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Les États-Unis, un “bourbier” pour les néo-banques européennes

Le marché américain est un défi pour les néo-banques européennes. Quelle stratégie pour N26, Revolut et Monzo ?

Que ce soit pour Revolut ou N26, les cinq prochaines seront marquées par une croissance exponentielle. Pour 2025, les deux néo-banques visent l’acquisition de 100 millions de nouveaux clients chacune. Pour y arriver, elles ont commencé à se déployer à l’international, en commençant par les pays européens. Mais le plus grand défi se trouve outre-Atlantique, où les États-Unis comptent des dizaines de millions de clients potentiels.

La licorne allemande N26 a été la première à débarquer sur le Nouveau continent. La néo-banque y a conclu son partenariat avec la banque en ligne californienne Axos Bank en juin 2019. En initiant le mouvement au sein du pays, est-elle aujourd’hui la plus en mesure de s’y développer ? Les stratégies devront prendre en compte de multiples difficultés.

Un marché colossal, mais moins accessible

Le marché américain ne sera pas sans difficultés pour les néo-banques Revolut, Monzo et N26, comme l’exposaient nos confrères experts d’AltFi. En se déployant sur les différents pays européens, leur travail pour satisfaire les demandes spéciales des populations n’est rien vis-à-vis du rapport différent des Américains avec leur argent et leur banque. Les néo-banques devront certainement revoir leur offre plus en profondeur, sur un marché où 14 millions de personnes ne possèdent pas de compte banque.

La tâche ne sera pas facile : les consommateurs américains ne sont pas aussi familiers avec le modèle de l’open banking qui traverse aujourd’hui l’Europe. Pour ainsi dire, les Américains sont encore habitués au modèle traditionnel de la banque, et les « Big Four » gardent une domination indéniable. Les règles fédérales ne viennent pas aider. Selon l’experte américaine de l’open banking Karen Mills, les États-Unis « sont un bourbier compliqué de règles qui se chevauchent et se contredisent ». 

Peut-être qu’il ne s’agira que d’une affaire de temps. Les clients des banques américaines restent « frustrés par leur expérience bancaire », comme se réjouissait de dire le PDG de N26 Valentin Stalf. Ils le sont en grande partie à cause des coûts d’ouverture de compte et d’opérations, ce que les néo-banques pourront résoudre.

« Nous allons nous assurer que notre produit offre un meilleur rapport qualité-prix pour les clients, la plupart des banques américaines facturent 10 $ par mois pour un compte et 10 à 15 $ pour les virements locaux, nous offrirons les deux gratuitement », déclarait à l’agence Reuters le PDG de Revolut, Nikolay Storonsky, en référence à sa carte bancaire gratuite Revolut Standard.

N26, Revolut, Monzo : quel stade d’avancement ?

Les trois néo-banques européennes ont dû trouver des partenaires pour pouvoir s’implanter aux États-Unis. Sur le territoire, aucune des trois ne possède de charte fédérale pour pouvoir exercer de façon indépendante, comme cela commence à être le cas dans leur pays d’origine ou en Europe plus globalement. N26 s’est allié avec la banque en ligne Axos Bank, Revolut s’appuie sur le réseau Mastercard et Monzo a fait appel à Sutton Bank.

Sans avoir les mêmes droits et les mêmes partenaires qu’en Europe, les néo-banques ont dû faire des concessions. N26 ne propose pas son service de crédit comme c’est le cas ici avec Younited Credit. Chez Revolut, on tente déjà de profiter des nouveaux partenaires. Mastercard lui offre déjà la possibilité à ses clients de se faire des virements instantanés entre leurs cartes.

Arrivé en premier, N26 revendique aujourd’hui 250 000 clients aux États-Unis. Revolut est encore en période de test (depuis fin 2019) – sans indiquer le nombre exact de clients – mais compte tripler ses effectifs d’employés sur le territoire pour les trois prochains mois. Monzo est arrivé quelques semaines seulement après N26, mais il s’agit du lancement le plus limité, alors que la néo-banque britannique comptait diffuser seulement « quelques milliers de cartes » aux clients américains.

Comprendre les consommateurs

Lors de la soirée de lancement de Monzo à Los Angeles, son PDG Tom Blomfield a fait part de ses craintes d’un lancement trop rapide. « Nous prenons du temps pour commencer » annonçait-il en 2019, avant d’ajouter que « nous voulons comprendre comment les consommateurs américains en pensent et ressentent leur argent ».

Cette stratégie serait certainement la plus sécuritaire. Chez N26, qui possède le plus de clients sur le territoire à l’heure actuelle, la course est plus soutenue. Mais la néo-banque s’est déjà heurtée à des complications avec ses clients. Certains faisaient part de leur mécontentement au sujet du nombre de retraits limité. L’affaire a été en partie résolue, et a montré à N26 l’habitude bien plus prononcée des Américains envers les paiements en cash.

Chez Revolut enfin, la stratégie sera de viser en priorité les clients les plus susceptibles d’aimer le modèle. Il s’agira des étudiants étrangers, résidant sur le territoire, ainsi que les migrants qui ont du mal à accéder à une banque ou à du crédit. Une stratégie bien révélatrice de la néo-banque qui n’oublie pas son avantage « pour les voyageurs », alors que N26 cherche d’autant plus à devenir une banque du quotidien qui s’adresse à tous.

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