Le week-end de Pâques nous a rappelé l’un des plus gros problèmes bancaires de l’année. Pendant quatre jours, aucun virement SEPA n’a été possible en France et en Europe, à cause de la fermeture de l’organe au coeur du traitement des opérations, rattaché à la Banque centrale européenne en Allemagne. Tous ont été suspendus, sauf les virements instantanés, disponibles 24h/24, 7 jours sur 7 et qui ne prennent que 10 secondes.
L’une des meilleures améliorations bancaires est disponible chez plus de 50% des établissements, soit plus de 90% des comptes de paiement en France. Et pourtant… Selon le Comité national des paiements scripturaux (CNPS), supervisé par la Banque de France, seulement 3% des volumes des virements en France sont des virements instantanés. L’adoption chez les particuliers, comme chez les professionnels, est proche de zéro. La faute à qui ?
La poule aux oeufs d’or des banques
À l’heure où les Français vont dépenser 219,90 euros en moyenne cette année, le virement instantané reste un dispositif facturé par de nombreuses banques, en plus des cotisations mensuelles. L’excuse de l’innovation technologique n’est pas acceptable : les virements instantanés sont arrivés en France il y a déjà cinq ans.
Chez les établissements traditionnels, La Banque Postale et le Crédit Mutuel Arkea sont les seuls à avoir sauté le pas de la gratuité. Beaucoup le facture encore – jusqu’à un euro par opération ! – et limite son montant. Bref… tout pour ne pas motiver les clients à l’utiliser et le voir comme un service attractif qui améliore leur banque. Au moment de cliquer sur la confirmation d’un virement, l’option payante n’est pas très alléchante.
Pour pouvoir en disposer gratuitement, mieux vaut se tourner vers les banques en ligne. Sur ce point, la première en nombre de clients, Boursorama Banque, marque des points avec sa politique du tout gratuit. C’est aussi le cas de Fortuneo ou de certains comptes (payants) de Hello bank!. Chez les néobanques N26 fait partie des bons élèves mais uniquement sur ses formules premium.
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Conséquence de ces dérives des banques, le résultat est sans appel. Comparé à l’Europe, le montant moyen des virements instantanés français n’est que de 530 euros quand il est de 1780 euros ailleurs.
Cette différence excessive sur le cas français s’explique aussi par le fait que les professionnels tardent aussi à l’utiliser. Les entreprises n’osent pas se tourner vers le paiement instantané pour les mêmes raisons que les particuliers. Or il serait une vraie avancée pour eux aussi, car ils mettraient fin aux périodes d’attente de réception du virement d’un partenaire ou d’un client.
Dommage que les banques aient décidé d’en faire une source de revenus additionnelle. Mais un dernier élément pourrait venir expliquer la réticence des banques : Paylib. Elles sont nombreuses en France à avoir investi dans ce projet “Paylib” qui permet lui aussi aux utilisateurs d’effectuer des paiements instantanés. Offrir les virements SEPA instantanés sans contrepartie mettrait à mal le dispositif, déjà enterré par Google et Apple pour son service de paiement mobile.
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