En faisant un écho très lourd au scandale Celsius, la veille, Binance a dû suspendre les retraits en bitcoins pour ses clients, lundi 13 juin 2022. Et bien sûr, la première plateforme d’échange de cryptomonnaie a sa part de responsabilité. Mais contrairement aux conclusions hâtives de beaucoup, les péripéties de Binance ne traduisent pas d’une prise de décision irresponsable de son dirigeant Changpeng Zhao. Ni d’une trahison.
Dans un marché morose et alors qu’un milliard de positions ont été liquidées hier sur le marché crypto, Bitcoin va mal. La blockchain n’était pas prête à un tel volume de transactions et le dinosaure des cryptos a du mal à suivre. Pour toutes les petites transactions enregistrées, alors qu’une baisse des frais avait motivé les investisseurs à revendre leurs bitcoins qui n’en finissaient pas de baisser, le réseau Bitcoin a perdu les pédales et Binance a dû prendre une décision.
Binance dans l’embarras
L’afflux de nouveaux investisseurs guidés par leurs émotions sur Bitcoin depuis deux ans a radicalement fragilisé le réseau en cas de panique sur les marchés. Comme l’expliquait en mai dernier le patron et fondateur de FTX, Sam Bankman-Fried, Bitcoin n’a pas vocation à devenir un moyen de paiement, mais une monnaie de réserve. Et si beaucoup d’investisseurs sont guidés par les profits et réagissent au moindre vent de panique, le cours de Bitcoin subit un effet boule de neige qui peut en arriver à la situation actuelle.
Binance s’est arrêté devant l’une des plus grosses contraintes de Bitcoin : sa lenteur. En baisse de 50% depuis le 30 mars, à 22 315 dollars ce mardi, le bitcoin n’avait jamais été aussi bas depuis décembre 2020. Avec avec ses millions d’utilisateurs, Binance fait aussi partie des plus gros responsables de l’augmentation très (trop) rapide du volume de transactions et donc de la volatilité du cours de la crypto. À attirer les jeunes investisseurs guidés par les profits, Binance se retrouve un peu dans la même situation que Robinhood, lorsque l’action GameStop explosait en janvier 2021.
Devenir responsable de ces déboires, en offrant les outils pour investir et une communication très alléchante pour les produits d’investissement, Binance en paie actuellement les frais alors qu’un nouveau recours collectif s’est lancé hier, peu après la suspension des retraits sur Bitcoin. Les clients concernés mentionnent que Binance n’aurait pas joué un rôle transparent dans la blockchain Terra en présentant son stablecoin TerraUSD comme stable alors qu’il ne l’était pas.
“Binance US a imprudemment répertorié et promu l’UST comme un stablecoin sûr pour ceux qui cherchent à éviter la volatilité des autres cryptomonnaies”, a déclaré le cabinet d’avocat auteur de l’action en justice dans un communiqué. “Ils, ainsi que d’autres échanges qui ont répertorié UST, devraient être tenus responsables.” Avec Bitcoin, les ennuis sont moindres, mais Binance comme les autres plateformes à succès pour acheter des cryptos ont fait de l’usage initial de la blockchain un nouveau casino.
Le contre-exemple boursier
Cela dit, Bitcoin et les plateformes d’échange de crypto ne sont pas les seules à procéder à de tels stops. Les autorités boursières et les sociétés de courtage nous ont toujours montré que même elles devaient procéder à des suspensions lorsque les marchés se décorrélaient trop fortement et que la panique s’emparait des esprits (il faut aussi citer les pannes techniques). Et bien des fois des titres ont perdu des sommes astronomiques laissent leurs investisseurs sur le tapis, comme du côté des cryptomonnaies.
La nouvelle affaire tout autour de Binance n’est donc pas exceptionnelle, et ce genre de mésaventure, qui peut aussi arriver dans des moments moins graves, ne s’attire pas autant de critiques généralement. Binance a beau avoir énormément de mal à ouvrir à nouveau ses retraits en Bitcoin, des alternatives en échangeant ses jetons sont toujours disponibles et le souci n’est pas du même ordre que Celsius, qui se devait de pouvoir “honorer ses obligations de retrait à long terme”. Pour éviter ces problèmes, le mieux est encore de conserver soi-même ses cryptomonnaies, comme sur un portefeuille physique.
Les étapes d’un bear market
Pour Jason Yanowitz, le cofondateur du média crypto américain Blockworks, l’idéal serait de sortir de la “deuxième phase des bear markets”. Le terme anglais, désignant les phases où les actifs numériques évoluent à la baisse sur des périodes conséquentes, serait à sa deuxième phase selon lui, sur un total de trois phases.
Il l’a traduisait par un état d’esprit des investisseurs où l’excitation est remplacée par la colère, et dans laquelle plus les prix baissent plus ces baissent font de bruit et motivent les investisseurs à d’autant plus vendre. “C’est là que ça devient moche”, écrivait-il. Il s’agirait pour lui de la première phase de panique – avant elle, lors de la phase 1, les investisseurs pensent plutôt que les prix ne font que revenir à des niveaux réalistes. Durant celle-ci, il n’est pas encore question des problématiques actuelles, “les gens continuent de construire”, commentait-il.
La dernière étape, qui sera aussi la plus longue, arrivera lorsqu’après “la douleur maximale viendra l’épuisement maximal”. Il s’agira de l’étape pendant laquelle “il n’y a pas de rebonds. […] Où la colère est remplacée par le silence”. La consolidation sera très forte pour lui et “beaucoup de talents partiront et d’entreprises fermeront”. En guise de conseil avec un retour des beaux jours, Jason Yanowitz conseillait : “pendant les marchés baissiers, il est crucial de se rappeler pourquoi vous construisez, et de relire les classiques”. Un moyen, peut-être, de tirer des leçons du passé.
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Les plate-formes ne doivent pas se prendront pour des régulateurs, surtout quand ça les arrange, sachant qu ils pilotent déjà un peu les prix,libres de faire tout ce qu on veut, ça donne n importe quoi aussi…