Alors que les grèves se multiplient depuis la fin de l’année dernière, il semblerait que la SNCF ne parvienne pas à exploiter le plein potentiel de tous ses conducteurs. En dépit d’une pénurie de 1 200 conducteurs sur le réseau français, la compagnie ferroviaire laisserait en parallèle de nombreux conducteurs à quai.
Fin décembre, un témoignage d’un conducteur de réserve à nos confrères d’Actu.fr a fait grand bruit : ce dernier s’estime sous-exploité alors même qu’il a sollicité son employeur à plusieurs reprises pour passer en titulaire sur des lignes fréquentées.
Un rôle de remplaçant
Son rôle se cantonne aujourd’hui à servir de remplaçant à un titulaire malade ou absent. Il explique à nos confrères avoir une réelle frustration : “il y en a qui attendent de bosser mais on ne me répond même pas”. Il aurait sollicité le groupe pour obtenir une mutation à la gare de Nord afin d’aider les TER des Hauts-de-France en manque d’effectifs, en vain.
Depuis 19 ans, il travaille en tant que conducteur de réserve pour ne pas être affecté sur un seul et même trajet, comme le sont les conducteurs traditionnels. Cela ne lui empêche pas aujourd’hui de souffrir de bore-out, le syndrome d’ennui total lié à une sous-charge de travail. Ce dernier ne va pas sans rappeler les dégâts du burn-out, une situation rencontrée par de nombreux salariés face à une pression trop forte.
Alors qu’on manque de conducteurs Transilien à Saint Lazare, « Frédéric, conducteur de réserve » passe plein de journées à ne rien faire â St Lazare: depuis 2018, il est affecté à la Normandie et ne peut plus dépanner sur l’IDF.
Ces silos sont absurdes🙃https://t.co/l4tG3Dalc8— Plus de trains (@Plusdetrains) December 22, 2022
Le conducteur interrogé affirme que ces problèmes ont débuté en 2018, quand la SNCF a séparé le pôle de conducteurs de réserve basé à la gare de Saint-Lazare, à Paris : les réservistes des Transiliens et les réservistes des TER forment depuis deux équipes indépendantes. Même s’ils utilisent les mêmes voies pour leurs trains, les conducteurs ne peuvent plus passer de l’un à l’autre – même si certains trains sont parfois annulés, faute de conducteurs.
Payé 16 jours à ne rien faire
Sur les quatre dernier mois de l’année 2022, il regrette d’avoir été payé 16 jours à ne rien faire, soit l’équivalent de 3 semaines complètes. Ce salaire est supporté par la SNCF et indirectement le contribuable puisque le Conseil régional est lui-même client de la SNCF. “Depuis 2018, j’aurais dû compter le nombre de réserves fictives pour lesquelles j’ai été commandé pour me tourner les pouces pendant sept heures”, déplore-t-il.
Dans son intervention auprès d’Actu.fr, ce conducteur réserviste souhaite seulement mettre en lumière les dysfonctionnements de la SNCF, sans pour autant dénigrer son entreprise. Il suggère notamment d’élargir les zones d’intervention des conducteurs de réserve. Cela leur éviterait les longues journées à ne rien faire, dans l’attente d’une mission.
Suite à ce témoignage, le président de la Région Normandie, Hervé Morin s’est dit outré : “je n’avais jamais entendu parler de ça. Il est clair que la SNCF gagne beaucoup d’argent sur le dos des Régions. Le grand problème avec la SNCF, c’est l’opacité de son fonctionnement”. De son côté, la direction de la ligne Paris-Normandie, sur laquelle ce conducteur de réserve est attribué, s’est dit surprise par l’ampleur du phénomène.
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