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Starling Bank. Un modèle accompli, sur un champ de bataille

La néo-banque devient rentable en cette année 2020, avec moins de 2 millions de clients à la clé. Elle laisse dans le vent des établissements comme Revolut et N26.

Elle a passé le seuil de rentabilité lors du précédent trimestre, et « s’attend à être rentable mensuellement à l’avenir ». La néo-banque Starling est en passe de devenir la première néo-banque de détail – visant particulièrement les particuliers avec 1,7 million de comptes ouverts – à s’afficher dans le vert.

Les efforts pour atteindre l’équilibre auront payé entre le mois d’août et octobre. Lors de la publication de son bilan trimestriel, la néo-banque britannique annonçait dans une lettre de sa présidente avoir réalisé un chiffre d’affaires de 9 millions de livres sterling (plus de 10 millions d’euros) pour un bénéfice de 0,8 million de £ au cours du mois d’octobre. Le bénéfice publié ne prenait pas encore en compte les impôts et les taxes, et ne peut encore être certifié par un organisme extérieur.

30 % des clients déposent 1120 € par mois

Le seuil de rentabilité tutoyé, la banque s’attend maintenant à s’afficher dans le vert pour les mois à venir (la publication des résultats du dernier trimestre arrivera en début d’année prochaine). Si l’établissement en est persuadé, c’est parce qu’il a confiance dans ses clients à continuer à déposer davantage d’encours.

Aux dernières nouvelles, le montant total atteignait 4 milliards de livres sterling, et les prêts à 1,5 milliard de £ chez Starling. 30 % de ses clients déposeraient plus de 1 000 £ (1 120 €) sur leur compte chaque mois, insinuant que près d’un tiers font de Starling un compte bancaire principal (3 100 £ d’encours moyens pour les clients particuliers). Le rêve de nombreux concurrents, pourtant bien plus gros que Starling.

Starling Neobanque
© Starling Bank

Open Banking et PME

Quel est son secret ? Dans une récente interview accordée au média britannique The Paypers, une responsable de chez Starling, Anna Mitchell, a fièrement abordé l’activité de la banque auprès des professionnels. Deux leviers selon elle : viser les PME (180 000 comptes professionnels sur les 1,7 million de comptes ouverts) et capitaliser sur des API ouvertes.

L’open banking pour faciliter la vie des professionnels serait donc le point qui aura permis à Starling de faire la différence. « Nous avons lancé nos API ouvertes en septembre 2017, et depuis lors, nous avons construit une gamme dynamique d’intégrations avec des produits et services tiers que les clients peuvent associer à leur compte Starling via le Marketplace in-app » déclarait la responsable.

Durant le confinement, la banque Starling a profité de pouvoir être accrédité à participer au plan de prêt du gouvernement, et l’établissement avait également contracté un partenariat avec le prêteur Funding Circle, « pour fournir 300 millions de livres sterling de prêts aux petites entreprises dans le cadre du programme de prêt pour interruption d’activité contre le coronavirus. »

Peut-on réussir autrement qu’avec des comptes pro ?

Dans une lettre publiée le 20 novembre (sobrement titrée “Briser les barrières et atteindre l’équilibre”), la fondatrice et présidente de Starling Bank Anne Boden s’est exprimée sur les résultats du moment et les enjeux futurs. Le message aux parties prenantes se voulait personnel, comme pour raconter une success-story déjà actée. Mais l’entrepreneuse y décriait également la situation difficile de la pandémie, tout en déclarant s’attendre au retour des paiements et de l’acquisition des clients très prochainement.

Le moment est crucial. Ou du moins, il a été instrumentalisé pour l’être. Du fait de son activité auprès des particuliers, Starling peut prétendre être la première néo-banque à avoir atteint l’équilibre, et bientôt la rentabilité. Précédemment, un autre acteur s’était fait entendre à ce sujet, OakNorth (en 2019), mais son activité se concentre uniquement sur les professionnels.

Le message de Starling Bank en cette mi-novembre rassurera les investisseurs. Il n’empêche que le constat soulève une question : peut-on réussir quand on est une néo-banque exclusivement tournée vers les particuliers ? Les expériences actuelles semblent bien indiquer le contraire. Revolut, N26, Monzo, ou encore Qonto et Shine en France… elles sont de plus en plus nombreuses à s’ouvrir à ces clients prétendants à déposer davantage de fonds et utiliser des services d’open banking.

Mais Starling a un parcours qui devrait être étudié de près par l’ensemble de ses concurrents. Née il y a cinq ans, la banque en ligne est passée par de nombreuses stratégies de modèle d’affaires en laissant parfois ses clients dans l’incompréhension sur l’offre.

Starling Banque Euro
© Starling Bank

« Nous sommes prêts à pratiquement tout »

Aujourd’hui, la néo-banque prouve que l’on peut réussir en privilégiant la gratuité des comptes. Un trait de caractère original des banques mobiles, qui en tracasse aujourd’hui plus d’une, à l’image de N26 en début de semaine. Le Brexit étant passé par là, l’idée d’un déploiement à l’international (et notamment en France) est aussi un point laissé de côté par Starling Bank. D’ailleurs, ni Anne Boden ni aucun porte-parole de la banque ne sont revenus sur le sujet depuis près de 10 mois.

Stratégie de long terme, satisfaction des investisseurs, instabilité du marché, forte concurrence… Starling évolue dans une tempête. Le No men’s land le porte à la vue de tous ses concurrents y compris les banques traditionnelles et la menace des Big Tech. Tant de défis que le monde de la fintech suivra de près, et auquel sa présidente prépare déjà sa défense : « En fait, nous sommes prêts à pratiquement tout ».

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