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Vous pouvez gagner de l’argent en partageant vos mots de passe

Vous partagez les identifiants d’accès à vos abonnements Netflix ou Spotify avec des proches. Et si vous en faisiez une source de revenus ?

Nous l’avons certainement tous fait, au moins de façon ponctuelle. Avec tous les abonnements à différents services et plateformes digitales, difficile de résister à la tentation de partager ses identifiants et mots de passe avec des proches, famille ou amis, afin qu’ils puissent profiter d’un bon film, d’une série ou d’un match de foot.

C’est l’un des dommages collatéraux de la “privatisation” grandissante de tous les contenus, notamment ceux dont on était habitués à profiter gratuitement, et qui sont au fil du temps – ou brusquement – devenus payants. Dans ce contexte, transmettre un identifiant à un bon copain pour qu’il profite d’une demi-finale de Ligue des Champions ou d’une énième victoire de l’OL sur l’ASSE (ou sur l’OM), ou de la dernière saison de Game Of Thrones, semble assez anodin, et peu susceptible de mettre les grands plateformes ou industriels de l’entertainement en péril.

Au contraire, il se dit même que cela pourrait leur apporter des nouveaux clients qui ne seraient jamais abonnés sans cette période d’accès et d’essai gratuit providentielle.

Le “coabonnage” ou partage d’abonnement, pratique légale ou vrai mirage ?

Mais est-ce légal ? Pas vraiment, si l’on se réfère aux conditions d’utilisation des plateformes. Nous en avons pris deux au hasard, parmi les plus populaires, à savoir Netflix et Spotify.

Voici ce qu’elles indiquent :

Netflix

4.2. Le service Netflix, ainsi que tout contenu regardé via le service, est réservé à un usage uniquement personnel et non commercial et ne doit pas être partagé avec des personnes extérieures à votre foyer. Pendant la durée de votre abonnement, nous vous accordons un droit limité, non exclusif et non transférable vous permettant d’accéder au service Netflix et de regarder le contenu Netflix. À l’exception de ce qui précède, aucun droit, titre ou intérêt ne vous est accordé. Vous acceptez de ne pas utiliser le service pour des projections publiques.

4.6. Vous vous engagez à ne pas archiver, reproduire, distribuer, modifier, afficher, exécuter, publier, concéder, créer des œuvres dérivées, vendre ou utiliser (sauf autorisation expresse mentionnée dans les présentes Conditions d’utilisation) le contenu et les informations du service Netflix (ou obtenus via celui-ci).

Spotify

5 Utilisation de notre service
Le Service Spotify et le Contenu sont la propriété de Spotify ou des concédants de licence de Spotify. Nous vous concédons une licence limitée, non exclusive et révocable d’utiliser le Service Spotify, ainsi qu’une licence limitée, non exclusive, révocable d’avoir une utilisation personnelle, non commerciale, à des fins de divertissement du Contenu (la « Licence »). La présente Licence restera en vigueur jusqu’à sa résiliation par vous ou Spotify. Vous promettez et convenez que vous utilisez le Contenu pour votre utilisation personnelle, non commerciale, et à des fins de divertissement et que vous ne redistribuerez ni ne transférerez le Service Spotify ou le Contenu.

  • copier, redistribuer, reproduire, « ripper », enregistrer, transférer, exécuter ou afficher au public, diffuser, ou mettre à la disposition du public, toute partie du Service Spotify ou du Contenu, ou utiliser le Service Spotify ou le Contenu de manière non expressément autorisée par les Contrats, ou la loi en vigueur, ou de toute autre manière violant les droits de propriété intellectuelle (tels que le droit d’auteur) du Service Spotify ou du Contenu, ou toute partie de celui-ci ;

  • […]

  • vendre, louer, concéder en sous-licence, ou louer à bail toute partie du Service Spotify ou le Contenu ;

Comme on peut le constater à la lecture de ces règles d’utilisation, les géants du streaming ont déjà bien anticipé leur réponse à ces cas de figures, que ce soit dans le cas d’un partage à titre gracieux, ou a plus forte raison, payant. Bref, pas question de faire du beurre sur leur dos, un peu à la façon d’un propriétaire foncier qui interdit à son locataire de sous-louer son appartement.

Il a même été question que les plateformes aillent encore plus loin. Lors du dernier CES, une entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle s’est penchée sur la question du partage d’abonnements et propose une solution qui limite cet usage en analysant l’activité et la légitimité d’un compte. D’ailleurs, pas besoin d’IA, tous les abonnés à Canal Plus (l’une des boites les plus féroces en matière de lutte contre le piratage) ont déjà remarqué depuis de nombreuses années que leur compte ne peut être partagé que sur trois appareils, tant il est vrai que les moyens d’identifier un terminal ne manquent pas, ne serait-ce qu’avec son adresse IP.

Arrondir ses fins de mois, mais pour combien de temps ?

Le phénomène est pris très au sérieux par les plateformes, car l’impact économique de ce partage de compte serait en fait énorme. Selon une étude menée aux États-Unis, un tiers des millenials opterait pour cette stratégie de partage de compte. Bilan ? Des milliards de dollars perdus pour Netflix et consorts. En France, plus d’une personne sur dix agée de 18 à 35 ans le pratiquerait.

De quoi donner des idées à des entrepreneurs, qui ont créé Spliiit, une startup spécialisée dans le “coabonnage” (c’est leur propre terme). Selon Jonathan Lalinec, co-fondateur, “Alors que 95% d’entre nous avons au moins un abonnement, ces petits montants additionnés chaque mois étouffent à petit feu le pouvoir d’achat. Souvent illégaux mais pas toujours, ces partages d’abonnements sont gentiment tolérés par les géants du streaming comme Netflix. (Rappelons qu’ils paient souvent très peu d’impôts en France, ce qui est assez gentiment toléré…)”. La solution proposée par Spliiit permet de partager facilement, et moyennant rémunération, ses abonnements divers afin d’en faire profiter son entourage tout en amortissant leur coût. Bien sûr la jeune pousse prend sa dîme au passage, soit 4% du montant des transactions.

De quoi se faire une cagnotte récurrente à base d’abonnements ? Probablement, sauf si Netflix et compagnie vous envoient la maréchaussée…

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3 commentaires
3 commentaires
  1. Société d’intermédiaire financier qui n’est pas immatriculée à l’ORIAS = société ne travaillant pas dans la légalité.

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