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L’Europe veut recycler les déchets nucléaires dans l’espace

Une première étude de faisabilité envisage d’utiliser des déchets nucléaires pour construire des batteries spatiales.

Énergiquement, le nucléaire est une superbe solution affichant un taux de rentabilité bien supérieur à l’éolien ou au solaire. Mais utiliser de l’uranium enrichi pour produire de l’électricité pose plusieurs problèmes. Le premier d’entre eux est un risque sécuritaire. Les accidents de Tchernobyl et Fukushima en sont la preuve.

Le second est environnemental. Si la production nucléaire ne dégage que de la vapeur d’eau, des « déchets » résiduels sont toujours présents une fois la fission réalisée. Ils sont généralement stockés à des kilomètres sous la surface, enfouis dans de grands blocs de béton recouvert d’une chape de plomb.

Une solution pas idéale, très contestée par les mouvements écologistes. Afin d’utiliser autrement ces déchets nucléaires, une équipe de chercheurs proposent de s’en servir pour produire des batteries. Elles seraient alors à utiliser dans l’espace pour alimenter les satellites.

Des premiers résultats « à la fin de la décennie »

Cette idée émane des couloirs de l’ESA, l’agence spatiale européenne. L’utilisation de telles batteries pourrait permettre de propulser des sondes spatiales dans des régions du système solaire où l’obscurité règne. Il serait ainsi possible de tourner autour de la Lune sans craindre le passage dans son ombre.

Les chercheurs de l’ESA voudraient utiliser de l’américium, un élément radioactif dérivé du plutonium irradié. Présent en nombre dans les réacteurs européens, cet élément coûte 50 fois moins cher que le plutonium. Cette source d’énergie serait assez puissante pour réchauffer les appareils scientifiques dans le froid de l’espace ou encore générer de l’électricité et faire tourner des moteurs.

L’Europe veut son indépendance

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, les échanges commerciaux entre l’Europe et la Russie sont rares. Or, c’est justement le pays de Vladimir Poutine qui fournit une grande partie du plutonium utilisé par le vieux continent. Athena Coustenis, présidente du comité consultatif de l’ESA, déclare ainsi : « la situation politique actuelle démontre que vous ne pouvez pas toujours compter sur des partenaires de longues dates. »

Les chercheurs de l’ESA travaillent en ce moment sur l’utilisation de l’américium dans des batteries. C’est une grande première scientifique et ils s’attendent à rencontrer plusieurs problèmes techniques dans leur développement. Au sein de l’ESA, on espère pouvoir intégrer des batteries à l’américium « d’ici à la fin de la décennie. » 

Si ce projet arrive à son terme, l’ESA pourrait mener ses propres missions d’explorations spatiales. Elle n’aurait plus à faire des co-projets avec la NASA, Roscomos (Russie) ou la JAXA (Japon).

Le nucléaire : une solution envisagée, mais jamais utilisée

Le nucléaire a toujours été une option pour le monde spatial. La propulsion nucléaire thermique utilise un petit réacteur nucléaire pour chauffer un fluide et propulser une fusée. En raison des risques d’accident, cette solution n’a jamais été testée en vol. Mais en 2019, la NASA a reçu un financement de 125 millions de dollars pour développer cette technologie. Cette méthode de propulsion est aujourd’hui évoquée dans l’optique de missions habitées vers Mars.

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