Moderna secoue une nouvelle fois les marchés boursiers cette semaine. Pour une fois, cela n’est pas lié à la pandémie de Covid-19. Avec une hausse de 19,63 % du cours de son action en seulement une séance, la société biotechnologique américaine est de retour avec une valorisation de plus de 75 milliards de dollars. Le titre a pris plus de 66 % depuis son dernier creux le 30 septembre. Qu’est-il en train de se passer ?
Avec deux années exceptionnelles marquées par des commandes XXL pour le vaccin contre la COVID-19 par les gouvernements, Moderna doit réfléchir à l’après. En 2023, les investisseurs ne voyaient pas la biotech poursuivre la cadence, ce pourquoi ils ont largement délaissé son titre. Ils reviennent aujourd’hui alors que des tests de la technologie ARNm sur une autre pathologie apportent des résultats prometteurs.
Moderna a en effet terminé une phase expérimentale pour un vaccin à destination du cancer de la peau (mélanome). La pandémie de coronavirus a permis aux Big Pharma d’investir massivement dans la recherche pour la technologie de vaccin personnalisé à ARNm et par conséquent, celle-ci tend à pouvoir être utilisée pour d’autres défis de la médecine.
“Nous commencerons des études supplémentaires sur le mélanome et d’autres formes de cancer dans le but d’apporter aux patients des traitements anticancéreux véritablement individualisés”, déclarait dans un communiqué Moderna.
Risques réduits de récidive
Telle une entreprise cotée en Bourse et en recherche de profits rapides, ses équipes se sont d’abord penchées sur le cancer le plus répandu aux États-Unis, avec plus de 80 000 nouveaux patients par an. Moderna s’est directement alliée à Merk, le laboratoire derrière le traitement Keytruda, développé depuis dix ans sous la forme d’un médicament d’immunothérapie. Ce dernier est d’ailleurs prescrit en France depuis cette année, pour le compte de 14 cancers différents.
“Nous montrons aujourd’hui que notre vaccin, combiné au meilleur produit disponible sur le marché, Keytruda, permet de quasiment réduire de moitié les risques de décès ou de rechute par rapport au Keytrudra injecté seul. L’objectif est maintenant d’étendre le champ de ce vaccin à base d’ARN messager à d’autres indications dans le cancer”, a expliqué le PDG de Moderna, Stéphane Bancel, dans une interview accordée au Figaro.
Les résultats publiés par les deux laboratoires donnent un chiffre de 44 % de risques réduits de récidive, avec les deux traitements comparé à Keytruda seul. Le patron né à Marseille en France, propriétaire de Moderna à hauteur de 9 %, ajoutait qu’il était impatient “de publier l’ensemble complet des données et de partager les résultats lors d’une prochaine conférence médicale sur l’oncologie, ainsi qu’avec les autorités sanitaires”. S’il obtient le feu vert, les essais de niveau 3 pourraient avoir lieu dès l’année prochaine.
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