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Internet, booster de coronavirus

Le coronavirus est terriblement contagieux. Mais le serait-il autant s’il n’y avait pas internet ?

« Nous ne combattons pas seulement une épidémie ; nous luttons aussi contre une infodémie »

Les réseaux sociaux, amplificateurs de coronavirus ?

Posted by Presse-citron on Monday, March 30, 2020

« Nous ne combattons pas seulement une épidémie, nous luttons aussi contre une infodémie ». C’est par ces mots que le directeur général de l’OMS entendait faire comprendre que pour son organisation, la lutte contre la désinformation était un enjeu fondamental de la lutte contre la pandémie.

Le coronavirus occupe depuis quelques semaines la quasi totalité de l’espace médiatique, et l’actualité technologique n’est pas épargnée. Le COVID-19 a pris le monde par surprise et nous jette dans une période de totale incertitude. Ce virus est une vraie loterie, on est terrorisé à l’idée de l’attraper, car il peut se manifester comme un simple un bon rhume, ou s’avérer mortel, sans distinction.

Mais n’en fait-on pas un peu trop ? C’est la question que certains se posent depuis le début de l’épidémie : les réseaux sociaux, les médias d’info continue, l’exigence d’excellence et de transparence qu’on demande aux hommes politiques ne constituent-ils pas une énorme caisse de résonance ?  Est-ce que ça serait passé pareil avant internet et BFM ?

Une petite recherche dans les archives des pandémies permet de trouver évènement comparable sur certains points, mais qui est presque passé inaperçu à son époque, alors qu’il a fait également de très nombreuses victimes, et même beaucoup plus que le coronavirus à date.

Cela ne date pas du moyen-âge, mais de 1969. Cela peut paraitre très loin à certains, mais à l’échelle de notre histoire ce n’est pas si vieux.  Pour remettre un peu de contexte, 1969 est l’année où l’homme a marché sur la Lune et également celle du premier vol du Concorde.

Cette autre pandémie pas si ancienne qui fit 1 million de morts sans faire la une des journaux

En 1969, il y a eu la grippe de Hong Kong. Une épidémie qui venait aussi du centre de la Chine et qui s’est ensuite étendue au Japon, en Asie du Sud-Est, puis en Australie, avant d’atteindre l’hémisphère nord lors de l’hiver 1968. On considère que ce fut la première pandémie de l’ère moderne. Et ses conséquences furent dramatiques puisqu’elle fait 1 million de morts dans le monde selon l’OMS en moins de deux ans, dont 50 000 morts aux États-Unis en 3 mois et 31 000 morts en France en deux mois. Rappelons que le coronavirus a causé 2600 décès en France au moment où ces lignes sont écrites. En 1969, 12 millions de malades soit un quart de la population française de l’époque étaient touchés par la pandémie, qui se manifestait de façon encore plus brutale que le coronavirus. Selon un externe dans le service de réanimation du professeur Jean Motin, à l’hôpital Edouard-Herriot de Lyon, «Les gens arrivaient en brancard, dans un état catastrophique. Ils mouraient d’hémorragie pulmonaire, les lèvres cyanosées, tout gris. Il y en avait de tous les âges, 20, 30, 40 ans et plus. Ça a duré dix à quinze jours, et puis ça s’est calmé. Et étrangement, on a oublié.»

Des écoles et des commerces furent fermées, des transports perturbés. Mais, au contraire de l’épidémie que nous connaissons, celle-ci eut très peu d’écho dans les médias, qui avaient même tendance à traiter le sujet avec légèreté et humour.

La différence ? Il n’y avait qu’une chaîne de TV à l’époque, on était sur la relance de l’après Mai 68 et un nouveau président, Pompidou, arrivait à l’Elysée. Autant dire qu’une “petite grippe” ne faisait pas la une de l’actualité, et que la vox populi n’avait aucun moyen de se faire entendre puisque internet n’existait pas. D’ailleurs, si la létalité de la grippe de Hong Kong était aussi très élevée, il n’y avait pas de confinement, et peu d’impact sur le mode de vie de l’époque.

Aujourd’hui, internet, les réseaux sociaux, l’instantanéité de l’information et la circulation immédiate des images dramatiques inquiètent et mobilisent l’opinion, obligeant les gouvernements à agir au-delà de ce qui serait nécessaire. Avec le coronavirus, on fait face à la première pandémie de l’ère des réseaux sociaux. Les photos de rayons vides, la désinformation… Tout cela favorise le climat anxiogène, lié aux conséquences des comportements face au virus, plutôt qu’à la maladie elle-même. Ajoutez à cela le rôle toxique des fake news, des informations ma comprises et amplifiées à mauvais escient, et même l’impact délétère de certains mauvais sites pseudo-parodiques montés à la va-vite dans le seul but de faire du fric avec l’affichage de bannières publicitaires, et le coronavirus occupe 100% de votre temps de cerveau disponible, tournant à la névrose obsessionnelle, alors qu’il n’aurait peut-être pas pris plus de place que celle de la grippe de Hong Kong s’il était survenu il y a disons une trentaine d’années. C’est évidemment juste une question, une hypothèse, car on ne saura jamais, en fait.

Le coronavirus porte en lui un vecteur d’angoisse. Mais cette angoisse est amplifiée par une surinformation, qui est peut-être aussi dévastatrice que le virus lui-même, car elle touche beaucoup plus de monde.

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1 commentaire
1 commentaire
  1. Article très judicieux en cette époque où le trois quarts de la population se trouve en état de confinement et où l’économie se trouve de ce fait brutalement compromise.

    Mais cette infodémie, si elle a été ne s’est pas limitée à Internet. Depuis la mi-janvier, j’étais obligé de me cantonner aux radios musicales, tant les radios traditionnelles m’assaillaient d’informations catastrophiques à ce sujet. Je n’avais plus que le choix des radios musicales pour avoir la paix. Et d’ailleurs, je n’y vais quasiment plus pour préserver ma propre liberté de jugement.

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