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Fusion nucléaire : la Chine prend une avance considérable sur ITER

Alors qu’en Europe, la construction du tokamak ITER avance lentement, son équivalent chinois, EAST, est, lui, bien actif. Et il compte déjà un nouveau succès à son actif : maintenir un plasma dans l’enceinte de confinement pendant 18 minutes – une véritable éternité !

Comme vous le savez, partout dans le monde des chercheurs tentent de transformer le concept de fusion nucléaire en une forme de production d’électricité viable. Jusqu’alors, l’énergie nucléaire ne pouvait être produite que par fission. Autrement dit, on prend de la matière fissile comme l’Uranium 235, que l’on place dans un réacteur, où tout est fait pour favoriser l’émission de neutrons de sorte que ces derniers puissent être absorbés par d’autres atomes d’Uranium 235 – provoquant leur fission et l’émission d’autres neutrons en chaîne.

Evidemment la fission nucléaire présente quelques aspects indésirables. Elle implique l’emploi de quantités importantes de matières radioactives. Assez peu d’énergie est en réalité extraite de cette matière d’autant que seuls 33-37% de l’énergie thermique émise par le réacteur est in fine transformée en électricité. Il faut également prendre en compte le fait que la réaction en chaîne peut s’emballer, ce qui peut provoquer de terribles catastrophes, comme les accidents de Tchernobyl et de Fukushima. Il y a également la question du stockage des matières usagées.

Fusion nucléaire : la Chine a 20 ans d’avance sur le reste du monde

Ces dernières pouvant rester radioactives dans certains cas pendant des millions d’années. Par contraste, la fusion nucléaire consiste à fabriquer des éléments plus lourds à partir d’éléments plus légers. Il faut pour cela confiner l’élément dans un réacteur et élever sa température à plusieurs dizaines de millions de degrés. Passé un certain seuil, le plasma commence à produire plus d’énergie qu’il n’en consomme. Energie que l’on peut ensuite extraire pour faire tourner des générateurs.

L’avantage c’est qu’il ne faut que quelques grammes de matière radioactive au demeurant nettement moins dangereuse que l’Uranium, puisqu’on parle par exemple de tritium avec une demi-vie de seulement 12,32 ans. La réaction de fusion n’est pas auto-entretenue. Si le courant s’arrête, la fusion s’arrête, réduisant à néant le risque d’accidents tels qu’on les connaît avec les centrales nucléaires actuelles.

Plusieurs approches sont testées en ce moment pour atteindre la fusion nucléaire, et ouvrir une nouvelle ère beaucoup plus propre et efficace dans la production d’électricité. La Chine, l’Union Européenne, l’Inde, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, les Etats-Unis, l’Australie, le Canada, le Kazakhstan, la Thaïlande, le Royaume-Uni et la Suisse mettent en commun des équipes et des ressources dans le cadre du projet ITER. Un réacteur expérimental est en cours de construction sur le site de Cadarache en France.

Mais le projet avance extrêmement lentement. Après une phase de conception qui a débuté en 1988, la construction proprement dite du réacteur expérimental n’a commencé qu’en 2007. Et il faudra encore attendre jusqu’en 2025, au bas mot, pour que le tokamak expérimental soit allumé pour la toute première fois. Or, tous les espoirs autour de la fusion nucléaire ne reposent heureusement pas sur ITER.

De nombreux Etats, y compris membres d’ITER développent aussi des projets similaires de leur côté. Les Etats-Unis testent de nombreuses approches, comme le confinement avec des lasers mégajoules. L’Allemagne a une sorte de Tokamak qualifié de “Stellarator”, le Wendelstein 7-X. Quant à la Chine, depuis 2006, elle dispose de son propre Tokamak en fonctionnement, le Experimental Advanced Superconducting Tokamak (EAST).

Ce réacteur a déjà au bas mot 20 ans d’avance sur ITER. En 2007, il battait déjà un immense record avec un confinement de plus de 5 secondes. En 2011, les chercheurs chinois sont parvenus à maintenir un plasma pendant plus de 30 secondes à 50 millions de degrés. Et les succès ont continué par la suite avec la Phase II du projet.

En 2016, un plasma a été maintenu pendant 102 secondes à 50 millions de degrés. Puis quelques mois plus tard, il maintenant un plasma pendant plus d’une minute à la même température. En 2017, on passait à plus de 100 secondes. En 2018, le EAST a réussi à chauffer un plasma à 100 millions de degrés. Et en mai 2021, le réacteur a atteint 120 millions de degrés pendant 101 secondes.

Néanmoins, le dernier record du réacteur EAST commence à poser de vraies question sur l’organisation ITER. Le 30 décembre 2021, l’équipe chinoise a maintenu un plasma pendant 17,6 minutes (1056 secondes) à plus de 70 millions de degrés. La Chine ne vient pas seulement de battre de beaucoup le record absolu. Jamais un pays n’a été aussi près de réaliser la fusion nucléaire à des fins civiles.

Lire aussi – Fusion nucléaire : les chinois mettent au point un soleil 6 fois plus chaud que le soleil !

Il faut toutefois noter qu’en tant que membre d’ITER, la Chine devrait partager l’essentiel de ses découvertes avec les autres membres du projet. Ce qui peut à terme permettre d’optimiser les matériaux, notamment la composition des électro-aimants supraconducteurs, et diverses méthodes permettant de mieux contrôler le confinement du plasma – pour allonger la durée de fonctionnement des tokamak, à commencer par celui de Cadarache.

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23 commentaires
23 commentaires
  1. Mais quel ramassi de connie (pardon). D’où sort ce chiffre (20 ans?) Est-ce que vous avez vérifier vos sources, comme par exemple vérifier que ITER et EAST ne valident peut être pas la même chose et surtout, que la Chine participe bien a ITER… EAST fait parti de l’effort ITER, donc ce qui a été validé dans son cadre servira le projet global ITER. ITER n’est pas juste un démonstrateur pour battre la durée de plasma la plus longue, mais un cadre de travail pour valider TOUTE la chaine industriel pour parvenir à une utilisation commerciale de la fusion. Et encore, il faudra un prochain démonstrateur DEMO apres. Donc ITER ne battera pas de record en lui-même, mais sa présence est indispensable pour que toutes les parties travaillent ensemble

  2. La machine EAST est une version miniature de TORE-SUPRA du CEA construite dans les années 1980-90 qui avait déjà produit un plasma pendant plus de 6min.
    La conclusion est plutôt que les chinois reproduisent des résultats d’il y a 20-30…

  3. Bonjour. Il doit y avoir une petite erreur dans ces deux assertions :
    “En 2016, un plasma a été maintenu pendant 102 secondes à 50 millions de degrés.”
    “En 2017, on passait à plus de 100 secondes”
    On a du mal à voir où est le progrès.

  4. Tout à fait d’accord avec les autres commentaires, ITER n’a pas pour but de battre un record. Je vous conseille la très bonne vidéo YT de Mr Bidouille sur ITER, que vous auriez du regarder avant d’écrire votre article histoire d’avoir un minimum d’information sur le sujet avant de publier un article.

  5. Ce projet chinois fait parti du développement d’ITER dont la Chine fait partie … Les pays participant sont regroupés dans un programme commun Iter avec des développements partiels nationaux, comme la partie cryogénique, les supraconducteurs, …

    ITER c’est entre 150 et 300 millions de degrés, ici même si il faut saluer la performance scientifique, la Chine n’a pût augmenter le temps qu’en abaissant la température du plasma.

    1. Rien à dire, je suis totalement d’accord avec les 9 premiers commentaires.
      Monsieur Romain Pomian-Bonnemaison j’aurais aimé que vous y repondiez

  6. Renseignez vous sur EAST avant d’écrire des conneries pareilles. EAST a un rayon de 1.85m, ITER a un rayon de 6.2 m
    Ce ne sont pas du tout les mêmes mensurations ni les mêmes objectifs. Tore Supra réacteur Français situé à Cadarache a détenu jusqu’à décembre 2021 le record de durée de fonctionnement continu pour un tokamak 6 minutes 30 secondes

  7. Heu c’est une blague cet article ? de l’uranium 235 ? Au lieu d’écrire Tritium et Deutérium le correcteur auto a du les remplacer par de l’uranium 235…
    “la réaction en chaîne peut s’emballer, ce qui peut provoquer de terribles catastrophes”
    Sérieusement j’espère que l’auteur est bénévole et non un pro pour pondre un article si faiblement renseigné

    1. Je suis tombé dans le même raisonnement, en faite l’auteur parlait de la fission nucléaire dans ce paragraphe pour ensuite le comparer à la fusion.

