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L’Europe enfin indépendante pour ses vols habités vers l’espace ?

Face aux récentes réussites et au regain de popularité de l’ESA certains se mettent à rêver d’un lanceur habitable européen.

Alors que l’Europe vient de finir une campagne de recrutement record pour sa prochaine sélection d’astronautes, l’agence spatiale européenne réfléchit à produire ses propres vols habités, prenant ainsi son indépendance vis-à-vis de Roscosmos et la NASA. Le vol de Thomas Pesquet vers l’ISS a été le dernier rappel en date de la dépendance européenne dans le monde du spatial. L’Europe dispose d’astronautes, de fusées, de structures, de base de lancement, mais est pour le moment, incapable de faire voler par ses propres moyens ses astronautes.

Un problème qui a longtemps été mis sous le tapis par les têtes pensantes de l’agence européenne, tant les relations avec la NASA et Roscosmos étaient bonnes. La dépendance n’était pas un problème, on parlait alors de « partenariat » argumentant que l’utilisation des lanceurs américains et russes est bien plus économique que de produire son propre lanceur. Un argument toujours d’actualité aujourd’hui.

Un lanceur habituel européen ?

Mais alors que l’Europe vient de récupérer 22 000 candidatures pour les 6 à 8 postes d’astronautes proposés par l’ÉSA, l’agence spatiale se met à rêver de prendre son indépendance. En effet, si cette ambition n’est pas nouvelle sur le vieux continent, elle arrive au moment parfait.

Les deux missions de Thomas Pesquet et des astronautes européens, ont fait renaître la vocation d’astronaute chez beaucoup d’européens, alors que de l’autre côté de l’Atlantique, la NASA est en difficulté face aux sénateurs et autres administrations de l’Oncle Sam, qui sont de plus en plus retissants face aux demandes exponentielles de l’agence.

Face à l’incertitude américaine et le ralentissement du développement russe, l’Europe pourrait tirer son épingle du jeu, alors que de nouvelles nations se présentent comme des lanceurs fiables (Chine, Japon, mais aussi à terme Canada, Émirats arabes unis et Inde).

Pourquoi l’Europe n’est-elle pas indépendante ?

Si l’indépendance européenne peut ainsi sembler être une nécessité au vu des arguments cités pus haut, cette dernière est loin d’être une réalité aujourd’hui et pour cause, développer un lanceur habité est un travail aussi compliqué que coûteux. Deux choses que l’Europe, comme beaucoup d’instances publiques, ne peut se permettre. Le risque d’accident est trop grand au cours de la phase de développement pour risquer les dizaines de milliards d’euros qui seraient en jeu dans la production d’un tel lanceur.

Le 21 juin dernier, le Dr Aschbacher, nouveau directeur de l’ÉSA a été des plus directs sur l’examen d’une capacité européenne de vol spatial habité. « Nous avons l’expertise. Nous pouvons construire des vaisseaux spatiaux à capacité humaine », a-t-il déclaré. « Mais si nous n’investissons pas, nous serons exclus de la course, avant même d’y avoir pris part. » conclut le boss de l’agence européenne. Car la concurrence est de plus en plus féroce. Outre le développement en accéléré de nouvelles nations, les entreprises privées sont dans toutes les bouches.

Longtemps moquées et vues comme des solutions pour ultrariches sans avenir, les SpaceX et autres Blue Origin sont aujourd’hui des concurrents sérieux. Si certains continuent de douter des capacités des firmes privées à durer sur le long terme – ils pensent en effet que SpaceX n’est qu’une filiale de la NASA et que l’agence américaine souffle le chaud et le froid sur la firme d’Elon Musk – Le vol du 20 juillet prochain, qui devrait envoyer Jeff Bezos dans l’espace reste malgré tout une démonstration claire des capacités des entreprises privées à aller dans l’espace, ce que l’Europe ne fait pas jusqu’à preuve du contraire.

Quelles solutions pour l’Europe ?

Si l’agence européenne se donne (réellement) les moyens de développer son propre lanceur habité, ce dernier devrait assez logiquement être ajouté à Ariane 6. La fusée européenne, qui n’a toujours pas volé, est très attendue par l’ÉSA et devrait être un tournant dans le développement du spatial sur le vieux continent.

Christophe Bonnal, un expert du CNES, a déclaré que l’utilisation d’Ariane 6 était « crédible » pour le lancement d’un vaisseau spatial avec équipage. « Nous pensons que c’est probablement plus sûr qu’avec Ariane 5 », qui avait elle-même été conçue pour lancer un avion spatial avec équipage appelé Hermes, un programme annulé par l’ÉSA il y a trois décennies déjà, avant même le premier lancement d’Ariane 5, et qui a mis un coup d’arrêt quasi fatal au développement des lanceurs habités en Europe.

Selon Christophe Bonnal il serait possible de lancer une « procédure de conception » d’ici à 2022 et d’en poursuivre le développement en 2024 avec des premiers vols tests habités à la fin de la décennie. L’équipage qui prendrait ainsi part à ce vol inaugural viendrait donc directement de la cuvée d’astronautes que l’ÉSA est en train de recruter.

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