Passer au contenu

Redoutant l’essor des crypto-monnaies, le Brésil répond avec sa propre monnaie numérique

Pour garder sa souveraineté face aux crypto-monnaies, le Brésil annonce à son tour son « CBDC ».

Voici déjà deux pays membres des BRICS qui annoncent – via leur banque centrale – l’arrivée d’une monnaie numérique étatique (CBDC). Le Brésil vient d’en faire l’annonce mercredi 9 septembre, par la voix de Roberto Campos Neto, le président de la banque centrale brésilienne. Comme pour la Chine, qui avait annoncé un projet similaire, le Brésil annonce un lancement effectif pour 2022. Dès cette année, un système de paiement instantané doit venir préparer le terrain.

Les pays des BRICS semblent redouter une évolution possible de la monnaie. Par la blockchain, les différentes crypto-monnaies en vogue aujourd’hui comptent retirer aux états leur pouvoir par l’argent et sur l’argent. Avec des jetons numériques, non centralisés, les pays n’exerceraient plus le même rôle sur leurs citoyens et leur politique commerciale avec les partenaires. Le Brésil rejoint la Chine sur ce point, pour un objectif simple : convertir la monnaie locale au format numérique, pour éviter d’être dépassé par les technologies des crypto-monnaies.

Système de paiements instantanés

Pour pouvoir convertir les habitants à sa monnaie numérique dans moins de deux ans, le Brésil va avoir du travail : 70 % de ses citoyens choisissent le cash comme principal moyen de paiement, selon l’institut Locomotiva. Mais la banque centrale brésilienne prépare le terrain et annonce la sortie au mois de novembre prochain d’un système de paiement instantané. Du nom de « PIX », ce dernier promet de passer outre tous les intermédiaires dans le paiement (comme les émetteurs de cartes) en utilisant des portefeuilles numériques et des paiements via codes QR.

« Pour avoir une monnaie numérique, vous avez besoin d’un système de paiement instantané efficace et interopérable ; un système ouvert, où vous pouvez créer de la concurrence ; et une monnaie crédible, convertible et internationale. Après cela, je pense que vous avez tous les ingrédients pour avoir une monnaie numérique. Nous pensons que nous l’aurons en 2022 » déclarait le président Roberto Campos Neto, en promouvant sa CBDC comme une crypto-monnaie semblable à celles issues de la blockchain.

Le Brésil a beau faire face à un retard sur l’utilisation des cartes bancaires et du paiement mobile, il possède toutefois une arme de taille : la plus grande néo-banque au monde, Nubank. Créé en 2013, l’établissement est bien supérieur à N26, Revolut ou encore Monzo. Le 1er juin 2020, elle dépassait un cap symbolique : celui des 25 millions d’utilisateurs, sur les 209 millions de citoyens que compte le pays, les 110 millions d’actifs, et les seulement 50 millions qui possèdent un compte bancaire. Un bon indicateur pour le pays, et un véritable outil de pivot.

Tremplin du COVID-19

En plus d’héberger la plus grande banque en ligne au monde, le Brésil est en plein sursaut. La crise sanitaire, qui ravage le pays, a propulsé les changements vers les paiements numériques. Cela va pouvoir aider le pays à préparer le terrain à l’arrivée d’une monnaie 100 % numérique, en particulier dans les grandes villes où les paiements sans contact ont été multipliés par cinq en l’espace d’un an. Cette augmentation n’est pas la plus représentative ; venant du laboratoire LABS brésilien, elle se focalise sur la période mars 2019 – mars 2020. Depuis, l’augmentation doit être encore plus forte.

Deux ans pour préparer sa CBDC, cela sera-t-il satisfaisant pour le pays ? En fait, il pourrait bien s’agir d’une priorité. D’un côté, au sujet de l’inclusion financière. L’accès aux outils et services financiers chez les citoyens est encore restreint (transactions, paiements, épargne, crédit et assurance) et l’accès à ces produits et services financiers facilite le quotidien et aide les ménages et les entreprises à anticiper le financement d’objectifs de long terme ou faire face à des imprévus. Une monnaie numérique pourrait être décisive pour arriver à répondre à ces besoins.

En parallèle, la création d’un CBDC, autrement dit une monnaie numérique centralisée par la banque centrale, est une contre-attaque à l’essor des crypto-monnaies. À l’image du dollar pour les pays d’Amérique latine et d’Amérique centrale en crise, les crypto-monnaies comme le Bitcoin pourraient devenir une valeur refuge pour ne pas subir la dépréciation d’une monnaie. Mais pour le Brésil, cela aurait pour conséquence une fuite des capitaux, et une perte de pouvoir sur la monnaie, comme nous le rappelions en début d’article. Ce n’est pas pour rien que le Brésil et la Chine ont dévoilé leur plan de création d’une monnaie numérique, et que la Russie est le deuxième pays dans le classement mondial du Global Crypto Adoption Index 2020.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Cliquer pour commenter
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *