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Le piratage fait reculer la pauvreté selon cette étude

Les chercheurs affirment avoir mis en évidence une relation inverse entre recours et piratage et pauvreté.

Les associations d’ayant-droit et autres acteurs bénéficiant de la protection de la propriété intellectuelle apprécieront. Nos confrères de TorrentFreak ont repéré une étude qui semble mettre en évidence des liens entre piratage et niveau de pauvreté. Publiée dans le Balkan Journal of Social Science par Mustafa Ünver et Jülide Yalçinkaya Koyuncu, deux chercheurs turcs, l’étude analyse l’effet du recours au piratage logiciel sur le niveau de pauvreté dans les pays émergents et les pays d’Amérique latine sur la période 2003-2017.

On le souligne, les chercheurs ne s’intéressent ici qu’au piratage de logiciels. Un phénomène courant en particulier avec les logiciels professionnels qui peuvent coûter une petite fortune, surtout pour les personnes ne pouvant pas (ou plus) bénéficier de remise étudiante. Par exemple, une licence pour le logiciel de conception 3D Rhino 7 coûte jusqu’à 995 € HT, Live Standard (séquenceur / conception musicale) 349 €, l’édition de Autodesk Fusion 360 de base 402 € par an…

Fermer les yeux sur le piratage permet-il vraiment de lutter contre la pauvreté ?

D’aucuns remarqueront d’ailleurs que beaucoup de belles histoires ont démarré avec un peu (voire énormément) de piratage de logiciels comme d’oeuvres protégées. On connaît par exemple grâce au livre de Rasmus Fleischer Spotify Teardown – Inside the Black Box of Streaming Music que des toutes première versions de Spotify utilisaient des fichiers mp3 vraisemblablement issus de source illégale.

Mais l’étude des chercheurs va encore plus loin en tentant empiriquement d’établir un lien entre recours au piratage et niveau de pauvreté dans les pays émergents. Pour caractériser le niveau de pauvreté, les chercheurs s’appuient sur six indicateurs :

  • Indice de développement humain (HDI) avec des chiffres issus de UNDP
  • Seuil de pauvreté (PovcalNet, Banque Mondiale)
  • La moyenne de l’écart de pauvreté (PovcalNet, Banque Mondiale)
  • Indice de Watts (PovcalNet, Banque Mondiale)
  • Indice de Gini (PovcalNet, Banque Mondiale)
  • Ecart moyen logarithmique (PovcalNet, Banque Mondiale)

En se penchant sur les chiffres courant de 2003 à 2017 et en les confrontant à ceux de l’étude IDC sur le recours au piratage, au niveau de chômage, au pourcentage du PIB dédié à la santé (chiffres WDI de la Banque Mondiale), et indice de capital humain (Penn World Table), les chercheurs ont mis en évidence une corrélation entre leur hypothèse et la réalité. Même s’ils notent tout de même aussi une corrélation entre recours au piratage et hausse du chômage :

“Pour le dire autrement, le recours à des logiciels piratés garde un impact significatif sur la pauvreté dans tous les six modèles à variables multiples de cette étude sur des échantillons en Amérique latine et pays émergents. En ce qui concerne les variables de contrôle, nous remarquons des coefficients négatifs statistiquement significatifs en ce qui concerne les dépenses de santé et le capital humain, en même temps qu’un coefficient positif sur le niveau de chômage”, concluent les chercheurs.

Qui manquent hélas d’épiloguer davantage sur ce lien entre chômage et recours au piratage dans leur court papier. Et ce n’est pas le seul manquement de l’étude. Si les sources des données sont bien identifiées, la méthodologie utilisée pour les compiler et mettre en évidence ces corrélations manque de détails. Par ailleurs, pour réellement démontrer ce que souhaitent les chercheurs, il faudrait sans doute élargir l’échantillon permettant des comparaisons avec ce qui se passe dans les pays développés par exemple.

Lire aussi – Le piratage progresse parmi les jeunes européens les plus éduqués

Enfin, remarquent nos confrères de TorrentFreak, les chercheurs manquent d’explorer la relation inverse entre piratage et pauvreté, à savoir comment le niveau de pauvreté influe sur le recours au piratage. On imagine intuitivement que plus il y a de pauvreté, plus il y a de piratage. Et si l’hypothèse des chercheurs est vraie, il serait intéressant de caractériser l’interaction à double sens entre ces deux phénomènes.

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