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“Bird hunter”, ce nouveau job qui fait fureur en Amérique

La startup Bird, valorisée plus d’un milliard de dollars moins d’un an après sa création, a créé une nouvelle activité très rémunératrice sur laquelle se ruent les jeunes américains.

Il y a eu Uber avec ses chauffeurs, Airbnb avec ses propriétaires devenus loueurs de meublés, ou encore Deliveroo et ses cyclistes aux mollets affûtés devenus livreurs express. Il y a les drones et leurs opérateurs, sans oublier les particuliers qui se découvrent une âme de e-commerçants via les places de marché d’Amazon… ou du Bon coin. L’écosystème digital, non content de redistribuer les cartes de la concurrence et des usages, ne cesse de créer de nouveaux métiers, des activités dont on n’aurait même pas pu imaginer qu’elles puissent exister un jour, et qui bourgeonnent au même rythme que grandit la valorisation des startups devenues licornes.

Nous vous parlions il y a quelques jours de la croissance spectaculaire de Bird, cette société californienne qui loue des trottinettes électriques aux particuliers. Ou plutôt de l’explosion de sa valorisation, qui fait d’elle une licorne moins d’un an après sa création. Un coup de boost qui n’est certainement pas étranger au fait que les investisseurs y voient probablement une sorte de nouvel Uber. En plus agile. Native de Santa Monica, Bird est présent dans un nombre croissant de villes américaines, comme Austin, Nashville, San Francisco, Scottsdale, Washington D.C. ou encore Atlanta. Les trottinettes sont alimentées par batterie et sans point d’attache, de sorte qu’elles peuvent être ramassées ou déposés n’importe où. Ce qui au passage n’est pas sans poser quelques problèmes pour certaines municipalités qui voient cet envahissement de l’espace public d’un très mauvais œil.

Chasseur de trottinette, le nouveau job qui monte en Californie

Et bien figurez-vous que Bird a également créé un nouveau métier, ou en tout cas une nouvelle activité (si le terme de métier vous choque), une activité en pleine expansion que vous n’auriez pas pu imaginer dans vos délires les plus 2.0 : chasseur de trottinette. Ou “Bird hunter” en version originale.

Ce sont nos confrères de The Atlantic qui rapportent l’information : “Tous les après-midi vers 16 heures, après l’école, Brandon, un lycéen de 18 ans de Los Angeles qui a demandé qu’on ne l’appelle que par son prénom, se lance dans la chasse aux Birds. En rentrant chez lui à bord de sa mini-fourgonnette, il musarde dans le voisinage, ramassant environ treize trottinettes électriques Bird en cours de route, qu’il range à l’arrière de sa voiture.”

Un voleur qui va revendre son butin sur Craigslit ou eBay ? Pas du tout. Ce que fait Brandon est totalement légal, et il est payé pour le faire. Il est même généralement très bien payé. “J’ai mis en place tout un système, explique-t-il. Je vais rentrer chez moi, mettre les treize trottinettes que j’ai ramassées sur des chargeurs. Elles vont charger pendant environ trois heures, soit jusqu’à 19 h ou 20 h, heure à laquelle il y aura de nouveau de nombreuses machines disponibles pour la charge. Ensuite, j’y retournerai.”

Jusqu’à plusieurs centaines de dollars par nuit

Au cours des heures qui suivent, Brandon fait le tour de son quartier de Santa Monica, en récupérant autant de Birds que possible. Il rapporte sa prime et, pendant que ses parents dorment, il les prépare soigneusement pour les charger par lots pendant la nuit. Le lendemain matin tôt, il les dépose par groupes de trois dans des emplacements Bird désignés, appelés “nids d’oiseaux”, des aires de ramassage pour les trottinettes, toujours sur le chemin de l’école. Pour ce service, Bird paie Brandon sur la base d’un contrat de prestataire indépendant jusqu’à plusieurs centaines de dollars par nuit. Lors d’une soirée particulièrement réussie, Brandon peut gagner jusqu’à 600 dollars.

S’enregistrer pour devenir “Bird hunter”  ou “chargeur” n’est pas difficile. Contrairement à Uber ou à la plupart des services de covoiturage, Bird n’exige pas de vérification des antécédents ni de procédure d’enregistrement compliquée. Il suffit de quelques étapes simples, comme l’adresse et quelques renseignements personnels, fiscaux et bancaires pour devenir chasseur et être rémunéré par virement à la tâche. Si la demande est approuvée, en quelques jours, Bird envoie par la poste trois packs de chargement pour commencer. Charger une trottinette ne nécessite pas beaucoup d’électricité, et peut même ne rien coûter pour peu que le chasseur réside dans un immeuble doté d’un garage à vélo.

