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Hier, l’audition de Facebook, Twitter et Google fut un malheureux raté

Au Sénat américain, Mark Zuckerberg et Jack Dorsey ont tenu un discours paradoxal, face à des législateurs bien trop partisans. Un malheureux raté.

Les États-Unis continuent de se poser des questions sur leurs entreprises de la tech. Après les GAFA pour leur monopole, voilà qu’une commission sénatoriale s’est penchée spécifiquement sur Facebook et Twitter en tant que réseaux sociaux, en invitant également Google à se joindre à l’audition. À l’ordre du jour : en savoir plus sur la gestion des plateformes quant à leur modération des contenus publiés par les utilisateurs.

En visioconférence, les trois PDG se sont prêtés à un exercice de questions-réponses avec une commission du Comité sénatorial du Commerce, des Sciences et des Transports. À moins d’une semaine des élections présidentielles, les membres n’ont pas caché leurs sensibilités politiques jusqu’à pouvoir établir un bilan de l’audition sous deux angles clés, correspondant au bord républicain et démocrate. Une fracture malheureusement handicapante pour pouvoir traiter le sujet en profondeur.

Section 230 : fausses informations ou liberté d’expression ?

Aux États-Unis, la loi sur la « décence des communications » est notamment régie par une section bien spécifique au sujet de la modération du contenu publié sur les réseaux sociaux : la section 230. Pour être clair, celle-ci empêche des poursuites judiciaires liées aux publications sur la toile « par des tiers ».

Longtemps laissée tranquille, elle dérange aujourd’hui et peut être lue de deux manières. D’un côté, comme d’un texte protégeant Internet et les internautes de pouvoir s’exprimer librement sur la toile. De l’autre, elle peut être vue comme une barrière protégeant les grandes plateformes dans leur tranquillité d’esprit au regard des fausses informations publiées, aux théories complotistes et aux mouvements encore plus radicaux comme le négationnisme des génocides.

À la suite de l’audition, le but pour le Sénat sera de procéder à une réforme « en profondeur » de la loi. Mais avant d’en proposer une modification, encore faudrait-il que républicains et démocrates puissent s’entendre. Certains craignent d’un trop plein de laisser-aller, quand d’autres s’alarment d’une compétence d’arbitrage déloyal.

Républicains face à Twitter, démocrates face à Facebook

De côté durant l’audition, Sundar Pichaï de Google (et YouTube) a laissé Twitter et Facebook à la proie d’une véritable fracture dans les questions des démocrates et républicains. Pour le Grand Old Party (républicains), on se penche spécifiquement sur Jack Dorsey, de Twitter. 16 questions parmi les 25 qui lui auront été posées proviennent des républicains. Inlassablement, ces prises de paroles se sont ramenées au sujet de leur parti dans une critique sur la modération en vigueur.

Le sénateur républicain Roger Wicker, par exemple, déclarait : « Votre plateforme autorise des dictateurs étrangers à publier leur propagande sans restriction, tandis que vous limitez systématiquement le président des États-Unis ». Un point de vue dont la majorité a réitéré la critique.

Le patron de Twitter – resté calme malgré plusieurs coupures de parole – supportait les conséquences des multiples modérations de tweets du Président Trump et de son compte de campagne depuis le mois de mai. Piqué au vif, l’homme avait d’ailleurs menacé de fermer le réseau social.

Du côté des démocrates, le ton fut plutôt donné aux craintes quant à la désinformation et l’extrémisme. Un angle différent, où la section 230 devenait ainsi un objet de trop grande liberté d’expression sur la toile plutôt que d’une arme arbitrale et modératrice. Forcément, le message fut davantage adressé à Mark Zuckerberg, alors que Facebook a régulièrement fait l’objet d’affaires au sujet de groupes négationnistes ainsi que de fake news au profit du camp républicain.

Une liberté délicate à pondérer, voire à concevoir

Cela dit, Jack Dorsey fut aussi questionné sur le sujet, à son nom et à celui de Twitter. Le sujet de l’Holocauste, en particulier, fut un point sensible sur lequel différents médias se sont empressés de rendre compte du discours paradoxal du PDG. Comme le souligne BFM TV, une nuance délicate fut présentée comme telle par l’entrepreneur.

Au sujet des négationnismes des génocides, Twitter classifie les contenus publiés sur sa plateforme comme des propos haineux. Il en délaisse ainsi l’étiquette de « fausse information », pourtant disponible sur le réseau social.

En fin d’audition, Jack Dorsey a fait savoir sur Twitter de son intérêt au sujet de l’audition, et de la section 230. Comme une piste d’explication qui semble s’appliquer à l’ensemble des réseaux sociaux, le PDG en a défendu l’intérêt de la liberté d’expression pour les internautes sur Internet. Une liberté délicate à pondérer, voire à concevoir pour certains. Sur la centaine de questions du comité, de trop nombreuses s’écartaient du sujet central et de l’ordre de l’utilité publique. Un malheureux raté, pour un sujet si important.

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Par : Twitter, Inc.
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