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Déploiement fibre : pourquoi la filière sonne “l’alerte rouge”

Les acteurs du déploiement fibre alertent sur la santé économique fragile du secteur – ils demandent un geste du gouvernement et des mesures pour contraindre “la Big Tech” à financer une partie de cet énorme chantier.

Les opérateurs, en particulier Orange, mais aussi des représentants de l’Arcep et de sous-traitants comme Scopelec se sont réunis à Toulouse les 5 et 6 octobre afin de discuter de l’état du déploiement fibre. Le tout dans un contexte difficile, compliqué par la forte inflation des coûts qui frappe tout le monde depuis l’éclatement de la guerre un Ukraine.

Comme le rapporte l’Usine Digitale, les petites mains du déploiement voient leurs coûts fortement augmenter. Un prestataire explique par exemple que le prix de la pose d’un mètre de fibre a grimpé de 15% à cause du renchérissement du prix des fournitures, mais aussi des coûts de personnel. De l’autre côté, les opérateurs compensent assez timidement ces difficultés.

Votre accès internet fibre est-il trop bon marché pour que le déploiement reste soutenable ?

Tout en proposant à leurs clients des promotions et offres spéciales pour les attirer – même si cela renforce le coeur du problème qui secoue le secteur, en crise d’attractivité. Du coup, les sous-traitants recrutent du personnel moins qualifié et les problèmes liés à des installations bâclées, ou mal réalisées se multiplient. Un plan a été signé entre les acteurs de la filière et le gouvernement pour améliorer la qualité des installations.

Mais le fond du problème reste le même, et de nombreux intervenants se demandent maintenant “comment ils vont passer l’hiver”. On peut citer l’exemple de Scopelec un des plus gros sous-traitants sur la pose des installations. Scopelec aurait selon l’Usine Digitale, perdu 40% de son chiffre d’affaires avec Orange, et se retrouve placé en redressement judiciaire avec une dette de 150 millions d’euros.

Conscient du malaise qui est en train de s’emparer du secteur, le ministre délégué au Numérique et aux Télécoms Jean-Noël Barrot a annoncé la mise ne place d’un groupe de travail sur la question d’ici la fin de l’année. Mais opérateurs comme techniciens professionnels craignent que l’initiative ne débouche pas sur des mesures suffisantes.

Le président de Infranum, syndicat de la filière des infrastructures télécoms, Philippe Le Grand estime qu’il est urgent, par exemple, d’augmenter les prix de détail des accès fibre – alors que, malgré les difficultés du secteur, les opérateurs se permettent de commercialiser des accès fibre à très bas prix à leurs clients. Selon ce dernier, il n’est également plus possible de se passer d’un financement des acteurs de la Big Tech.

Car selon lui, ce sont bien eux qui poussent le plus à l’utilisation de bande passante pour générer de la valeur via leurs services. Bande passante pour laquelle ils ne paient rien, directement, aux opérateurs Français. De son côté Orange a annoncé une hausse de 2.2% des tarifs des contrats de sous-traitance en cours pour amortir les difficultés.

Une initiative bienvenue mais jugée encore trop insuffisante pour maintenir les principaux acteurs à flots. L’Arcep a de son côté fait part de son intention de saisir le médiateur des entreprises sur ce sujet. Laure de la Raudière, sa présidente, explique à nos confrères de l’Usine Digitale :

“Nous avons besoin que l’ensemble des acteurs de la filière soit correctement rémunérés. Si nous avons une amélioration de la qualité de service, il faut que tous les maillons de la chaîne y trouvent un intérêt. Vous pouvez compter sur moi pour faire remonter cette alerte au gouvernement”, assure la présidente de l’Arcep.

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Par : Opera
1 commentaire
1 commentaire
  1. Tout ça est juste une version d’Orange qui a besoin de fonds pour montrer au monde qu’ils sont capables d’installer la fibre (en effet d’autres pays auront besoin de ce genre de transition et le marché est une mine d’or !).
    Sauf qu’ils commettent la même erreur que chez EDF : sous traiter.
    Chez EDF faire réaliser les cuves de nos centrales nucléaires à 20 000 km était juste crétin. Ah ça pour faire du bénéfice et remplir les poches des actionnaires, parfait, mais cette vision fait qu’aujourd’hui pour réparer ces cuves, personne ne sait faire (et pourtant c’est juste de la soudure de feuilles de métal comme pour les grands bateaux.
    Orange commet donc la même erreur sous traiter et les âneries commencent : des sous traitants mal formés, des outils inadaptés, la barrière de la langue ou de l’accent, provoquent des pannes longues et difficiles à réparer, perturbantes pour les particuliers (comment appeler les secours ?) et handicapantes pour les entreprises qui ne reçoivent pas les appels des clients pour les commandes (ou n’ont pas l’info via leur site internet) et ne peuvent pas se réapprovisionner à temps car les fournisseurs sont injoignables.
    Il faut stopper ces idioties immédiatement, arrêter de penser à court terme juste pour le pognon ou l’électorat et penser grand, à l’avenir, à demain pour que notre pays rayonne dans le monde autrement qu’à travers ce genre de débilités. Tout le monde y gagnera, même les financiers !

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