J’ai (trop) demandé à la Lune, mais Samsung ne le sait pas

• Samsung est accusé de tricher sur les photos de Lune produites par son Galaxy S23 Ultra
• Le constructeur a expliqué le fonctionnement de la technologie utilisée pour se justifier
• Les smartphones ne sont pas des appareils photo professionnels

Depuis la sortie de son dernier Galaxy S23 Ultra, Samsung doit répondre à une polémique pour le moins étonnante. Comme le Galaxy S22 Ultra l’année dernière, ce modèle se distingue par son appareil photo arrière doté d’un zoom optique x10 et d’un zoom numérique x100, baptisé « Space Zoom ». Grâce à cette fonctionnalité, Samsung promet de pouvoir capturer des images époustouflantes de la Lune, comme le montrent les publicités et les exemples partagés par les utilisateurs sur les réseaux sociaux.

Mais ces photos sont-elles vraiment authentiques ? Plusieurs internautes ont mis en doute la qualité et la fidélité des clichés lunaires obtenus avec le Galaxy S23 Ultra. Ils soupçonnent Samsung d’utiliser un algorithme qui améliore artificiellement l’image en y ajoutant des détails qui ne sont pas visibles à l’œil nu. Certains ont même affirmé que Samsung se contentait de superposer une photo pré-enregistrée de la Lune sur le fond noir du ciel.

Face à la controverse, Samsung a publié un communiqué pour expliquer le fonctionnement du Space Zoom. Selon l’entreprise sud-coréenne, il s’agit d’une technologie basée sur l’intelligence artificielle qui analyse l’image capturée par le capteur et y applique des corrections pour réduire le bruit, augmenter la netteté et optimiser les couleurs. Samsung précise que le Space Zoom n’utilise pas de photo pré-enregistrée de la Lune, mais qu’il s’adapte au sujet photographié en fonction du contexte.

Une polémique stérile ?

Samsung triche-t-il avec ses photos de Lune ? Oui et non. D’un côté, on peut considérer que Samsung trompe ses clients en leur faisant croire qu’ils peuvent prendre des photos réalistes de la Lune avec leur smartphone. De l’autre, on peut saluer l’innovation technologique qui permet d’obtenir des images impressionnantes avec un simple téléphone portable.

Ce débat n’est pas nouveau dans le monde de la photographie numérique. Depuis longtemps, les fabricants de smartphones utilisent des algorithmes pour améliorer leurs appareils photo. Le mode nuit, le mode portrait ou encore le mode HDR sont autant d’exemples de traitements logiciels qui modifient l’image originale pour la rendre plus belle ou plus flatteuses dans certaines situations.

D’ailleurs, lors de leurs présentations produit, les constructeurs expliquent que l’intelligence artificielle a été « nourrie » de millions de clichés shootés dans un même contexte pour qu’elle puisse ensuite retoucher les photos en condition réelle. La question est donc plutôt de savoir où placer la limite entre l’amélioration et la falsification.

Les lois de la physique

Faut-il accepter que les smartphones nous offrent des photos embellies ou préférer des photos plus fidèles à la réalité ? La réponse dépend sans doute des goûts et des attentes de chacun. La véritable question est : n’en demande-t-on pas trop aux ingénieurs responsables du développement des appareils photo de smartphones ? Car la physique est têtue : photographier des clichés à très longue distance nécessite l’utilisation d’objectifs de très grande taille.

Puisqu’il n’est pas possible d’intégrer ces objectifs à des appareils que l’on transporte dans nos poches, nous devons accepter que l’intelligence artificielle intervienne, parfois de manière peut-être un peu trop prononcée. N’oublions donc pas que nous utilisons des smartphones et non des appareils photo professionnels. On ne va tout de même pas leur demander de décrocher la Lune. Si ?

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