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Starlink : des ONG écologistes obtiennent un blocage surprenant

La dernière décision du Conseil d’État vient de mettre un vrai coup d’arrêt à SpaceX et Starlink, cassant celle de l’Arcep.

C’est un coup dur même pour l’homme le plus riche du monde. Alors que le projet Starlink de la société SpaceX est en plein déploiement, lui qui prévoit de relier toutes les régions du monde à internet grâce à une grande constellation de satellites, Elon Musk ne pensait sûrement pas avoir à se battre contre la justice française.

En effet, tout avait plutôt bien commencé pour le milliardaire natif de Pretoria en Afrique du Sud. L’Arcep, qui est l’autorité française de la régulation des radiofréquences avait autorisé SpaceX à utiliser deux bandes différentes pour ses satellites, et ainsi offrir une couverture complète du pays aux satellites de Starlink.

Si la gronde écologique était présente dès le début du projet, comme dans de nombreux pays, ces derniers ont porté l’affaire jusqu’au Conseil d’État, qui vient de casser la décision. À l’heure actuelle, le projet Starlink est donc suspendu en France.

Starlink doit tout reprendre de zéro

Dans une décision de justice rendue ce mardi 5 avril, le Conseil d’État casse la décision de l’Arcep du 9 février dernier et donne raison aux associations écologistes. Un nouveau coup dur qui pourrait sceller le sort de Starlink en France alors que le projet américain ne disposait déjà plus que d’une des trois stations initialement prévues.

Pour rappel les projets de Saint-Senier-De-Beuvron et de Gravelines avaient été abandonnés après la gronde des locaux. Le maire de la première commune était d’ailleurs farouchement opposé au projet, lui qui ne voulait pas que sa commune serve de « cobaye ». Il y a des oppositions notamment sur l’occupation de l’espace et des modifications du paysage qu’impliquent ces stations.

Des riverains craignent également de leur côté les “impacts” supposés des rayonnements électromagnétiques sur l’environnement et la santé des habitants. Rappelons au passage que ces craintes sur les rayonnements électromagnétique sont une arlésienne depuis le lancement des premiers téléphones mobiles dans le pays.

Certaines voix agitent périodiquement la crainte d’une hausse des cancers et d’autres maladies supposément causées par ces rayonnements. Sans parler de “l’électrosensibilité” qui suscite encore beaucoup de débats dans la littérature médicale. Or, depuis les années 1980, le recul sur l’effet de ces ondes commence à être important. Aucune épidémie ou hausse de problèmes de santé graves en lien avec les rayonnements électromagnétiques n’a été scientifiquement démontré.

Ce qui n’empêche pas les craintes et les peurs de reprendre parfois le dessus. Paradoxalement, le déploiement de ce type d’accès ne nécessite que peu de travaux ou d’installations au sol, de même que le réseau qui consomme essentiellement de l’énergie solaire (puisque les milliers de satellites Starlink sont alimentés par des panneaux solaires), ce qui semble a priori plutôt respectueux d’engagements en faveur de la planète tels que ceux détaillés dans les accords de Paris sur le climat.

La fronde des deux ONG écologistes a donc de quoi surprendre, d’autant qu’elle pourrait mettre un coup d’arrêt aux ambitions de Starlink dans le pays. Malgré les bénéfices que peuvent apporter le service et l’absence de projet Européen actif (il y a bien eu des déclarations récentes sur un possible projet, mais compte-tenu de la vitesse d’autres initiatives comme Galileo…), voire Français (même lointain) concurrent, l’arrivée du service en France suscite quelques levées de boucliers.

Pour en revenir à la décision du Conseil d’État, la plus haute juridiction de France justifie son choix en expliquant que l’Arcep a manqué à son devoir en ne faisant aucune « consultation du public ». Aujourd’hui les deux associations écologistes qui étaient dans cette lutte juridique (Priartem et Agir pour l’environnement) espèrent que l’Arcep « va procéder à une évaluation économique et environnementale du projet de Starlink » selon la voix de Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement.

Internet par satellite : peut-on vraiment se passer de Starlink ?

Aujourd’hui, une poignée projets d’internet par satellites sont en développement aux quatre coins du monde. Si celui de SpaceX est le plus avancé, et donc le plus connu, Amazon compte également réaliser le lancement de satellites en orbite au cours de cette année. Elle a d’ailleurs annoncé hier la confirmation de 83 tirs, dont 18 seront effectués par Ariane 6.

En plus de ce projet de Jeff Bezos, il y a aussi un possible projet européen, mais, comme nous vous le disions ses contours sont encore assez évanescents. Pour le moment très en retrait dans ce dossier, la Chine pourrait également faire un bond en avant en ce qui concerne l’internet par satellites, alors que le projet Guowang a été annoncé il y a quelques semaines avec l’objectif final d’avoir une constellation de près de 13 000 satellites en orbite.

Consciente d’avoir un peu accéléré ses procédures – visiblement parce que le service aidait le plan France Très Haut Débit à se concrétiser plus vite dans les territoires – l’Arcep s’est engagé à lancer une consultation publique “dans les plus brefs délais”.

Lire aussi – Starlink, OneWeb… il n’en restera qu’un après la guerre en Ukraine

En cas d’issue positive, l’Arcep pourrait de nouveau autoriser Starlink à construire des stations base en France et à commercialiser son service. Espérons simplement que les positions sommes toutes idéologues de certains ne prendront pas le pas sur la raison…

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4 commentaires
4 commentaires
  1. Sage décision du Conseil d’État. Ouvrons un réel débat démocratique sur ce sujet crucial qu’est le droit à chacun (et à nos futurs enfants) de profiter d’un ciel étoilé observable par tous sans pollution lumineuse et d’un espace sans déchets supplémentaires au profit de quelques-uns… Espérons simplement que les positions sommes toutes idéologues de certains ne prendront pas le pas sur la raison (sic)

    1. Pour 10000 satellites en orbite basse vous ne pourrez avoir qu’un seul satellite dans votre cône de champ visuel. Ne reflétant plus lumière comme au début, je vous souhaite bon courage pour tenter de l’observer à l’œil nu !
      Pour info, aujourd’hui Starlink utilise moins de 2000 satellites et le système fonctionne parfaitement en France.

      1. Oui 2000 satellites, mais 42000 à terme.Et je pense que si toutes les associations à l’échelle mondiale se sont mobilisées contre ce projet c’est certainement par pur dogmatisme anti technologie.
        L’article est fallacieux dans le sens où il fait référence au rejet de carbone alors que le but des ONG requérantes était d’alerter sur d’autres problématiques

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