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Worldline, Ingenico : fin du leadership français dans le paiement

Conséquences de la menace des fintech et des big tech américaines, notamment Apple.

Worldline, le groupe français qui avait racheté les solutions de terminaux de paiement Ingenico, en 2020, va revendre son activité à un fonds d’investissement américain. Le spécialiste basé à Bezons dans le Val-d’Oise vient de l’annoncer par la voie d’un communiqué de presse dans lequel nous venons d’apprendre que des négociations exclusives avaient lieu et que la vente se prépare pour le second semestre de 2022.

Cette nouvelle était attendue de la part des actionnaires, alors que l’action Worldline, à Euronext, faisait du sur-place depuis 2020, chutant même de près de 50 % depuis le 23 juillet 2021. La cession des terminaux de paiement hérités de la vente d’Ingenico est un nouvel épisode d’un autre empire français délaissé aux mains des Américains. Un symbole, aussi, d’une concurrence devenue prépondérante chez les entreprises technologiques comme Apple.

Un empire français

Ingenico, Worldline… ces équipements se sont installés chez la plupart des commerçants ces dernières décennies et les deux sociétés françaises permettaient de placer la France en tant que leader des produits physique d’encaissement par carte bancaire. Placé dans l’ombre, à l’inverse de PayPal ou de Visa, vous utilisez pourtant ses services sans le savoir. La plupart des terminaux que vous avez utilisés dans votre vie proviennent de l’une de ces deux entreprises…

En chiffres, en 2019, Ingenico représentait encore 40 % des parts de marché des appareils en point de vente. Le nombre d’appareils en circulation s’établissait à 300 millions, chez plus de 550 000 clients, 330 moyens de paiement acceptés ainsi que plus de 1000 banques. Ingenico, que Wordline rachetait pour 7,8 milliards d’euros en 2020, est présent dans 170 pays. Après l’opération, Worldline est même devenu le numéro 4 mondial du paiement numérique.

Wordline bourse
L’action Worldline ces cinq dernières années © Google

Pourtant, l’activité n’était plus rentable ces deux dernières années – les investisseurs craignant la poussée croissante de la concurrence américaine. Worldline perdait près de 50 % depuis la mi-2021. En octobre, l’année dernière, ses résultats du trimestre étaient bien en dessous des attentes des analystes, à seulement 960 millions d’euros. En vigueur depuis le début d’année 2020, le sentiment chez les actionnaires que l’activité dans les paiements n’était plus aussi rentable que les autres entités du groupe.

“Certains investisseurs, notamment les Anglo-Saxons, restent dans l’attente d’une annonce de la cession des terminaux de paiement. Cette division est moins rentable et affiche une croissance moins forte que les autres entités du groupe. La vente pourrait redonner de l’attrait à Worldline en Bourse”, expliquait un gérant chez Montpensier Finance, au journal Les Echos en 2020.

Une telle perte de vitesse ne pouvait pas venir d’une erreur de stratégie de la part du groupe, mais plutôt d’un changement majeur sur le marché. En parallèle à l’arrivée d’une concurrence massive, le choc Apple. La marque à la pomme, depuis son rachat de Mobeewave basée à Montréal au Québec, a créé une onde de choc. Son objectif : reconvertir l’ensemble de ses iPhone en terminaux de paiement, grâce à la technologie NFC et une solution innovante.

“Tap to Pay sur iPhone fournira aux entreprises un moyen sécurisé, privé et simple d’accepter des paiements sans contact et de débloquer de nouvelles expériences de paiement”, annoncé Apple dans un communiqué lors du rachat. “Demain, il n’y aura plus besoin d’un terminal pour qu’une transaction soit sécurisée, cela se fera par un logiciel”, affirmait Samuel Manassé, le fondateur de Yavin, qui développe ce genre de logiciels sur Android, dans un article de Capital.

Ingenico et Wordline, déjà à l’époque, n’étaient pas les seuls à craindre cette annonce. SumUp, Zettle (qui appartient à PayPal) et leurs TPE mobile, ou encore le matériel et les solutions de Square pourraient très vite devenir obsolètes aussi.

Le fonds Apollo et sa réputation

Le nom d’Apollo, un fonds d’investissement américain, faisait déjà partie des bruits de couloir alors que la direction de Wordline avait clairement indiqué qu’elle ne souhaitait pas revendre son activité à l’un de ses concurrents sur le secteur du paiement. D’ailleurs, “seuls des fonds seront capables de mettre une telle somme sur la table”, disait Emmanuel Farah, délégué syndical de la CFTC au sein d’Ingenico Group, au quotidien économique français.

Lancé par le milliardaire Leon Black en 1990, Apollo est donc devenu, depuis ce lundi, le fonds privilégié pour la cession de l’activité dans les paiements TSS (Terminaux, Solutions et Services). Le rachat concernerait les 100% de l’activité et le montant de l’offre est estimé à un peu moins de 2,3 milliards d’euros. Bien moins que les 7,8 milliards investis par Worldline en 2020…

De cette chute de la valorisation des terminaux français, le fonds Apollo ne pouvait pas fermer les yeux. ll faut dire qu’il a construit sa popularité autour de ses rachats d’entreprises en perte de vitesse. Ses investissements n’ont pas toujours régi de cette logique, mais dans un article, une journaliste de Bloomberg résumait le succès du fonds Apollo ainsi : “acheter à prix très bas des entreprises en difficulté, avec beaucoup de dettes puis imposer des mesures d’austérité drastiques”.

Avec Worldline, nous devrions donc nous attendre à d’importantes modifications dans l’offre et la stratégie, avec une priorité sur le logiciel plutôt que sur les supports physiques.

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5 commentaires
5 commentaires
  1. L’auteur n’y connait rien de rien. La valorisation d’Ingenico c’était un peu les terminaux mais surtout les plateformes de services monétiques. Donc dire que la valorisation est passée de 7.8 Mds à 2.5 ne veut rien dire.
    Et Worldline conserve bien entendu cette ligne de services et se débarrasse du hard
    Ensuite le principal concurrent sur les terminaux n’est plus américain depuis des lustres mais chinois, c’est PAX.

  2. L’auteurbde l’article est complètement à la rue, que ce soit en terme juridique, ou sur l’emplacement du siège social. Un peu de recherche avant de publier un article ne tuerait pas!

  3. Article putaclic. La session de la partie terminaux avait été demandé par les régulateurs de marché européen avant l’achat d’Ingenico car cela représentait une situation largement dominante en Europe

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