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PasTech 🍉 Episode 9 : Game Gear, la « Game Boy de luxe Â» de SEGA

Au dĂ©but des annĂ©es 90, vous aviez sans doute la Game Boy de Nintendo. A moins que vous Ă©tiez justement cet ami, ce cousin, ou encore ce voisin, qui avait fait le choix d’opter pour la Game Gear ! Retour sur cette console portable inoubliable de SEGA, lancĂ©e il y a plus de 30 ans dĂ©jĂ .

Il y a quelques jours, on revenait sur l’écran LCD officiel de la PSOne, un Ă©cran pour le moins ambitieux lancĂ© par Sony au dĂ©but des annĂ©es 2000. Dix ans plus tĂŽt, c’est SEGA qui faisait sa petite rĂ©volution, en commercialisant sa premiĂšre console nomade : la Game Gear. Avant le passage Ă  l’an de grĂące 1990, et alors que la Game Boy de Nintendo Ă©tait dĂ©jĂ  entre de nombreuses mains, SEGA prĂ©pare l’offensive. DĂ©jĂ  en guerre sur le marchĂ© des consoles de salon, SEGA et Nintendo prĂ©parent la bataille de la console portable, avec nĂ©anmoins un double argument de choix du cĂŽtĂ© de chez SEGA : le rĂ©troĂ©clairage (via un nĂ©on)
 et la couleur !

Parce qu’on n’a pas toujours eu un Ă©cran 4K devant les yeux, un smartphone OLED HDR dans la main et des manettes sans-fil sur les genoux, PasTech vous propose un petit retour rafraĂźchissant dans le passĂ©, Ă  la (re)dĂ©couverte de certains produits emblĂ©matiques qui ont fait (ou pas) l’Histoire de la tech. Alors on dit 5, 4, 3, 0, et puis paf, PasTech !

La Game Gear Ă  l’assaut de la Game Boy !

CommercialisĂ©e en Europe en juin 1991 (et dĂšs octobre 1990 au Japon), la Game Gear est la rĂ©ponse de SEGA Ă  Nintendo, qui fanfaronne depuis deux ans sur le marchĂ© du jeu nomade avec sa Game Boy (lancĂ©e en avril 1989 au Japon). Une console Ă  la puissance toute relative, dotĂ©e d’un Ă©cran monochrome sans le moindre Ă©clairage, mais affichĂ©e Ă  un tarif trĂšs attractif, et qui profitait Ă©videmment des licences fortes de chez Big N comme Super Mario, Kirby, Tetris, Zelda
 Du cĂŽtĂ© de chez SEGA, on prĂ©pare l’offensive dĂšs 1989, avec la ferme volontĂ© de concevoir la console portable ultime, Ă  mi-chemin entre la Game Boy, et une autre machine nomade de l’époque, la Lynx.

D’ailleurs, cĂŽtĂ© design, SEGA va davantage piocher du cĂŽtĂ© de la Lynx que de la Game Boy, avec une Game Gear Ă  tendance horizontale. Si le format vertical (façon Game Boy) fut envisagĂ©, c’est une forme horizontale qui fut rapidement privilĂ©giĂ©e, avec une console plutĂŽt avare en bouton, puisqu’en plus d’une croix directionnelle, on retrouve simplement un bouton Start, et deux touches 1 et 2.

Mais ce qui doit permettre Ă  la Game Gear de SEGA d’écraser purement et simplement la Game Boy de Nintendo, c’est Ă©videmment son Ă©cran. Exit l’écran monochrome de la plĂšbe, place ici Ă  un Ă©cran couleur avec un dĂ©but de rĂ©tro-Ă©clairage destinĂ© Ă  l’élite (et tant pis pour l’autonomie
). C’est simple, la Game Gear avait pour ambition d’ĂȘtre tout ce que la Game Boy n’Ă©tait pas.

De la couleur et un néon (et des piles aussi, beaucoup de piles
)

En effet, LA grande qualitĂ© de cette Game Gear Ă  son lancement en juin 1991 (en France), c’est Ă©videmment un Ă©cran couleur, qui promettait de retrouver les sensations d’un jeu “de salon” sur une console portable. Un Ă©cran couleur loin d’ĂȘtre inĂ©dit toutefois, puisque dĂ©jĂ  disponible sur la Lynx ou encore la PC Engine GT, mais nombreux Ă©taient ceux Ă  ignorer l’existence mĂȘme de ces machines. AffichĂ©e au prix de 990 Francs Ă  son lancement, la Game Gear s’articule autour d’un Ă©cran de 3,2’’, avec 32 couleurs affichables simultanĂ©ment sur une palette de 4096 couleurs, sans oublier un processeur 8 bits.

Game Gear
© Stéphane Ficca pour Presse-Citron.net

A son lancement, elle est accompagnĂ©e par Columns, Super Monaco GP ou encore le toujours trĂšs apprĂ©ciĂ© Wonder Boy. Bref, une bĂȘte de console nomade, Ă  mĂȘme de transformer instantanĂ©ment notre chĂšre Game Boy en une console d’autre autre Ă©poque.

Toutefois, aussi « rĂ©volutionnaire Â» fut elle, la Game Gear affichait Ă©galement d’importants dĂ©fauts, dĂ©jĂ  pointĂ©s du doigt Ă  l’époque par certains journalistes spĂ©cialisĂ©s, qui ne furent pas aveuglĂ©s par le nĂ©on intĂ©grĂ© Ă  la machine. Ainsi, non content de souffrir d’un gabarit assez imposant (et un poids de 570 grammes), la Game Gear nĂ©cessitait Ă©galement un total de 6 piles AA pour fonctionner
 environ 3 heures. Une autonomie dĂ©sastreuse, si bien que nombreux sont ceux Ă  se rappeler de la console nomade de SEGA, non pas pour ses couleurs, non pas pour son look ou mĂȘme ses jeux, mais pour son cĂŽtĂ© (mĂ©ga) Ă©nergivore.

© Stéphane Ficca pour Presse-Citron.net

Pour la petite anecdote, grĂące aux efforts de SEGA France Ă  l’époque (notamment via des publicitĂ©s trĂšs percutantes dans les magazines JV), la Game Gear a connu un succĂšs somme toute trĂšs correct dans notre pays, s’écoulant Ă  environ 800 000 exemplaires.

L’un des nombreux dilemmes pour les joueurs de l’Ă©poque… La Game Gear pour NoĂ«l ? Ou la Game Boy ? © StĂ©phane Ficca pour Presse-Citron.net

Certes, le ratio vis-Ă -vis de la Game Boy Ă©tait trĂšs nettement Ă  l’avantage de cette derniĂšre (environ 1 pour 6), mais nombreux sont ceux Ă  avoir possĂ©dĂ© une Game Gear Ă  l’époque, ou Ă  avoir connu cet ami, ce voisin ou ce cousin qui s’était laissĂ© sĂ©duire par l’écran couleur de cette Game Boy de luxe « made in SEGA Â».

On a tous un ami qui avait la Game Gear


A titre purement personnel, le jeune dĂ©tenteur de Game Boy que j’étais avait Ă©videmment pu poser les mains sur cette Game Gear (merci Vincent !), avec des heures passĂ©es sur un certain… Joe Montana Football. Alors certes, l’écran couleur provoquait un cĂŽtĂ© « wow Â» indĂ©niable, toutefois, force est d’admettre que cette allĂ©gresse Ă©tait relativement Ă©phĂ©mĂšre, la faute Ă  un Ă©cran peu lisible en rĂ©alitĂ©, mais aussi (et surtout) Ă  une prise en main assez dĂ©sagrĂ©able globalement il faut bien le dire.

Pour beaucoup, la Game Gear fut une vraie curiositĂ©, mais la Game Boy restait LA console portable du moment, pour son cĂŽtĂ© « portable Â» d’une part, mais aussi pour son catalogue de jeux trĂšs (trĂšs) impressionnant. C’est simple, on a tous connu cet ami qui avait la Game Gear (et un autre qui avait la Neo-Geo et/ou le Mega CD), et on Ă©tait tous plus qu’heureux de pouvoir prendre la trĂšs dĂ©sirable console de SEGA en mains.

Jeux Game Boy
© Stephane Ficca / Presse-citron.net

Le fait est qu’une fois la session terminĂ©e, on Ă©tait en rĂ©alitĂ© tout aussi heureux de savoir que la Game Boy nous attendait Ă  la maison, avec Super Mario Land, Zelda Link’s Awakening et/ou Kirby’s Dreamland, et que l’on avait finalement « bien fait Â» de ne pas succomber Ă  la surenchĂšre technique de SEGA.

Trop chĂšre, trop Ă©nergivore
 pas assez « grand public Â» la Game Gear ?

En partant du principe que la Game Gear devait surpasser, techniquement parlant, la Game Boy, SEGA mit au point une console trĂšs avancĂ©e pour son temps, mais cela se rĂ©percuta sur le prix de vente (990 Francs, soit prĂšs du double du prix de la Game Boy), mais aussi sur l’autonomie. Si la Game Boy parvenait Ă  tenir une grosse vingtaine d’heure via quatre piles AA, la console de SEGA imposait un total de six piles, pour deux Ă  trois heures d’autonomie. Autant dire que pour les parents de l’époque, au rayon jeux vidĂ©o chez Continent ou chez Mammouth, le choix Ă©tait vite fait lorsqu’il s’agissait d’acheter une console portable pour le NoĂ«l du petit dernier.

Pas assez de piles mon fils… © StĂ©phane Ficca pour Presse-Citron.net

Quant Ă  la rolls des consoles portables de l’époque, Ă  savoir la PC Engine GT, cette derniĂšre fut lancĂ©e en France au tarif improbable de 2490 Francs en janvier 1991, avant de passer Ă  1490 Francs en novembre l’annĂ©e suivante. Autant dire que Nintendo avait un vrai boulevard, que la firme a largement su exploiter avec sa Game Boy pourtant si pauvrette d’un strict point de vue technique.

MalgrĂ© un line-up somme toute limitĂ©, la SEGA Game Gear a pu, au fil des mois, disposer d’un catalogue de jeux de qualitĂ©, avec des adaptations de licences trĂšs apprĂ©ciĂ©es comme Sonic, mais aussi Ninja Gaiden, l’indĂ©modable Shinobi, le toujours superbe Streets of Rage, OutRun, Shining Force ou encore l’excellent Ristar. Au total, la Game Gear compte un peu plus de 360 jeux dans sa ludothĂšque (contre prĂšs de 2 000 jeux pour la Game Boy). En fin d’annĂ©e 2020, SEGA a lancĂ© plusieurs versions “micro” de sa Game Gear.

En 2020, SEGA a lancĂ© plusieurs versions “micro” de sa Game Gear, avec quatre jeux intĂ©grĂ©s et plusieurs coloris

Une Game Gear que l’on prend toujours autant de plaisir Ă  allumer plus de trente ans plus tard, pour le cĂŽtĂ© « nostalgie Â» et cette envie irrĂ©pressible de refaire un ou deux niveaux de Sonic the Hedgehog ou de Streets of Rage, mĂȘme si cela nous pousse (encore aujourd’hui) Ă  mieux apprĂ©cier sa principale rivale, qui peut sans doute ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme LA rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de console portable, malgrĂ© une puissance infĂ©rieure Ă  toutes ses concurrentes de l’époque. Comme quoi, la maitrise, la puissance, tout ça


NB : La Game Gear qui illustre cet article a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une restauration complĂšte, avec une coque custom blanche et un nouvel Ă©cran LCD rĂ©tro-Ă©clairĂ© (qui restitue donc une image de bien meilleure qualitĂ© que celle de l’Ă©cran d’origine).

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