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[détox] #Instapoetry, poésie et success story sur Instagram

Un nouvel épisode de [détox] saupoudré d’amour. Après les médias d’information, les vidéos, la pop culture et les podcasts, c’est à la poésie que nous consacrons ce nouvel article.

Instagram est utilisé par plus de 400 millions d’utilisateurs chaque mois. Ces derniers jours, l’application de partage de photos et de vidéos a fait beaucoup de monde en dévoilant sur le web sa nouvelle identité visuelle. Fini donc le vieux polaroid et bienvenu au noir et blanc et, comme toujours, le nouveau logo et nouveau design de l’application ont été reçus de façon plus ou moins positive, certains préférant l’aspect vintage de l’ancien logo quand d’autres trouvent le dégradé de couleur réussi.

Mais aujourd’hui, il ne sera pas question dans cet article de logo, de webdesign ou d’identité de marque mais plutôt de photos, de partage et de poésie.

Instagram, réseau social culturel

Comme de nombreux services sur le web, les utilisateurs d’Instagram ont su s’approprier le réseau social et détourner sa fonction première, à savoir l’application de filtres photos et leur partage. Aujourd’hui, cette immense pellicule virtuelle est un véritable vivier de tendances en tous genres : food porn, mode, voitures, montres. Désormais, pas une nouveauté visuelle n’émerge sans être passée par Instagram.

Les artistes – musiciens, peintres, dessinateurs, photographes ou encore designers – ont très vite compris l’intérêt d’être présents sur le réseau social et de partager leurs dernières créations mais aussi de procéder à une véritable mise en scène de leur vie.

Ceux qui nous intéressent aujourd’hui sont prénommés les Instapoètes. On le sait, le passage au numérique a parfois fait du mal aux libraires tout en donnant un nouveau souffle à la lecture. La poésie, de son côté, souffre d’un manque de popularité depuis les années 2000, notamment aux États-Unis. Face aux difficultés actuelles pour trouver un éditeur, les poètes ont adopté Instagram pour partager leurs compositions et se faire connaître.

Ce nouveau format de poésie, adapté au réseau social, donne ainsi un nouveau souffle au genre. Les poèmes sont généralement courts, quelques lignes tout au plus. Le format court le plus connu est le Haïku, une forme poétique d’origine japonaise qui a la spécificité, entre autres, d’être très brève. De plus, ces poèmes associent bien souvent le texte à l’image, illustrations ou photos, afin d’être partagés facilement par toute une communauté de fans.

Du réseau social à la maison d’édition

Un des meilleurs exemples de ce phénomène inattendu est celui de Tyler Knott Gregson. Il y a quelques années, il était freelance et écrivait déjà mais son travail consistait surtout à rédiger des notices et description de matériel de sport, de produits pour les cheveux et d’appareils d’imagerie médicale.

Tyler a toujours été passionnée par la poésie et a commencé à griffonner des vers à l’âge de 12 ans pendant les heures de cours. Lorsqu’il a commencé à publier ses poèmes sur Tumblr et Instagram, c’était principalement pour les faire découvrir à ses amis et sa famille. Comme souvent sur les réseaux sociaux, le reste est une histoire de partage. Quelques personnes ont commencé à commenter ses poèmes dont les styles allaient de la poésie d’amour aux courts vers érotiques, en passant par des pensées philosophiques et de brèves confessions. Ses poésies ont donc été partagées et certains fans s’affichent avec ses poèmes tatoués sur le corps. Le début du succès, puisqu’aujourd’hui, cet américain de 34 ans originaire du Montana compte 287 000 abonnés sur Instagram qui aiment et partagent ses poèmes.

Un court poème de Tyler Knott Gregson

Un succès incroyable qui lui a permis de publier un livre en 2014, Chasers of the light, qui s’est écoulé à plus de 120 000 exemplaires, un chiffre rarement atteint pour de la poésie.

Quand les influenceurs partagent

Tyler Knott Gregson n’est pas le seul à avoir goûté au succès sur les réseaux sociaux. Lang Leav est une autre célèbre Instapoète suivie par 220 000 personnes. Vivant en Nouvelle-Zélande, elle a aussi partagé quelques vers sur Tumblr et Instagram qui ont petit à petit été repris sur les réseaux sociaux. Mais le phénomène viral est vraiment arrivé lorsque Khloé Kardashian a partagé son poème Closure à ses 35 millions d’abonnés. Bien aidée par ce succès, Lang Leave a aussi sorti un recueil de poésies intitulé Love & Misadventure en septembre 2013.

Un autre poème, cette fois-ci signé Lang Leave

Robert M. Drake, quant à lui, est un auteur originaire de Miami qui a également vu ses textes partagés par l’ex-vedette de télérealité et compte aujourd’hui plus de 1,3 millions d’abonnés. Mais Khloé Kardashian n’est pas seule célèbre fan et si Robert M. Drake doit avant tout son succès à son talent, il peut aussi remercier  Kylie et Kendall Jenner, qui se revendiquent comment étant ses plus grandes fans. Incontestablement, cette mise en lumière par des stars des réseaux sociaux lui ont permis de se faire connaître et de pouvoir vivre de sa passion. Il a d’ailleurs sorti deux livres de poésie, Black Butterfly et Beautiful Chaos, qui se sont vendus à 160 000 exemplaires. Petit détail intéressant à ce propos : trois des dix livres de poésie les plus vendus aux États-Unis ont été écrits par de jeunes poètes qui ont bâti leur succès sur les réseaux sociaux.

Des styles différents

Je vous vois venir, vous aussi vous souhaitez partager vos poèmes d’amour sur Internet avec le hashtag #instapoetry, rêvez d’être à suivi par une personnalité connue et de publier un recueil de poésies. Pourtant, il est important de rappeler que Tyler, Lang et Robert se sont surtout démarqués par leur style d’écriture.

Ainsi, Robert M. Drake publie beaucoup de poèmes courts teintés d’amour et de blessures. Lang Leave, de son côté, traite de sujets divers mais s’amuse à décorer chaque poème avec une illustration ou une photo. Tyler Knott Gregson, lui, revendique un petit côté hipster et continue d’écrire ses compositions, haïkus et quatrains, sur un bout de papier avec parfois en fond des images de nature. Enfin, et je n’ai pas encore eu l’occasion de l’évoquer, Rupi Kaur fait elle aussi partie de ces Instapoètes connus mais traite des sujets plus sombres et d’actualité, comme les réfugiés, la violence et les abus. Elle a d’ailleurs édité un livre en octobre qui regroupe une bonne partie de ses textes.

Instagram a ainsi permis, en quelque sorte, de “dépoussiérer” la poésie, dans le sens où les poètes amateurs comme Tyler ne gagnent pas (encore) de prix littéraires et sont auto-didactes. La poésie sur le réseau social est plus spontanée tout en étant adaptée à la culture de l’image et du partage.

Instagram permet au final à certains écrivains de faire connaître leur travail sans passer par un éditeur. Pourtant, si les poètes profitent à leur tour des réseaux sociaux pour se faire connaître, ce n’est pas pour autant que la poésie va devenir un sujet mainstream. Rappelons que le nombre d’Américains qui disent lire de la poésie est passé de 12% de la population en 2002 à 6,7% en 2012. Mais elle a droit, elle aussi, à son petit coup de jeune numérique. Et ça, c’est déjà une belle avancée.

N’hésitez pas à laisser vos commentaires sous forme de Haïkus ! Allez, à dans 15 jours.

Crédit photo : Jody Art via VisualHunt

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Par : Opera
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