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En “situation d’urgence”, Facebook et Twitter bannissent Donald Trump

Le président sortant avait partagé une vidéo de son discours, encourageant ses partisans à s’opposer au résultat des votes devant le Capitole à Washington.

Donald Trump a franchi une nouvelle limite des politiques de Facebook, Twitter et YouTube, mercredi soir aux États-Unis. Le président sortant vient d’être banni de ses deux comptes les plus importants pour sa communication, dont son compte Twitter aux 88 millions d’abonnés, où il ne pourra plus poster des messages pendant une durée de douze heures.

Facebook a rejoint Twitter dans cette décision en évoquant, en début de soirée, la fermeture de l’accès de sa page officielle à Donald Trump pour une durée de vingt-quatre heures. Instagram ne serait pas concerné : Facebook et Twitter s’étant principalement alliés à YouTube pour supprimer une vidéo d’extrait du discours du président sortant dans lequel il encourageait ses partisans à venir contester les résultats des élections présidentielles et du Sénat.

Une « situation d’urgence » pour Facebook

« Il s’agit d’une situation d’urgence et nous prenons des mesures d’urgence appropriées, notamment en supprimant la vidéo du président Trump » a déclaré le porte-parole de Facebook Guy Rosen. Une heure après la publication de la vidéo, le réseau social a pris la décision de supprimer celle-ci. Twitter, dans la lancée, a rejoint Facebook tout en prenant la décision d’écarter Donald Trump de son compte personnel, le profil @realDonaldTrump. Facebook s’est empressé de le suivre dans la foulée, préférant une durée de 24 heures plutôt que 12 heures pour sa part.

La situation est sans précédent, mais voilà déjà que de nombreux internautes s’offusquaient à l’idée que Donald Trump puisse être traité différemment que les internautes lambda. « Je viens de sortir d’une interdiction de 30 jours pour avoir insulté un compte de spam. Cet homme a fait prendre d’assaut notre gouvernement par ses fidèles et vous lui donnez 24 heures… » écrivait une internaute en réponse au compte Twitter des informations officielles du groupe Facebook. Plus globalement, le hashtag « Delete » (« supprimez ») était en tendance toute cette nuit aux États-Unis et au Canada, un message de revendications là encore pour demander aux réseaux sociaux de supprimer de façon définitive les comptes du 45e président américain.

Capitole Donald Trump
Le Capitole à Washington, siège du pouvoir législatif américain, pris d’assaut par les partisans pro-Trump hier en fin d’après-midi à la suite du décompte des votes aux élections du Sénat © Unsplash / Joshua Sukoff

YouTube : des mesures pour sa (nouvelle) politique

Derrière l’effet d’annonce du blocage des comptes Twitter et Facebook de Donald Trump, Google a rejoint le mouvement par le biais de YouTube. Le président sortant avait aussi publié l’extrait de son discours sur la plateforme, et pour l’une des premières fois le service de streaming faisait appliquer sa modération à l’égard de Donald Trump.

Aussi nouvelle que soit cette décision, YouTube ne pourra la justifier que par une toute nouvelle politique de modération entrée en vigueur en décembre dernier. Les contenus postés liés à la contestation des élections faisaient partie des nouveaux sujets auxquels YouTube se réserve le droit de suppression. La nouvelle mesure faisait directement lien avec les critiques des utilisateurs au sujet de la conduite passive de YouTube sur les contenus postés par le président américain. Google ne souhaite plus recevoir de reproche autour de ces contenus de désinformation, maintenant que Donald Trump a été écarté d’un deuxième mandat pour devenir le 46e président des États-Unis.

À l’époque, YouTube ne suivait pas la même logique. Sur Twitter, la plateforme s’était déjà défendue – un peu à la manière de la vision originale de Mark Zuckerberg avec Facebook – que « comme d’autres entreprises, nous autorisons ces vidéos parce que la discussion des résultats des élections et le processus de comptage des votes sont autorisés sur YouTube. Ces vidéos ne sont pas diffusées ou recommandées de manière visible et proéminente ».

