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Une réponse écologique de taille grâce à ce puit d’énergie verte “sans fin”

Une source d’énergie verte “sans fin” au large du Japon pourrait faire de grands changements.

Le test fut un succès, rapportait fin mai l’agence Bloomberg. Avec le fabricant IHI Corp, le Japon a testé son premier prototype d’hydrolienne “Kairyu”, une gigantesque turbine de 330 tonnes qui s’est immergée dans les profondeurs de l’océan Pacifique, à l’est de l’archipel, pour produire de l’électricité grâce aux courants maritimes.

Exploitant le Kuroshio – le deuxième plus puissant courant maritime au monde – l’hydrolienne se prépare à mettre fin à la dépendance en énergie fossile du pays. À terme, l’ambition est de porter à 60% la production électrique grâce à ce puit d’énergie verte “sans fin” – soit 200 gigawatts. Un tournant historique alors que le Japon est le cinquième plus gros pollueur au monde.

Une efficacité énergétique redoutable

Ken Takagi, professeur de politique des technologies océaniques à la Graduate School of Frontier Sciences de l’Université de Tokyo, présentait le projet comme une vraie solution pour sortir le Japon de sa dépendance au pétrole. Car en même temps d’être le premier pays en termes d’infrastructures photovoltaïque, il reste largement dépendant des énergies fossiles pour sa production électrique.

“L’énergie éolienne est géographiquement plus adaptée à l’Europe, qui est exposée à des vents d’ouest prédominants et située à des latitudes plus élevées”, expliquait-il à Bloomberg, ajoutant que “les courants océaniques ont un avantage en termes d’accessibilité au Japon”.

En parallèle aux coûts de production et à l’innovation nécessaire, l’une des principales barrières aux productions d’électricité verte est aussi l’efficacité énergétique des infrastructures. Comprenez par là qu’une éolienne ne fonctionne pas sans vent, ou qu’un panneau solaire ne fonctionne pas sans soleil. Sur ce point, l’hydrolienne japonaise serait redoutable, avec une efficacité estimée à 70% selon Bloomberg (solaire 15%, éolienne terrestre 29%).

Hydrolienne IHI Corp NEDO
“Kairyu”, une gigantesque turbine de 330 tonnes qui s’est immergée dans les profondeurs de l’océan Pacifique © IHI Corp

“Il existe des défis d’ingénierie”

La route sera encore longue malheureusement. Si la société derrière l’hydrolienne a conclut du succès de sa première expérimentation (pendant 3 ans), il faudra encore attendre au moins jusqu’à 2030 avant d’espérer voir le système en activité. Le dispositif d’IHI Corp est censé exploiter le Kuroshio entre 30 et 50 mètres de profondeur et “il existe des défis d’ingénierie”, écrivait un journaliste de Bloomberg.

Et en l’absence d’autres sources d’énergie renouvelable, le Japon cherche d’autres solutions pour exploiter au mieux l’océan. Aux côtés de l’hydrolien, l’Ocean Energy Systems, une organisation intergouvernementale de l’International Energy Agency prédisait qu’avec des systèmes qui exploiteraient la force motrice des marées, il serait possible d’atteindre une production de 300 gigawatts d’ici 2050.

En Europe aussi, ces “marémoteurs” sont prisés. Dans l’archipel des Orcades, au nord de l’Écosse, de nombreuses entreprises dont l’Orbital Marine Power se sont installées. James Dehlsen, le pionnier du développement de l’énergie éolienne aux États-Unis, lancera lui aussi son marémoteur de test l’année prochaine.

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7 commentaires
7 commentaires
  1. C’est toujours la même chose, on nous sort toujours des projets pour faire de l’électricité verte avec des prévisions de résultats extraordinaire mais, on ne parle jamais de l’empreinte carbonne de la fabrication de ces turbines, de l’installation en mer, et surtout de la maintenance ! Je ne parle même pas de l’impacte biologique lorsqu’on modifie les courants marins… Avec toutes les toitures qui sont disponibles ou l’on pourrait installer de panneaux solaire…
    Qu’est ce que ceux qui s’en foutent plein les poches nous prennent vraiment pour de c*ns…

    1. Malheureusement, l’empreinte carbone des panneaux solaires est loin d’être neutre, tant à leur fabrication qu’à leur démantèlement…

    2. A partir du moment où même un pet a une empreinte carbone, faut arrêter de croire qu’on peut innover sans impact.

      Et modifier le courant marin, l’un des plus puissants de la planète qui plus est, avec une turbine, n’est pas un sujet. Les panneaux solaires sont un désastre par contre, vu leur impact écologique et leur rendement.

  2. 330 tonnes pour 100kW. Même avec 60-70% de facteur de charge, c’est mauvais.
    Une éolienne et un pack batterie serait infiniment moins gourmand en ressources.
    C’est pas con de développer cette technologie mais faut pas déconner, le modèle français d’hydrolienne atteint difficilement 2MW pour 400 tonnes (même chose pour le modèle anglais en Ecosse ou au Canada). Il en faudrait un peu moins de 100 000 juste pour couvrir 60% des besoins du Japon…
    On pourrait pas développer le solaire et l’éolien, garder le nucléaire en attendant tout en changeant les habitudes à la con? Parce que bon, pour la France, on garde un réacteur nucléaire allumé en permanence juste pour garder nos appareils en veille. Ou on pourrait aussi réduire l’éclairage public et l’affichage publicitaire.
    Et quel intérêt d’avoir installé des Linky si c’est pour pas faire tourner mon chauffe-eau quand on surproduit solaire et eolien?
    Avant de promettre la lune dans 10 ans avec des technologies futuristes, on pourrait déjà corriger les problèmes immédiats, on a déjà les technologies pour.

  3. “Et en l’absence d’autres sources d’énergie renouvelable, le Japon cherche d’autres solutions pour exploiter au mieux l’océan.”

    C’est faux, le Japon est couvert de sources d’énergies renouvelables, dont la plupart sont actuellement sous-exploitées. Soleil, vent, géothermie, bois, hydroélectricité… Sans parler des gisements d’énergies de récupération (chaleur fatale des usines et des datacenters, par exemple), et de l’immense potentiel complètement ignoré du côté des économies d’énergie dans les bâtiments.

    Bref, ce projet d’énergie marine est intéressant, mais ne doit pas masquer les actuelles faiblesses de la politique japonaise de transition énergétique, qui est dictée par les lobbies pro-fossiles (et pro-nucléaire, même si c’est plus difficile pour cette industrie de faire entendre sa voix depuis Fukushima).

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