Comme le rapportent nos confrères de Challenges, Taïwan multiplie les appels du pied aux Etats-Unis dans un contexte de tensions croissantes avec la République Populaire de Chine. Il faut dire que l’histoire de la République de Chine (Taïwan) et de la République Populaire de Chine (Chine continentale) a toujours été complexe. Pour résumer un peu rapidement (l’histoire qui a mené à la situation actuelle est réellement passionnante) avant l’arrivée des communistes au pouvoir et l’occupation japonaise en 1895, l’île faisait partie intégrante du territoire de la Chine.
En 1945, après la reddition japonaise, les forces nationalistes de la République de Chine, opposés aux communistes, ont rejoint l’île de Formose aidées par un petit contingent américain, et ont chassé ce qui restait d’occupants japonais. Ils ont alors pris le contrôle de l’administration de l’île, fondant de facto Taïwan tel qu’on le connaît aujourd’hui. A l’époque, la République de Chine (Taïwan) avait des prétentions territoriales sur l’ensemble de la Chine continentale.
Taïwan relocalise préventivement une partie de sa production aux USA, Japon et Allemagne
Mais la République Populaire de Chine (Chine) considérait également l’île comme partie intégrante de son territoire. Avec le temps, et la montée en puissance de la Chine continentale, les responsables communistes se sont imposés comme la seule autorité légitime de la zone – forçant tous les Etats désirant continuer d’entretenir des relations avec la Chine continentale à ne plus reconnaître l’administration de Taïwan.
Taiwan a de son côté connu pendant longtemps un régime dictatorial nationaliste, qui a appliqué la Loi martiale de 1949 à 1987 supprimant toute opposition politique dans le sang et la terreur. Mais de profondes réformes démocratiques commencent des la fin de cette période. Réformes qui mèneront à l’établissement d’une démocratie pluraliste et très ouverte sur le monde – en parallèle d’une politique économique très axée sur l’industrialisation et les nouvelles technologies.
L’avènement des smartphones au tournant des années 2000 va stimuler le secteur des semi-conducteurs, et déboucher sur la création, en particulier, d’une entreprise qui va devenir le sous-traitant de choix pour tous les grands noms de la tech – de Nvidia à Intel en passant par Apple et Qualcomm. Aujourd’hui TSMC est un maillon central du secteur tech au niveau mondial. Et la perspective d’une prise de contrôle par la Chine continentale suite à une possible invasion, effraie les Etats-Unis, leurs alliés et les autorités de Taïwan.
C’est pourquoi les Etats-Unis multiplient les gestes de soutien – et aussi pourquoi Taïwan relocalise en ce moment une partie de sa production aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne. TSMC a notamment investi 12 milliards de dollars pour construire une usine dans l’Arizona. Et compte investir 35 milliards de dollars supplémentaires pour construire un total de 6 usines.
Lire aussi – TSMC pense déjà aux puces gravées en 2 nm
Ce qui a poussé, quelques semaines après Nancy Pelosi la présidente de la Chambre des Représentants américaine, le gouverneur d’Arizona Doug Ducey (Républicain) à rendre visite à la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen. La présidente a confirmé dans une déclaration au palais présidentiel l’importance de ce soutien et de la fabrication de puces dans des démocraties étrangères face aux menaces de la Chine continentale :
“Face à l’expansionnisme autoritaire et aux défis de l’ère post-pandémie, Taiwan cherche à renforcer la coopération avec les Etats-Unis dans l’industrie des semi-conducteurs et d’autres industries de haute technologie. Cela va contribuer à construire des chaînes d’approvisionnement plus sûres. Nous avons hâte de produire conjointement les puces de la démocratie pour protéger les intérêts de nos partenaires démocratiques et créer une plus grande prospérité”, a déclaré Tsai Ing-wen.
📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
La Chine a toujours des compétences particulières et c’est la référence