Passer au contenu

Pourquoi les avions décollent-ils toujours face au vent ?

C’est un classique de l’aviation très peu compris des voyageurs. On vous explique l’importance économique, écologique et sécuritaire d’une telle logique.

À Paris, Lyon, Marseille et dans la plupart des aéroports, les pistes d’atterrissage et de décollage peuvent être utilisées d’un côté comme de l’autre. En fonction des jours, voire des heures, le sens des arrivées et des départs peut changer. Et cela est dû au changement des vents. Beaucoup pensent encore que les avions décollent avec le vent dans le dos, pour pouvoir profiter d’une poussée accrue. Mais en réalité, c’est tout l’inverse. Les avions décollent toujours face au vent.

L’explication est loin d’être difficile à comprendre. Il s’agit de logique. Mais pour cela, il faut encore comprendre comment vole un avion et expliquer le phénomène de “portance”. Non, un avion ne bat pas des ailes comme un oiseau, alors comment peut-il flotter ainsi dans l’air ? Cette explication vous permettra de comprendre l’importance pour un avion de décoller face au vent d’un point de vue sécuritaire, économique et écologique.

Le fonctionnement des ailes d’un avion

Pour pouvoir voler, un avion a besoin d’être aspiré vers le haut. C’est ce qu’on appelle le phénomène de “portance”, dû à une surpression de l’air sous les ailes et une dépression au-dessus.

Pour pouvoir les créer, les ailes des avions sont bombées sur le dessus. Les molécules d’air arrivant sur cette surface bombée devront parcourir une plus longue distance que les molécules parcourant la partie inférieure complètement plane. Et comme la nature ne supporte pas le vide, les molécules situées au-dessus accéléreront leur vitesse pour rejoindre les molécules passant en dessous en même temps.

Cette différence de vitesse modifie la pression de l’air. Plus l’air se déplace vite, moins sa pression est élevée. Et par conséquent, avec une telle différence sur le dessus et le dessous des ailes d’un avion, une aspiration vers le haut est créée par le phénomène physique. Vous l’aurez compris, pour pouvoir voler, un avion a donc tout intérêt à avoir un flux d’air important et rapide sur ses ailes…

Décoller face au vent en avion, l’explication

Maintenant que l’on comprend le phénomène de portance et l’intérêt de l’air circulant au-dessus et en dessous des ailes d’un avion, parlons du décollage. Pour pouvoir s’arracher du sol, chaque modèle d’avion en fonction de son poids et de son fuselage doit atteindre une certaine vitesse avant d’effectuer une rotation. Cette vitesse, contrairement aux apparences, n’est pas une vitesse relative au sol mais à l’air, comme vous le comprendrez grâce au phénomène de portance.

Or la vitesse air et la vitesse sol n’est pas forcément la même. Lorsque les ailes d’un avion font face à un vent de 50 km/h, à l’arrêt, la vitesse air au niveau des ailes et déjà de 50 km/h. Il suffit ainsi de rouler sur la piste à plus de 200 pour déjà atteindre une vitesse air de 250 km/h. À l’inverse, avec un vent dans le dos de 50 km/h, il faudrait rouler à plus de 300 km/h sur le sol pour atteindre une vitesse de 250 km/h au niveau des ailes (300 km/h – 50 km/h annulés par le vent contre).

Dans l’absolue, avec un vent suffisamment rapide, vous comprendrez qu’il est donc possible de décoller à l’arrêt. Plusieurs vidéos d’avion en pleine tempête ne nécessitant pas d’atteindre des vitesses très importantes pour décoller existent sur YouTube. L’une des plus connues étant celle ci-dessous.

Sans chercher à décoller à l’arrêt, les avions de ligne que vous empruntez en voyage décollent donc face au vent pour un souci d’économie et d’écologie (il faut brûler moins de carburant pour accélérer sur la piste). L’intérêt est aussi de l’ordre de la sécurité : la distance d’accélération sur la piste étant moins longue, les avions décollent plus vite et une bonne partie de la distance d’asphalte est encore disponible en cas de freinage d’urgence. Le risque de décrochage (perte de la portance au niveau des ailes) et lui aussi réduit.

L’importance est la même pour les atterrissages. Dans ce cas-là, atterrir face au vent permettra d’arriver moins vite sur la piste et réduire la distance de freinage tout en réduisant là encore le risque de décrochage.

Pensez-y, lors de votre prochain voyage ou si vous passez prêt d’un aéroport. Le vent dicte le fonctionnement des pistes et les contrôleurs aériens privilégieront toujours un vent de face pour faire décoller et atterrir les avions. Cela peut aussi expliquer pourquoi votre vol a peut-être déjà effectué un demi-tour en approche de l’atterrissage, au lieu d’atterrir directement sur la piste, comme expliqué dans cette capture d’écran ci-dessous.

Decollage atterrissage avion
En provenance de Rennes, cet avion Air France a dû effectuer un demi-tour pour atterrir par l’est, au lieu d’atterrir directement sur les pistes par l’ouest. On comprend donc que le vent était d’ouest à ce moment. © FlightRadar24

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Cliquer pour commenter
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *