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Andy Bryant (bitFlyer) : “la régulation est essentielle pour assurer l’avenir des crypto-monnaies”

bitFlyer est une plateforme d’échange de crypto-monnaies qui connait un vif succès à travers le monde. Celle qui se positionne parmi les acteurs les plus populaires sur son créneau exige davantage de régulation pour assurer le développement du marché.

bitFlyer est une institution au Japon, l’un des rares pays à avoir reconnu le Bitcoin comme devise officielle. La plateforme d’échange de crypto-monnaie régulée a bâti sa notoriété sur une plateforme technique qui permet l’échange de crypto-monnaies avec la plus grande transparence. Présente aux États-Unis depuis 2017 et en Europe depuis 2018, elle s’impose aujourd’hui comme un acteur incontournable dans le marché. Nous avons interrogé Andy Bryant, directeur des opérations chez bitFlyer Europe, pour en savoir davantage sur les clés de son succès.

Presse-citron : pour nos lecteurs qui ne connaissent pas encore bitFlyer, pouvez-vous nous présenter la société ainsi que son activité principale quelques mots ?

Andy Bryant : bitFlyer est une plateforme d’échange de crypto-monnaies qui a été fondée en 2014, au Japon. Nos utilisateurs peuvent à tout instant acheter et vendre des crypto-monnaies, avec un niveau d’exécution plus ou moins avancé.

Au Japon, nous nous sommes imposés comme la référence sur cette activité, à tel point que les japonais associent aujourd’hui le mot “Bitcoin” avec notre marque.

Le succès de notre offre nous a permis de nous étendre assez rapidement dans le monde : nous avons aujourd’hui un bureau au Luxembourg pour couvrir le marché européen, et un autre à San Francisco pour répondre à la clientèle nord-américaine. Partout où nous exerçons, les régulateurs nous ont octroyé une licence d’exploitation pour servir nos utilisateurs dans le respect des règles et avec un maximum de sécurité. Aux États-Unis, nous sommes fiers d’avoir été la première société non-américaine à décrocher la fameuse BitLicense.

Pour en venir maintenant dans le détail de notre offre, bitFlyer propose 2 versions de sa plateforme qui permettent de répondre aux différents besoins de sa clientèle. Il y a d’abord une version simplifiée qui s’adresse au grand public et qui permet d’avoir un accès facile au marché des crypto-monnaies. En parallèle, nous avons aussi une plateforme plus avancée, baptisée “bitFlyer Lightning”, qui permet aux professionnels de se positionner sur le marché avec des algorithmes plus complexes.

BitFlyer
La plateforme grand public © bitFlyer

Presse-citron : ces dernières années, bitFlyer est allé au delà du crypto-exchange. Pouvez-vous nous en dire plus sur la gamme de services que vous proposez ?

A.B. : C’est tout à fait ça, bitFlyer a développé une série d’activités qui contribuent à la démocratisation des crypto-monnaies et de la blockchain à travers le monde. Par exemple, nous avons scindé il y a peu de temps l’une de nos activités historiques sous une marque indépendante : bitFlyer Blockchain. Ce business accompagne des sociétés dans divers secteurs – tels que l’immobilier, l’assurance ou encore la banque – dans leurs efforts pour faciliter leur gestion avec la blockchain, la technologie sous-jacente aux crypto-monnaies.

Au Japon, nous avons aussi développé une solution qui permet aux commerçants physiques d’accepter les paiements en crypto-monnaies. Les détenteurs de ces devises électroniques peuvent ainsi facilement régler leurs dépenses du quotidien grâce aux terminaux compatibles et à la solution technique que nous avons installé chez tous nos partenaires.

Presse-citron : bitFlyer prend régulièrement part à des discussions pour demander davantage de régulation dans le secteur des crypto-monnaies. Pourquoi jugez-vous cela nécessaire ?

A.B. : Chez bitFlyer, nous pensons que la régulation est une étape essentielle pour le bon développement du marché des crypto-monnaies parce que les utilisateurs se doivent d’être correctement protégés à tous les niveaux : ils doivent être protégés du risque de piratage, ils doivent être protégés face à des services déficients et ils doivent aussi être protégés d’eux-mêmes. La régulation permet justement de lutter contre ces trois risques.

En tant que société régulée, bitFlyer répond à des normes de sécurité qui sont extrêmement exigeantes. C’est particulièrement le cas ce qui concerne l’infrastructure technique et la gestion quotidienne des fonds de nos clients. Vous avez peut-être vu il y a quelques mois, le scandale autour de la plateforme d’échange de crypto-monnaies non régulée QuadrigaCX illustre ce risque : le PDG s’est volatilisé d’un jour à l’autre, laissant derrière lui une perte nette de 190 millions de dollars pour les utilisateurs de la plateforme. En tant qu’institution régulée, nous avons des procédures et des contrôles pour annuler ce type de risque sur bitFlyer.