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En octobre, Mark Zuckerberg et Jack Dorsey, représentant respectivement Facebook et Twitter face au débat sur la modération des contenus sur Internet © Presse-citron

Section 230 : retour sur un débat de modération

Forcément, les décisions de Facebook et de Twitter se sont attirées tout un tas de critiques, aussi, du côté des partisans de Donald Trump. Mais sans faire d’amalgame, un lot de critiques plus larges ont convergé autour de la « section 230 », une partie de la loi sur la « décence des communications ». Débattue à la fin du mois d’octobre au Sénat par une commission du Comité sénatorial du Commerce, celle-ci avait conduit à une audition des PDG de Facebook et Twitter, Mark Zuckerberg et Jack Dorsey.

Le texte en question est rapidement devenu un symbole de la question de la modération sur les réseaux sociaux. Couteau à double tranchant, elle protège d’un côté les internautes à pouvoir poster ce qu’ils souhaitent sur internet sans craindre de répercussions judiciaires, comme elle laisse le libre arbitre aux administrateurs de modérer les contenus. Globalement, démocrates et républicains s’opposent sur la question, et les volontés de censure ne sont pas animées par les mêmes motivations de chaque côté.

« Vous êtes incroyable. C’est une censure et une suppression absolue de la liberté d’expression. J’espère que la 230 sera abrogée et que vous serez poursuivis » réagissait une internaute à la suite de la décision de Twitter. « Twitter est une entreprise privée à but lucratif dans un marché libre. Ils ont leurs propres directives et politiques de contenu. Cela n’a rien à voir avec le premier amendement » lui répondait un autre.

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4 commentaires
4 commentaires
  1. Il ne faut plus parler de démocratie et de liberté d’expression !
    Cette attitude des réseaux sociaux est une atteinte à la liberté de chacun !
    C’est une cabale au profit d’une caste de corrompus de haut niveau et le peuple américain à bien raison de se révolter !

    1. @Jacques : L’appel à la haine est bien plus grave… Cela fait longtemps que les propos de Trumps méritaient sanction. La liberté des un s’arrête là ou celle des autres commences. La liberté d’expression s’arrête quand cette liberté d’expression est utilisée pour enfreindre les lois.

      Et non, on ne peut pas dire ce que l’on veut. Je peux dire que je ne suis pas d’accord avec quelque chose. Mais je ne peux dire ou sous entendre qu’il faut attaquer quelqu’un ou un bâtiment. Cela s’appel un appel à la haine et c’est punissable.

      Il y a dans les courants populistes actuellement une idée reçue comme quoi nous sommes libre de faire ce qu’on veut, tout ce qu’on veut et que toute tentative de limiter cette liberté est soit disant anti démocratique. Un monde ou l’on fait tout ce que l’on veut cela s’appel l’anarchie et il y a une énorme différence entre anarchie et démocratie. Je vous laisse la découvrir. 😉

  2. Surtout que la seule vidéo censurée sur twitter, est celle ou il demande aux gens de rentrer chez eux dans le calme, de ne pas céder a la colère face a ce coup d’etat même si “qui sème la fraude récolte la tempête”.
    Cette mafia avec sa marionnette Biden sera le gouvernement de la honte.

  3. Formellement, les administrateurs des réseaux sociaux font ce qu’ils veulent.
    Conceptuellement, Twitter s’est pris pour l’ONU.

    Problème, l’ONU est une représentation démocratique qui a un mandat implicite alors que Twitter est un collège entrepreneurial qui n’a aucun mandat.

    Du moment qu’ils sont soutenus par l’ONU, ça passe. Mais le jour où ils prendront des décisions contraires à l’ONU, ça deviendra une guerre Twitter vs. ONU ! Il aurait été bienvenu que l’ONU se prononce avant Twitter sur le danger du discours trumpiste. Qui est le seul organisme officiel surveillant les élections ? C’est l’ONU. Ils sont mieux placés que quiconque pour savoir si les élections sont bonnes ou pas, alors que Twitter eux ne savent rien. Et c’est valable pour tous les GAFA.

    En résumé, ça passe, mais c’est une poussée excessive des GAFA dans la politique. A ne pas recommencer et à l’ONU de mettre les points sur les i !

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