afghanistan, par exemple, on peut voir clairement l’emplacement des bases d’opérations avancées, qui brillent en blanc sur la carte noire. Le zoom sur l’une des grandes bases révèle clairement sa disposition intérieure, telle que tracée par les routes de jogging empruntées par de nombreux soldats, alors que la base elle-même n’est pas visible sur les vues satellites de Google Maps ou Apple Maps. » => Effectivement l’avantage de Strava à ce niveau-là est de repérer facilement les bases car elles se détachent sur le fond de carte. Est-ce que c’est si important ? Des bases de cette taille ne sont-elles pas repérées depuis longtemps ? Il me semble que l’article insiste sur le fait que Strava permettrait de cartographier ces bases, alors que les outils classiques (Google Maps) ne le permettraient pas, mais je suis allé voir dans la province en question et, à condition de retrouver l’endroit, plusieurs bases étaient clairement visibles sur vue satellite (on ne peut juste pas zoomer autant que dans une ville, mais suffisamment pour distinguer un plan général des lieux). Elles ne sont par contre pas présentes sur les vues “plan” de Google Maps. Exemple : https://www.google.fr/maps/place/Helmand,+Afghanistan/@31.8659838,64.1978328,1559m/data=!3m1!1e3!4m5!3m4!1s0x3ed7f7ca02f898cd:0xe696259fd004c439!8m2!3d31.3636474!4d63.9586111

          Du coup j’aimerais démêler un peu tout ça !

          Edit pré-publication du commentaire : Ah ! Je viens de retourner étudier cette base du Helmand, pour mieux comprendre. Effectivement la base est visible sur Google Maps, non floutée, par contre c’est une vue satellite de l’ancienne base, beaucoup plus petite. Google préfère peut-être ne plus flouter, mais juste éviter de mettre à jour avec ses dernières photos satellite les lieux sensibles. Beaucoup plus discret. Strava fournit effectivement des données actuelles, mises à jour au gré des joggings, c’est le principal intérêt. À noter toutefois qu’OpenStreetMap affiche déjà un plan, sommaire, de la base en question : http://www.openstreetmap.org/#map=13/31.8534/64.2051

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