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L’ISS a 20 ans : retour sur le plus fou des projets de la NASA

La station spatiale internationale (ISS) fête aujourd’hui ses 20 ans d’occupation en continu. L’occasion de revenir sur le succès inattendu de cette mission qui aurait déjà dû s’arrêter depuis des années.

En ce moment même, sept personnes sont en train de voler au dessus de nos têtes, à l’effrayante vitesse de 28 000 km/h. Pour la majeure partie d’entre nous, cette information est devenue banale, dénuée d’intérêt. Les missions de l’ISS ne concernent plus vraiment le grand public, et la présence de la station spatiale internationale dans notre ciel est acquise. Pourtant, au lancement du projet en 1984 par Ronald Reagan, le pari sembalit fou.

Dès le début des années 80, la NASA cherche des alliés au sein du bloc de l’Ouest pour construire une grande station interétatique. En 1993, avec la chute de l’URSS, la Russie devient un acteur majeur du projet de station internationale et les prémices de l’ISS prennent forme. En 1998, l’assemblage en orbite commence et les premiers occupants de la station arrivent le 2 novembre 2000, il y a tout juste 20 ans.

Ce jour-là, deux cosmonautes (Yuri Gidzenko et Sergei K. Krikalev) et un astronaute (William Shepherd) arrivent dans la station pour une mission qui durera plus de 4 mois. Ils seront relayés en mars 2001, quelques semaines avant leur départ, par deux nouveaux astronautes et un cosmonaute. Depuis la station a été habitée en permanence, une prouesse technique qui a permis un bond scientifique certain.

Une mine d’or scientifique

Car la présence de l’homme dans l’espace surtout pour des séjours aussi longs (environ 6 mois) est une véritable mine d’or pour les chercheurs du monde entier. Le dernier français à être allé dans l’espace, Thomas Pesquet, a mené plus de 100 expériences durant son séjour dans la station. Le principal domaine qui est analysé par les scientifiques est la gestion de l’apesanteur par le corps humain.

La microgravité a forcé les ingénieurs de l’ISS à tout repenser, jusqu’au plus anodin des détails. Ainsi, les toilettes de l’ISS sont de loin les plus chers du monde et ont coûté environ 20 millions d’euros. Un chiffre astronomique qui est devenu une norme au sein de l’ISS.

ISS
© NASA
Serena Auñon-Chancellor durant l’expédition 57 à bord de l’ISS

Depuis 20 ans qu’elle est habitée, le coût complet de la station est estimé à 150 milliards de dollars. À titre de comparaison, le budget de la défense est d’une trentaine de milliards d’euros par an en France. Une somme colossale, qui peut paraître désuète pour faire tourner 6 astronautes dans 450 tonnes d’acier à plus de 350 kilomètres au-dessus de nos têtes. Mais ce prix est-il justifié ?

Un coût raisonnable ?

D’un point de vue purement comptable, non. L’ISS n’est pas rentable, très loin de là, mais ce n’est pas son but. Même si la NASA commence à promouvoir le voyage spatial vers l’ISS, les défenseurs de la station spatiale internationale rappellent qu’elle est un lieu de science, pas de business. De nombreuses découvertes scientifiques ont été permises grâce à ce bijou de technologie. Car il faut reconnaître que l’ISS a un impact scientifique extraordinaire, au même titre que d’autres missions spatiales comme le télescope Hubble ou les missions martiennes. Mais même face à ces cadors de l’astronomie, les retombées scientifiques de l’ISS sont tout bonnement colossales.

Le travail notamment autour de la physique des fluides a permis d’analyser le comportement de ces derniers dans un environnement de microgravité et de leur découvrir de nouvelles propriétés. Ils sont aujourd’hui utilisés dans le bâtiment ou la construction de grandes structures architecturales. Des missions plus récentes ont elles permis de déterminer les conditions de survie de microorganismes dans des environnements extrêmement hostiles, proches du vide spatial.

En dehors de l’ISS, le retour des astronautes sur Terre et la capacité du corps humain à se régénérer sont impressionnants. Sébastien Barde, sous directeur au sein du CNES (le Centre national d’études spatiales) rappelle « un séjour de 6 mois dans l’espace, sur les artères, c’est comme si elles prenaient 20 ans. »

Mais une fois de retour sur Terre, le corps humain retrouve des capacités quasiment identique à celles qu’il avait avant de partir en orbite. Si cette régénérescence est encore assez mal comprise, elle est très étudiée, notamment en médecine dans la recherche de traitements contre le cancer ou le virus du Sida.

Station spatiale internationale
La station spatiale internationale (ISS) © Pixabay

Quel avenir pour l’ISS ?

Avec autant de recherches en cours, et des expériences qui continuent au sein de la station, la question de son avoir semble sceller. Avec plus de soixante expéditions terminées, 241 occupants en 20 ans d’habitation permanente, l’on pourrait se dire que le meilleur de l’ISS est derrière elle. Mais d’un autre côté aucune agence ne semble très encline à abandonner la structure. Pourtant la station spatiale, au même titre que le télescope spatial Hubble, devrait bientôt céder leur place.

À son lancement en 2000 les missions habitées dans la station devaient durer 15 ans. Finalement en 2020, 6 personnes sont toujours à bord de la structure et attendent une nouvelle terre d’accueil.

Alors où en sommes nous ? Pour l’heure, le budget de la station a été validé jusqu’en 2024. Les prochaines expéditions sont déjà constituées et Thomas Pesquet, notre spationaute devrait retourner dans l’espace dans les prochains mois. Car l’ESA aimerait que la station spatiale soit toujours fonctionnelle d’ici à 2028, au moins. Mais la NASA pourrait se retirer du projet pour construire sa propre station, en orbite lunaire cette fois. Ce projet fait partie du programme Artemis qui prévoit de renvoyer des hommes sur la Lune, mais ce dernier ne tient qu’à un fil, et le résultat des élections américaines pourrait bien le faire chavirer dans l’oubli.

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