C’est une histoire hallucinante qui se déroule actuellement en Amérique centrale. Le Costa Rica est la cible de plusieurs cyberattaques par ransomware qui mettent tout un pays au supplice. Ce piratage est revendiqué par le groupe Conti, un collectif de hackers proche de la Russie, et que l’on donnait pour mort il y a quelques semaines à peine, suite à la diffusion de données internes.
Tout a commencé le 18 avril dernier lorsque les pirates ont bloqué l’accès aux données de huit institutions publiques costariciennes en exigeant le paiement d’une rançon de dix millions de dollars. Une requête qui n’a jamais été acceptée par les autorités, et depuis les choses s’enveniment. Plusieurs agences gouvernementales ont ainsi dû interrompre leurs activités, et notamment l’administration fiscale.
Le système de santé est attaqué et certains habitants ne peuvent plus se soigner
Les fonctionnaires ont donc dû s’adapter tant bien que mal en reprenant comme par le passé leurs stylos et du papier. Mais cela ne se fait pas sans peine, et l’économie du pays est considérablement fragilisée. Les citoyens ne peuvent plus accéder aux services publics en ligne, les entreprises privées ne sont plus en mesure de facturer l’État correctement, tandis que certains employés du secteur public ne reçoivent pas leur salaire en intégralité.
À cette ambiance déjà confuse, vient de s’ajouter la mise hors service du système de santé publique numérique. De quoi faire craindre des retards dans les soins médicaux, ou certaines opérations chirurgicales, rapporte Rest of World.
Sur le terrain, les habitants s’organisent mais la situation est très délicate. Nos confrères ont ainsi pu échanger avec un professeur de la capitale San José. Ce dernier explique ne pas avoir été rémunéré intégralement depuis plusieurs mois. Lui et ses collègues sont forcés de payer de leur poche le matériel que leur administration ne fournit plus.
Selon les experts en cybersécurité, le Costa Rica pourrait bien être un coup d’essai pour les cybercriminels. D’autres attaques pourraient cibler certains États dont les cyberdéfenses sont fragiles à l’avenir.
En attendant, le gouvernement persiste dans son refus de payer la rançon de 15 millions de dollars réclamée par Conti. Un choix qui peut s’entendre, mais qui coûterait très cher au pays. Selon les estimations de la Chambre de commerce extérieur du Costa Rica, l’économie nationale perd 30 millions de dollars par jour à cause de ce piratage. Sur la durée, la situation n’est donc clairement pas tenable dans un pays dont le PIB est de 61 milliards de dollars.
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