BitFlyer Lightning
bitFlyer Lightning © bitFlyer

Tout à l’heure, j’évoquais l’obligation de protéger l’utilisateur de lui-même. Encore une fois, en tant qu’entreprise régulée, nous avons fixé un certain nombre de limites d’éviter tout abus de la part de nos clients. C’est par exemple le cas sur les leviers, que nous limitons à x4 au maximum. Certaines plateformes non régulées au Japon offrent parfois un levier x50 sur les crypto-monnaies – c’est une aberration. Ces actifs sont déjà par défaut très volatiles, il est donc obligatoire de limiter le levier pour limiter le risque de nos utilisateurs.

Presse-citron : le projet de crypto-monnaie imaginé par Facebook est sérieusement remis en cause par les régulateurs et une partie des premiers investisseurs. Quel est l’avenir du Libra ?

A.B. : Pour être honnête, j’essaie de ne pas trop m’immiscer dans le débat – mais je dois quand même dire que ce n’est pas vraiment une surprise que de voir les géants du paiement (ndlr : et premiers investisseurs) Visa, Mastercard et PayPal jeter l’éponge. Je suis d’ailleurs un peu surpris qu’ils aient été impliqués à l’origine du projet, parce que le Libra devrait leur faire pas mal de concurrence si elle est amenée à exister.

Par ailleurs, je ne suis pas non plus très surpris de voir que le projet de Facebook soit challengé par les régulateurs. De manière générale, je pense que c’est positif pour le secteur de la crypto-monnaie : cela oblige les différents régulateurs à travers le monde à collaborer sur ce projet qui pourrait potentiellement toucher 2 milliards de personnes.

Le Libra a forcé les différents gouvernements collaborer sur un projet de crypto-monnaie

Ce projet s’accompagne d’une grande quantité de questions auxquelles les régulateurs doivent apporter une réponse claire : comment gérer les politiques AML (anti blanchiment d’argent) et KYC (connaissance du client) à travers différents pays ? Comment éviter les arbitrages juridiques ? Et ainsi de suite. Le Libra a mis les crypto-monnaies en haut de l’agenda des responsables de gouvernements, y compris jusqu’à celui du Président des États-Unis, et c’est une bonne chose.

Presse-citron : La volatilité semble nuire à l’image des crypto-monnaies. Beaucoup de gens évoquent le risque d’une bulle. Que leur répondez-vous ?

A.B. : Oui effectivement, beaucoup de gens – mais également les médias – parlent d’une bulle autour du Bitcoin et des crypto-monnaies. Je pense qu’il est aujourd’hui trop tôt pour juger, et qu’il faut attendre encore un peu pour avoir une meilleure perspective : c’est un écosystème qui est tout récent, le Bitcoin n’a “que” 10 ans. Nous avons d’ailleurs diligenté il y a quelques mois une étude auprès de 10 000 personnes en Europe et les résultats parlent d’eux-mêmes : 63% des personnes interrogées pensent que les crypto-monnaies seront encore là dans 10 ans.

Encore une fois, le cours des crypto-monnaies est volatile mais il faut mettre cela en perspective avec à la taille du marché – qui n’est que de 200 milliards de dollars. C’est une goutte d’eau dans l’océan si on la compare à d’autres classes d’actifs. Par exemple, la société Apple a elle seule est valorisée 5 fois la taille de ce marché-là (ndlr : 1 100 milliards de dollars), l’or possède quant à lui une capitalisation de 8 000 milliards de dollars, et le marché de l’immobilier s’élève à 200 000 milliards de dollars. C’est difficile pour une classe d’actifs aussi petite que celle des crypto-monnaies d’absorber autant d’investissements, et c’est ce qui influence directement sa volatilité.

Presse-citron : bitFlyer a fait une entrée remarquée sur le continent européen. Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

A.B. : Depuis cet été, nous avons déjà lancé une série de nouveaux produits pour répondre aux besoins de notre clientèle européenne. Ils peuvent désormais acheter et vendre du Bitcoin et de l’Ethereum contre des Euros, mais également 5 autres paires très populaires. Nous venons aussi tout juste de lancer une application mobile (sur iOS et Android) pour offrir encore davantage de réactivité à nos clients, et toujours plus de simplicité dans leurs transactions.

Dans les mois à venir, nous avons un gros projet qui consiste à réunir nos trois marchés – japonais, européen et américain – pour n’en former plus qu’un. Quel que soit l’endroit où se trouveront nos clients, ils pourront accéder à un marché unique plus liquide que jamais : les clients japonais pourront ainsi traiter directement avec les clients européens, qui pourront aussi traiter avec les américains. Beaucoup d’investisseurs envient la liquidité sur notre plateforme japonaise, parce qu’elle est la plus liquide et la plus attractive au monde. Avec cette solution, ils pourront tous bénéficier des conditions préférentielles de bitFlyer, ce qui nous fera passer un nouveau cap.

Pour devenir la nouvelle plateforme de référence en Europe, nous avons également de nombreux projets en fil rouge qui permettent d’améliorer la qualité de notre offre. Notre équipe de développeurs travaille en continu pour réduire encore le temps de latence et optimiser nos serveurs pour converger vers une qualité d’exécution irréprochable.

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