Passer au contenu

Encelade : un surplus de méthane vient-t-il de trahir la présence de la vie ?

Encelade est une des nombreuses, candidates pour héberger la vie dans notre système solaire. Une nouvelle étude vient de paraître en ce sens.

Encelade est une des nombreuses lunes de Saturne. Recouverte d’un océan de glace, ce petit satellite tournant autour de notre géante à anneaux pourrait être bien plus hospitalière qu’il n’y parait. Longuement étudiée par la sonde Cassini qui l’a survolée entre 2004 et 2017, cette lune est une candidate idéale pour héberger la vie dans notre système solaire. Car sous son continent de glace, la lune de Saturne est en effet constituée d’un océan géant d’eau liquide, un élément que l’on associe bien souvent à la vie. Mais cet indice est le premier d’une longue liste plaidant pour la présence de vie sous la surface d’Encelade. En effet lors de son observation, elle a démontré une activité thermique assez intense avec de nombreux geysers froids un peu partout à sa surface.

Après étude des gaz qui s’échappent de ces geysers, une équipe de scientifique internationale a trouvé des traces de dihydrogène (H2) de dioxyde de carbone (CO2), mais surtout de méthane (CH4) dans des quantités difficilement explicables. Selon l’étude publiée au début du mois de juin dernier dans Nature Astronomy, une référence dans les revues scientifiques, le taux de méthane présent à la sortie de ces geysers ne peut pas être expliqué par des mécanismes géochimiques connus, laissant ainsi, en sous texte, la possibilité que ce méthane soit la preuve d’une vie sous-marine sur Encelade.

Le méthane, la signature de la vie

La conclusion de l’étude est sans appel : même en prenant l’estimation la plus élevée possible de production de méthane par chimie hydrothermale — sans présence de vie donc — les résultats sont loin d’être suffisants pour coller avec les observations faites par Cassini lors de son survol de la lune.

Dans la communauté scientifique, ce genre d’annonce fait toujours son petit effet, mais une fois les quelques secondes de folie de la découverte passées, les esprits cartésiens des chercheurs reprennent le pas sur l’euphorie du moment, et rationalisent la découverte. Trop souvent des chercheurs ont annoncé avoir trouvé la preuve que la vie existe ailleurs que sur Terre avant de se faire débouter, soit par eux-mêmes, soit par le reste de la communauté scientifique. Récemment ce fut le cas d’une découverte de gaz dans la haute atmosphère de Vénus, la preuve que la vie existe sur la plus inhospitalière des planètes de notre système, malheureusement non. Après l’euphorie de la possible découverte vient toujours – jusqu’à présent – la désillusion de la réalité, bien plus maussade que l’on ne l’espère.

Preuve de la vie ou mécanisme encore inconnu ?

Car le taux de méthane trouvé sur Encelade est certes très élevé, bien plus qu’il ne pourrait jamais l’être sur Terre, mais les chercheurs à l’origine de son étude se sont basés sur les modèles terriens pour tirer leurs conclusions. Si ces règles chimiques et environnementales sont très bien connus sur Terre, rien n’assure qu’elles soient aussi vraies au fond de nos océans que dans ceux d’Encelade. C’est cette inconnue qui pose problème.

Si effectivement les mécanismes géochimiques à l’oeuvre sur Encelade sont les mêmes que sur Terre, alors oui, nous venons sûrement de découvrir de la vie sur la lune de Saturne. Mais si au contraire, les deux chimies diffèrent, ne serait ce que d’un rien, il s’agirait alors de la signature d’une géochimie qui nous est encore inconnue, car absente sur Terre. Un phénomène qui serait propre à la lune de Saturne et donc imprévisible pour nous. Cette hypothèse bien que beaucoup moins séduisante, reste privilégiée aujourd’hui par une communauté scientifique qui ne veut pas crier victoire trop tôt.

Alors comment savoir? Comment faire pour dissiper ce doute ? La meilleure solution, mais aussi la plus coûteuse, serait d’aller sur Encelade. Tout simplement. L’envoi d’une sonde vers Saturne et ses lunes n’est pas la priorité des agences spatiales, mais les récentes découvertes faites par l’équipe de chercheurs pourraient rebattre les cartes quant à l’exploration de cette région de notre système solaire. En plus d’Encelade, d’autres lunes de Saturne sont soupçonnées d’héberger la vie. Un voyage vers la géante gazeuse aux anneaux pourrait donc se révéler fructueux, encore faut-il vouloir l’entreprendre.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Newsletter 🍋

Abonnez-vous, et recevez chaque matin un résumé de l’actu tech

2 commentaires
2 commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *