La cour d’appel de Paris vient de confirmer la condamnation de Stéphane Richard dans le cadre de l’affaire Tapie – Crédit Lyonnais. En 1992, Bernard Tapie, alors ministre sous François Mitterrand, vend la société Adidas pour éviter tout conflit d’intérêts. Le mandat de vente est confié à une filiale du Crédit Lyonnais. En 1993, la vente est bouclée pour l’équivalent de 472 millions d’euros.
Or Bernard Tapie reste un homme d’affaires très endetté. Le mémorandum qu’il avait conclu avec le Crédit Lyonnais est cassé par la banque – ce qui le met en situation de faillite personnelle. L’homme d’affaire se penche alors sur le montage réalisé par le Crédit Lyonnais pour vendre Adidas. S’ouvre alors une procédure judiciaire qui va durer quinze ans.
Le conseil d’administration d’Orange s’était réuni à 18 heures le jour même
Initialement exclu de ces procédures – il a entre-temps perdu le contrôle de BT Finance qui était le vrai détenteur d’Adidas – il finit par rejoindre la plainte. Et le 11 juillet 2008, il obtient, des suites d’un arbitrage polémique, la somme de 403 millions d’euros dont 243 millions d’euros de dommages, 115 millions d’euros d’intérêts, et 45 millions d’euros de préjudice moral.
Beaucoup de personnalités de premier plan sont impliquées dans cet arbitrage, dont Christine Lagarde et celui qui était alors son directeur de cabinet, Stéphane Richard. Christine Lagarde avait bien été condamnée dans cette affaire, mais pour simple négligence. Elle a été d’ailleurs dispensée de peine en 2016 par la Cour de justice de la République.
La présidente de la cour d’appel Sophie Clément estime néanmoins mardi 24 novembre que Stéphane Richard a « commis des actes graves en privilégiant les intérêts de Bernard Tapie au détriment de ceux de l’Etat », et ajoute que cela a jeté le “discrédit” sur la fonction publique et contribué à affaiblir l’Etat. La magistrate poursuit : « ces actes ne peuvent pas être considérés comme une simple négligence compte tenu de leur qualité répétée et délibérée ».
Stéphane Richard souhaite se pourvoir en cassation
Du coup, Stéphane Richard a été condamné en appel à 50 000 euros d’amende, et un an de prison avec sursis. Une peine assez clémente en comparaison de ce que demandait l’accusation, à savoir 100 000 euros d’amende et 3 ans de prison dont deux avec sursis. Stéphane Richard a également annoncé qu’il va se pourvoir en cassation.
“Il n’y a eu aucun élément nouveau dans ce procès en appel […] les griefs sont passés d’escroquerie à complicité, puis à la relaxe totale, et aujourd’hui de nouveau à une relaxe sur la complicité d’escroquerie… mais une condamnation pour complicité de détournement [de fonds] publics, c’est à n’y rien comprendre et profondément injuste !”, explique Stéphane Richard cité par Le Monde.
Et le responsable d’ajouter « remettre [son] mandat entre les mains du conseil d’administration d’Orange” qui a tenu une réunion tendue mercredi soir pour décider du sort de son président. Le PDG d’Orange avait dit son souhait de rester à la tête d’Orange après la fin de son mandant en 2022. Néanmoins Bruno Le Maire avait aussi prévenu l’intéressé qu’une condamnation le conduirait à remettre prématurément son mandat.
Départ le 31 janvier au plus tard, voici ses potentiels successeurs
Et c’est exactement ce qui s’est passé hier soir. D’un côté des sources du gouvernement indiquaient un souhait de le voir quitter ses fonctions avant la fin de l’année. Mais de son côté Orange souhaitait se donner un peu plus de temps pour assurer une “passation sereine”. Finalement, Stéphane Richard assurera l’intérim jusqu’au 31 janvier 2022.
“Les administrateurs le remercient pour son engagement à la tête d’Orange depuis 11 ans, de l’apaisement après la crise sociale à la transformation d’Orange en opérateur multi-services de premier rang en Europe et en Afrique” explique Orange dans un communiqué. “Il aura marqué l’histoire du groupe dans des périodes parfois tumultueuses et toujours en préservant l’intérêt de l’entreprise”.
Et Orange d’ajouter : “Le conseil d’administration poursuit le processus de recherche engagé depuis quelques mois, afin de mettre en place la nouvelle gouvernance du groupe”. Il faut maintenant, en effet, trouver à Stéphane Richard un ou deux successeurs. Or, Stéphane Richard avait commencé à préparer sa succession ces derniers mois. Du coup plusieurs noms circulent.
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Notamment ceux de Fabienne Dulac, actuelle directrice d’Orange France et Jean-François Fallacher président d’Orange Espagne. Il y a également deux autres choix possibles. Orange pourrait choisir Michaël Trabbia qui dirige l’innovation du groupe. Ou le directeur financier Ramon Fernandez. Ce dernier n’a néanmoins pas les faveurs de Stéphane Richard qui estime qu’il a une vision “trop financière” et ne prend pas assez de risques.
À toutes mes chères équipes d’Orange, qui m’ont témoigné aujourd’hui leur soutien et leur affection, je veux dire ma profonde gratitude, et la fierté que j’ai éprouvée tout au long de ces onze années à être leur capitaine, dans les bons et les mauvais jours.
— Stéphane Richard (@srichard) November 24, 2021
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