Classée actuellement en 16e position des crypto-monnaies aux plus grosses capitalisation, Avalanche et son jeton (AVAX) sont en proie aux critiques. Cet été, un lanceur d’alerte l’accuse d’un déploiement loin d’être honnête depuis 2020. Pour se faire une place face aux autres projets, l’équipe à l’origine de la crypto-monnaie et de sa blockchain se serait prêtée à des activités frauduleuses avec un cabinet d’avocats pour faire tomber la concurrence et garder à distance les régulateurs.
Avalanche fait partie de ces blockchains à concurrencer Ethereum grâce à des méthodes plus efficaces pour pouvoir traiter rapidement des opérations. En attendant The Merge, Ethereum fait partie des blockchains les moins efficientes malgré qu’elle soit la plus populaire pour les projets de la DeFi et les contrats intelligents. Le PDG et cofondateur de Ava Labs, Emin Gün Sirer, fait partie des vétérans de la cryptographie et il imaginait déjà une crypto-monnaie six ans avant le lancement de Bitcoin. Pour lui, le lanceur d’alerte ne serait à l’origine que d’une “théorie du complot absurde”.
Plusieurs investisseurs ont réagi à ces révélations sur Twitter. L’un d’entre eux, fondateur de BlockTower Capital, disait qu’il supposait que les propos du lanceur d’alerte soient exacts car ils se rapprochaient de ce qu’il avait pu constater des relations floues entre Emin Gün Sirer et Roche Freedman, le cabinet d’avocats en question. “Les avocats d’Ava Labs disent que les déclarations de Roche sont fausses, mais ils n’apportent aucun autre détail pour le moment”, ajoutait-il.
Un objectif caché
Pour travailler de pair et éteindre la concurrence, Ava Labs et le cabinet Roche Freedman travaillant dans les mêmes locaux à partir de 2019. Pour rémunérer les avocats, Ava Labs leur propose un contrat avec un échange en AVAX, le jeton d’Avalanche. Mais aussi des parts dans la société Ava Labs. Dans une vidéo publiée par le lanceur d’alerte, on voit Kyle Roche, le fondateur de Roche Freedman, confirmer qu’il fut le premier à détenir des pièces de la crypto-monnaie, avant même le fonds d’investissement A16z, qui avait investi dans le projet à son lancement.
En l’échange, Kyle Roche dit dans une autre vidéo qu’il aide Ava Labs à aider Avalanche à résoudre les “problèmes de réglementation” et les “concurrents”. Un objectif caché qui serait allé très loin, à coup de poursuites juridiques contre d’autres sociétés pour les ralentir. Le “litige” serait pour lui un outil “sous-utilisé” par les entreprises de son genre pour se faire une place face à la concurrence. Il reconnaissait, dans une autre capture vidéo publiée, qu’il pratiquait une activité totalement différente que celle d’un avocat.
Plus fou encore que de simplement chercher à freiner et déstabiliser les autres projets, le travail de Kyle Roche avec ses actions en justice lui permettaient aussi d’obtenir des informations confidentielles. Il expliquait ainsi qu’à travers ces poursuites, il pouvait alors “exiger l’accès aux comptes confidentiels, aux données commerciales, aux communications […]”. Des informations qu’il a naturellement partagé à Emin Gün Sirer pour le développement d’Avalanche.
“Jusqu’à preuve du contraire, nous devons supposer qu’Ava Labs a peut-être même demandé à Roche Freedman quelles informations confidentielles ils devraient récolter auprès de l’industrie. La quantité d’informations confidentielles obtenues par Ava Labs n’est pas claire, mais le potentiel d’actes répréhensibles extrêmes est très préoccupant”, écrit le lanceur d’alerte dans son rapport, publié sur CryptoLeak.
Parmi ses 25 recours collectifs parmi toutes les actions en justice entreprises par l’avocat d’Ava Labs, plusieurs concernait le concurrent direct d’Avalanche, à savoir Solana. Une méthode pour “détourner les régulateurs d’Ava Labs et de leur comportement commercial vorace”, disait Kyle Roche. Dans la série d’enregistrement, le jeune new-yorkais expliquait qu’il profitait de l’absence de connaissances des jurés dans la blockchain pour les manipuler, gagner leur confiance et les diriger là où ils allaient pouvoir laisser tranquille Avalanche. Les “10 idiots”, les appelait l’avocat.
Conséquence de ces révélations, Avalanche a subi une très forte baisse de son cours ces dernières heures. La crypto-monnaie perdait plus de 11% le 29 août. Mais face à l’attrait de sa blockchain, les investisseurs n’ont pas tardé à revenir à l’achat et le jeton AVAX reprenait plus de 10 % mardi matin. Affaire à suivre.
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