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USA : submergés par la désinformation, les géants du web tentent de réagir

Facebook, Twitter, et les autres réseaux sociaux modèrent comme ils le peuvent les débordements, mais ils agissent souvent avec du retard.

El Oraculo de Zamna, le nom de ce YouTubeur hispanophone ne vous est probablement pas familier. Pourtant, au lendemain de l’élection présidentielle américaine, ce dernier a tranquillement affirmé lors d’un direct sur YouTube que Donald Trump l’avait emporté et que les démocrates tentaient d’organiser un coup d’État.

Loin d’être anecdotique, le succès de ce compte conspirationniste illustre les difficultés des géants du web à contrer le flot de désinformation électorale aux Etats-Unis. Confrontés à ce phénomène massif, ils tentent de réagir, mais leur modération arrive souvent à contretemps.

Ces campagnes auraient notamment visé spécifiquement les électeurs latinos dans l’état clé de la Floride via WhatsApp, afin de les décourager de prendre part au vote. Dans la foulée de ce scrutin très disputé, des chercheurs cités par Vice ont aussi pu identifier ce mercredi 43 publications en espagnol qui insistaient sur une supposée fraude électorale et avaient généré près de 1 116 566 interactions avant la mi-journée.

Quand le camp Trump orchestre la désinformation

Les grandes plateformes, dont Facebook, ont pris des mesures énergiques contre QAnon et ses partisans, pourtant le média américain estime que ces comptes seraient passés entre les mailles du filet de la modération.

Les fausses nouvelles passent aussi par l’anglais et émanent directement du camp Trump, voire du président lui-même. Comme le relèvent nos confrères du Monde, le jour du vote a été plutôt calme en la matière, mais dès le lendemain l’incertitude liée au décompte des voix a déclenché les hostilités.

De nombreux tweets du candidat républicain ont été masqués et signalés aux utilisateurs. Le propos est quasiment toujours le même. Il accuse son adversaire et les démocrates de voler les votes et de tenter de l’emporter en trichant. La modération intervient de manière régulière mais il faut à chaque fois plusieurs minutes voire une heure au réseau social pour réagir.

Sur Facebook, les publications du président restent quant à elles en place, mais la plateforme y accole un message informant les utilisateurs que les résultats ne sont pas encore définitifs et que « les responsables des dépouillements suivent des règles très strictes pour le décompte, le stockage et la transmission des voix ».

Les partisans de Donald Trump se sont également organisés en créant le groupe « Stop the Steal » (Arrêtez ce vol). Ce dernier, qui comptait déjà plus de 300 000 membres seulement 48 heures après son ouverture, a finalement été fermé par le réseau social. Il aurait été formé des stratèges et des communicants proches du parti républicain et comprenait de nombreux messages de désinformation. On pouvait par exemple y lire que les démocrates complotaient pour voler l’élection.

Pour tenter de contrer de nouvelles tentatives, Facebook et TikTok viennent justement de décider de bloquer les hashtags les plus utilisés pour diffuser des fausses nouvelles. #stopthestreal en fait partie mais on retrouve aussi #riggedelection et #ElectionMeddling qui sont fréquemment utilisés par des utilisateurs proches de la mouvance QAnon.

Sauf que ce combat est peut-être bien perdu d’avance. TechCrunch a ainsi relevé toute une série de variantes dans les expressions utilisées telles que #CrookedJoeBiden, #CrookedDem, #CoupdEtat, #ElectionMeddling, #DemocratsAreDestroyingAmerica et les plateformes devront donc mettre à jour régulièrement leurs filtres pour ne pas les laisser passer.

Des manifestations sous la bannière “Stop the Steal”

D’autres sites sont aussi pointés du doigt pour leur modération jugée trop laxiste. Ainsi YouTube estime qu’une vidéo qui affirme que Donald Trump a remporté les élections peut rester en ligne. Cette publication de la chaîne One America News Network est pourtant une tentative de désinformation assez nette. Pour la plateforme, elle enfreint certes son règlement en matière de publicité mais pas ses politiques de contenu. YouTube a donc démonétisé la vidéo et l’a assorti d’une étiquette indiquant les résultats des élections « peuvent ne pas être définitifs ». Cela n’a en rien gêné les utilisateurs qui l’ont à ce jour visionné près de 425 000 fois.

Tandis que les républicains tentent le tout pour le tout pour peser sur la fin du dépouillement, les débordements observés sur les réseaux sociaux pourraient bien se transposer dans le monde réel. Le Monde a ainsi dressé l’inventaire des nombreuses manifestations que des influenceurs conservateurs tentent d’organiser dans des états clés. Les militants sont invités à utiliser des thèmes désormais bannis par les grandes plateformes et par exemple l’expression « Stop the Steal ».

Le climat de tension très présent en ligne pourrait aussi prendre la forme d’actions plus violentes. Deux hommes ont en effet été arrêtés hier dans la nuit à Philadelphie et la police enquête sur une possible tentative d’attaque contre le centre de dépouillement.

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4 commentaires
4 commentaires
  1. Peut-être faut-il rappeler que les Fake news font parties intégrantes du business model des réseaux sociaux (Voir par exemple à ce sujet l’intéressant documentaire : Derrière nos écrans de fumée). Ainsi, les géants des réseaux sociaux eux aussi marchent sur une ligne de crête consistant à encourager les fakes news…jusqu’à un certains points, ou les effet négatifs dépasseraient les effet positif en terme de captivité / temps de cerveau disponible.
    C’est finalement un peu le même business model que les marchands de tabac ou de drogue etc. Et d’ailleurs, le parallèle est pertinent à plus d’un titre

  2. Ils pourraient le mettre dans une sandbox avec un faux Twitter géré par une IA qui lui mettrait des likes et des réponses générés automatiquement, mais rien n’irait dans le vrai Twitter.

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