“Charger des scooters pour Bird, c’est comme Pokémon Go”

Un moyen se faire un peu d’argent de poche, très prisé des jeunes et des étudiants, et même ludique. Selon Nick Abouzeid, un chargeur de 21 ans de San Francisco, “Charger des scooters pour Bird, c’est comme Pokémon Go, sauf qu’on est payé pour trouver les Pokémon”. Plusieurs soirs par semaine après le travail, lui et sa petite amie arpentent dans la ville à la recherche de trottinettes pour les ramener à charger au sous-sol de leur immeuble. L’analogie avec Pokémon Go ne s’arrête d’ailleurs pas là : lorsque vous entrez en mode “chargeur”, l’application Bird affiche une carte en temps réel des Birds de votre zone qui ont besoin d’être rechargés. La rémunération pour “capturer” et charger une machine peut varier de 5 à 20 dollars selon la difficulté de la localiser.

Bien sûr, comme c’est le cas avec la plupart de ces nouvelles activités, au-delà de leur précarité, l’âge d’or lié à l’effet de nouveauté ne dure jamais très longtemps, et les rémunérations baissent au rythme de leur popularité, du fait de la concurrence de plus en plus présente. Une concurrence qui peut même parfois devenir féroce. Ce qui peut parfois générer des abus : certains chasseurs n’hésiteraient pas à planquer des trottinettes afin de les rendre impossibles à trouver afin de faire monter les primes, et de les déclarer trouvées une fois que le montant de la rémunération a atteint le maximum. Sans parler des vols pour une revente des Birds en pièces détachées. D’autres rapportent des situations tendues entre chasseurs qui arrivent au même moment pour récupérer leur butin.

Les nouveaux chasseurs de primes

Un métier de chasseur de primes comme l’Amérique semble les affectionner, sans véritables garde-fous, et aux effets de bord dont l’entreprise Bird ne semble pas trop se soucier pour le moment, tant que cela n’affecte pas son business model ni sa réputation. Une réputation qui cependant commence à sentir un peu le soufre : plusieurs municipalités, dont celle de San Francisco qui, dans un arrêté pris récemment, a demandé aux opérateurs comme Bird ou Lime de dégager les trottinettes des rues de la ville et a instauré une licence d’occupation de l’espace public à laquelle ils devront souscrire. L’argument étant non seulement d’ordre pratique mais également sécuritaire, l’afflux de trottinettes électriques – même bridées en-dessous de 20 km/h – sur les trottoirs de la ville posant un véritable problème de sécurité publique, pour les piétons mais également pour tous les usagers, y compris ceux qui utilisent ces services.

Il est fort à parier que ces jobs vont également se développer chez nous, quand Bird et consorts traverseront l’Atlantique. Ce qui est fort probable. A bon entendeur…

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9 commentaires
9 commentaires
  1. Des trottinettes à louer, pourquoi pas, c’est plutôt sympa comme concept.

    Mais pourquoi forcément électrique ?

    Voitures électriques, camions électriques, trottinettes électriques et toutes sortes de nouveaux engins de déplacement électriques… A un moment donné, il faudra réfléchir à la façon dont nous allons nous procurer cet électricité.
    En brûlant du charbon ?
    En brûlant des produits alimentaires pour des bio-carburants (alors que la famine grandit) ?
    Par le nucléaire ?

    Alors, pourquoi ne pas utiliser de vraies trottinettes propulsées avec le pied ?
    Avantage ? On brûlerait des calories et on lutterait contre le surpoids.

    1. Probablement parce-que personne ne paierait pour louer une trottinette à pied, la valeur ajoutée perçue est trop insignifiante pour un produit qui coûte une soixantaine d’euros, que tout le monde peut avoir chez soi, et qui n’apporte pas les services d’une trottinette électrique. Une trottinette électrique va à 25 km/h sans effort avec 20 à 30 km d’autonomie et peut être un vrai moyen de transport urbain alternatif à l’auto, moto, vélo…

  2. Dépenser de l’argent pour rouler en trotinette électrique, dans le but de gagner du temps, puis utiliser ce temps pour aller dans une salle de sport, payante.
    L’alternative française, lowtech, c’est de marcher, c’est gratuit, c’est du sport, et ca prends le même temps que trotinette + salle de sport.

        1. Ah ok, opposer les américains qui vont à la salle de sport et les français qui marchent (alors qu’on parle d’une trottinette chinoise qui se vend par milliers en France, plus qu’aux US) ce n’est pas un peu ridicule, en même temps que complètement faux ?
          Tant mieux si ça vous convient 🙂

          1. Je suis plutôt d’accord avec loulou personnellement. Et je ne crois pas qu’il ait comparé les Etats-Uniens avec les Français. Il fait simplement remarquer que nombreux sont les personnes qui paient pour suer en salle, mais vont également payer pour ne pas suer pour y arriver. Tandis que s’ils marchaient plus au lieu de se laisser rouler à l’électrique, ils n’auraient plus besoin d’aller en salle, et feraient donc une double économie.

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