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Les voitures autonomes annoncent-elles la fin de l’assurance auto ?

Dès 2019, des tests de voitures autonomes, c’est-à-dire sans conducteur, vont débuter sur l’ensemble du territoire français.

Ces expériences à grande échelle reflètent une volonté de développer ce type de véhicules censés participer à une remarquable baisse de la sinistralité routière. Dans ce contexte, doit-on s’attendre à la fin des contrats d’assurance auto ? Focus sur la voiture autonome qui est en passe de bouleverser notre quotidien.

Les différents types de voitures autonomes

De la simple manœuvre pour se garer à la conduite en toute indépendance, la voiture autonome propose différents niveaux de prise en charge de la conduite, tout en favorisant l’émergence de nouveaux usages dans le domaine automobile. En niveau 5, il est établi qu’elle présente 10 fois moins de risques qu’un véhicule conduit par une personne : un sérieux avantage qui laisse espérer une inversion des tendances en matière d’accidentologie routière, mais également des changements dans le monde de l’assurance auto.

Niveau 1

Le niveau 1 d’une voiture autonome ne permet pas de s’affranchir de l’intervention humaine dans la conduite, mais offre des outils d’aide et de gestion efficaces et précieux : gestion automatique des commandes d’accélérateur et de frein du véhicule, détection d’angle mort, alerte de risque de collision, alerte lors d’un franchissement de file, freinage automatique d’urgence, aide automatisée au stationnement…

Niveau 2

En plus du niveau 1, la voiture contrôle la clairvoyance du conducteur par la mesure des corrections que ce dernier applique sur le volant. En cas d’absence de mains sur le volant, elle déclenche une alarme sonore et visuelle. Si, malgré ces alertes, le volant n’est pas repris en main, elle freine par à-coups afin de stimuler une réaction, tout en produisant une alarme sonore, avant de ralentir pour s’arrêter définitivement, de se garer en actionnant les feux de détresse et d’appeler les secours.

Niveau 3

Grâce à son GPS amélioré et ses algorithmes ultras sophistiqués, la voiture autonome de niveau 3 est capable de se repérer dans l’espace, calculer ses itinéraires modulés en fonction des données dont elle dispose en temps réel : temps de transport, trajet optimisé, niveaux d’essence, d’huile… Elle est donc à même de conduire seule sur les autoroutes, dans les bouchons ou les parkings dans des conditions météorologiques classiques. Cependant, le conducteur doit rester très vigilant, car le véhicule peut lui demander de reprendre le volant à tout moment.

Niveau 4

Comme au niveau 3, la voiture autonome de niveau 4 est capable de conduire seule sur les autoroutes, dans les bouchons ou les parkings, dans le strict respect du Code de la route et dans des conditions météorologiques classiques. Cependant, elle permet au conducteur de faire toute autre chose, comme travailler ou regarder un film, et ce, sans se soucier de la route.

Niveau 5

La voiture autonome de niveau 5 est indépendante à 100 % : elle conduit seule, par tous temps et sur toutes les routes. Sans volant, à l’instar de la « Google car », elle laisse présager la possibilité de créer des services de navettes automatiques et de taxis partagés.

Aujourd’hui, les constructeurs n’ont pas reçu l’autorisation d’activer les niveaux d’autonomie 3, 4 et 5 sur leurs véhicules. Les assureurs ont donc encore quelques années pour s’organiser et proposer des formules d’assurance répondant aux nouveaux usages nés à la faveur des technologies embarquées. Cependant, les tests autorisés en France sur 2019 laissent supposer que les niveaux 3 et 4 pourraient être autorisés par la réglementation plus vite que prévu.

Un cadre législatif favorable à la voiture autonome

En vue de stimuler et hâter la recherche des sociétés françaises sur le sujet de la voiture autonome, enjeu stratégique de développement de l’industrie automobile à l’échelle planétaire, le gouvernement français a décidé de lancer une grande campagne nationale de tests de voitures autonomes de niveau 4 en 2019.

Dans ce contexte, « le périmètre d’expérimentation géographique risque d’être élargi et donc sera de nature à présenter des situations de conduite de plus en plus variées, ce qui est la clé dans l’apprentissage », commentait pour l’AFP Guillaume Crunelle, responsable automobile chez Deloitte. Cette annonce « place très correctement la France dans le concert des nations en matière de facilité d’expérimentation des véhicules. Dans la compétition internationale, c’est quelque chose qui a une vraie signification », avait-il ajouté selon Le Point.

Impacts possibles de la voiture autonome sur le secteur de l’assurance

Si à moyen et long terme, la voiture autonome s’impose, il est évident que cela impactera l’assurance automobile. Elle pourrait peut-être disparaitre ou, tout du moins, être revue de manière à intégrer les nouveaux usages de circulation, mais aussi les faibles taux d’accidents et donc de tués sur la route.

Part de l’assurance automobile dans le chiffre d’affaires des assurances

Cette échéance, qui semble inéluctable, présage un fort impact sur le modèle économique des assurances qui, en 2015, assuraient 40,9 millions de véhicules pour un chiffre d’affaires représentant 39 % de l’ensemble des cotisations des assurances de dommages aux biens et de responsabilité civile.

Sur le seul segment des particuliers, la Fédération française de l’Assurance indique que le chiffre d’affaires était de 18,5 milliards d’euros en 2015, ce qui représentait 56 % des assurances souscrites par les particuliers en IARD (incendies, accidents et risques divers) avec une progression de + 1,7 %.

Dans un marché très concurrentiel avec près de 100 compagnies d’assurance, la perte de CA pourrait donc compromettre l’équilibre financier des compagnies si l’assurance automobile venait à disparaitre.

Un scénario peu probable

L’hypothèse d’une disparition complète de l’assurance auto semble peu crédible. En effet, au regard des coûts de ces concentrés de technologie, la commercialisation à grande échelle de la voiture indépendante s’inscrit dans une échéance très lointaine, voire inconcevable.

Par ailleurs, l’accident mortel impliquant une voiture autonome qui s’est produit en Arizona en mars 2018 prouve qu’une assurance automobile sera toujours nécessaire. En effet, le véhicule de la compagnie Uber, en phase de test, avait alors choisi de ne pas s’arrêter lorsqu’il avait détecté une piétonne traversant à vélo. Si certains parlent de défaut de configuration du véhicule, il n’en demeure pas moins que cela a coûté la vie d’une femme dont la famille devra être dédommagée du préjudice.

Vers un autre paradigme

Le cas de l’Arizona soulève beaucoup de questions, notamment celle de l’établissement des responsabilités qui seront démultipliées (constructeurs, équipementiers, opérateurs de plate-forme, intelligence artificielle, propriétaires…). De plus, à toutes les situations d’accidents dues à des erreurs de conduite des conducteurs ou de configuration de la voiture autonome, s’ajoutent les accidents survenus en raison des conditions climatiques, des chutes d’objets ou des ruptures mécaniques et informatiques. Ces derniers devront également être couverts. Enfin, il est à noter que l’électronique embarquée coûte excessivement cher. En cas d’accident, il vaudra mieux être bien assuré pour remplacer son pare-brise… C’est sans doute toutes ces pistes de réflexion qui seront empruntées pour penser les produits d’assurance auto de demain.

Pour conclure, si la voiture autonome impactera le monde de l’assurance, il est clairement établi que les situations nouvelles produites par ce mode de transport favoriseront une évolution des contrats et une refonte des garanties, non l’abolition de cette couverture obligatoire.

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