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Le prix des livres sur Amazon change au plus grand bonheur des libraires

Le ministère de la Culture est d’accord pour retirer le principal avantage compétitif de Amazon face aux libraires.

L’année 2022 pourrait être couronnée d’une victoire pour tous les vendeurs de livres indépendants. Le mastodonte Amazon va se faire retirer son principal avantage compétitif dans sa vente de livres. Sur un avis consultatif de l’Arcep (L’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), le gouvernement prévoit d’imposer un tarif minimum de livraison de 3 euros pour les clients qui passeraient par les plateformes en ligne comme Amazon pour acheter un livre.

Frais de livraison

Pendant longtemps, le site e-commerce américain pratiquait une totale gratuité des prix pour pouvoir toujours rester le moins cher des acteurs. Les libraires indépendants en ont beaucoup souffert. Une seule condition, depuis 2014, imposait à Amazon de facturer quelque chose pour les petites commandes, mais le montant n’était que de 0,01 euro. Si la loi change, alors il ne sera plus possible pour Amazon et n’importe quelle plateforme en ligne de facturer moins de 3 euros.

 La fin de la gratuité ne veut pas dire que l’État ordonne de tirer totalement un trait dessus. Pour les grosses commandes, elles seront toujours disponibles. Là arrive le deuxième point du projet de loi. Pour proposer une livraison gratuite, il faudra passer commande pour au moins 35 euros.

De pair avec le ministère de la Culture, l’Arcep avait déjà relevé son avis de 25 à 35 euros pour ces commandes aux livraisons offertes. Un moyen d’être sûr de ne laisser aucun avantage à Amazon – une loi “visant à améliorer l’économie du livre et à renforcer l’équité entre ses acteurs”, expliquait la sénatrice membre du Parti Les Républicains (LR), Laure Darcos. Comme le rappelle Les Echos, le président de la République Emmanuel Macron avait lui aussi fait part de son ambition de redistribuer les cartes lors de ses précédents voeux pour sa réélection, en mai 2021.

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Dans la contribution d’Amazon à la consultation de l’Arcep, le géant du e-commerce a fait part de ses regrets et de ses craintes d’une mesure punitive pour le portefeuille des Français. Pour l’entreprise, une autre solution aurait été possible, notamment avec un tarif dédié pour les livres dans les courriers postaux.

“L’introduction d’un tarif minimum d’expédition aurait un effet inflationniste majeur, induisant une hausse du coût d’acquisition des livres vendus en ligne et affectant le pouvoir d’achat des lecteurs – et plus particulièrement de ceux qui résident loin des points de vente physiques et n’ont pas d’alternative. […]. Près de la moitié des livres achetés (46 %) sur Amazon le sont par des habitants de communes de moins de 10 000 habitants […]. Des alternatives existent qui ne pénaliseraient ni la lecture, ni le pouvoir d’achat des Français, par exemple la mise en place d’un tarif postal dédié, comme cela existe pour les expéditions de livres vers l’étranger : envoyer un livre de 500 grammes à Londres coûte ainsi 1,49€, alors que l’envoyer à une adresse française coûte quatre fois plus cher, à savoir 6€”, a dit l’entreprise.

Du côté des libraires, on aurait aimé plus de contraintes encore pour le géant de la tech basé à Seattle. Ces derniers, comme nous pouvions le lire dans l’avis de l’Arcep, demandaient un surcoût minimum de 4,5 euros pour toute livraison de livre par les plateformes de e-commerce. Leur argument principal : le coût d’expédition leur reviendrait quant à eux à plus de 7 euros. Depuis décembre 2021, la loi est déjà passée pour retirer aux plateformes en ligne le droit de ne facturer que 1 centime pour les livraisons. Mais il faut encore que l’État détermine un prix minimum pour que la règle change.

Le rôle des autorités gouvernementales, à rétablir la concurrence sur les marchés avec l’arrivée des GAFAM, est un point essentiel partout autour du monde. Aux États-Unis comme en Asie, les monopoles sont pointés du doigt. À Washington, au Congrès américain, le Représentant des États-Unis David Cicilline fait office de figure de proue dans ce combat. En Europe, l’Autorité de la concurrence française était la plus sévère de toutes en 2020, avec 1,8 milliard d’euros d’amendes infligées de part et d’autre. A la Commission européenne, le Français Thierry Breton s’est souvent fait décerner également.

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3 commentaires
3 commentaires
  1. Coucou, j’achète pour plus de 35 euros, j’ai la livraison gratuite et je retourne (gratuitement) ce qui ne m’intéressait pas à la base. Bien joué le gouvernement, un pas de géant pour l’écologie.

  2. Comme toujours des méthodes débiles d’un autre âge par notre gouvernement. On subventionne encore et toujours des modèles qui sont obsolètes et n’ont vocation qu’à une chose : disparaître. Ridicule comme toujours. Comme le disait Dewey : “je ne m’attendais à rien mais je suis quand même déçu”.

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