  8. Salut les x mines
    Bah alors on est pas content que les chinois vous battent à plat de coutures.
    Peut-être que si on s’était bougé le cul sans espérer vivre sur la rente du nucléaire fissile en ralentissant sciemment tous les autres projets, on attendrait pas ITER pour 2035. 2025 c pour pouvoir continuer à toucher les subventions, ils ont avancé la date de 10 ans quand ils ont compris que la fusion civil serait réalisée ailleurs qu’ici là et à moindre coût.
    Même les chinois qui ne savent que copier vous ramassent.
    Peut-être temps de faire rentrer du sang neuf dans la corporation les gars, ici aussi ça sent la fin de race.
    Y a pas que l’ ENA à supprimer je crois.

    1. Troll bas de gamme à base de français non maîtrisé et de considération de “race”.
      Poubelle.
      Merci d’avance à la modération.

  9. Il faut des gens avec ambition, pas ceux qui attendent la retraite .
    J’espère que les chinois y arrive avant 2035 pour le bien de tous et de la Planète.

  10. La science est internationale. Ces résultats ont été possibles grâce à l’avancée d’autres pays et va à son tour alimenter les autres. Produire plus d’électricité que ce qui a été injecté ne sera possible que grâce à la taille d’Iter. Il a un objectif un peu différent des autres réacteurs.

  11. Les chinois maintiennent une réaction de fusion près de 18 minutes. Or en moins d’une minute l’énergie nécessaire au démarrage est “récupérée”, le reste c’est du bonus.
    Les réacteurs à uranium (en gros), utilisent l’énergie thermique générée par la dégradation entropique de matières fissiles (donc comme avec le charbon, le gaz, ou le pétrole, en gros).
    Avec la fusion, on essaie de faire comme une étoile (sauf qu’on a pas la gravité, faut utiliser le confinement magnétique, vu qu’on a rien d’autre). Et c’est le confinement qui demande beaucoup d’énergie, pour vaincre les forces de répulsion des atomes. Mais une fois vaincue, là c’est gagnant.
    Par induction magnétique (comme une dynamo en gros), on récupère l’énergie électrique par effet de champ en mouvement (si le champ magnétique ne bouge pas, y’a pas de transfert), et y’a plus qu’à envoyer le tout via le réseau de transfert, jusqu’à chez nous.
    Donc merci les chinois de montrer qu’on peut le faire avec des modèles abandonnés, et viables.
    ITER c’est comme l’EPR-3 pour le nucléaire de fission. Super compliqué, super cher, et super bordélique (français quoi). Et ça montre aussi que la science a été mise de coté face aux intérets personnels et financiers.
    L’idée est bonne, mais les chercheurs, techniciens, et autres ne sont jamais que des humains. Et le problème de cette technologie est là.
    Comme les savants du CERN (j’habite à coté du centre), qui sont trop orgueilleux pour reconnaitre les limites de leur savoir, et préfèrent bloquer les essais de nouvelles théories, que reconnaitre les failles des leurs.
    Mais bon, trouver des innovateurs capables et écoutés, ça c’est rare. Voila le problème avec ITER, l’humain. Comme avec les armes à feu aux USA, et le lobby de la NRA.
    Enfin, ITER marchera peut-etre un jour, mais quand, ça mystère…
    Mais c’est comme les grand projets scientifiques (téléscope James Webb, les sondes voyager, le téléscope Hubble, et tant d’autres). Les blocages sont toujours financiers, jamais techniques ou liés aux sciences. ITER peut etre fini et fonctionnel d’ici 2 ans, faut juste mettre de coté les politiques et les administratifs.

  12. Bravo aux Chinois, mais l’article aurait été plus perspicace en mentionnant tore supra au CEA, faite vos recherches. L’avis exprimé est très biaisé avec un aspect sensationnaliste non justifié

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