Passer au contenu

Aquaman : inspirations, mythes et secrets

Critique sans spoiler d’Aquaman suivie d’une analyse des inspirations, secrets et mythes qui nourrissent ce film si généreux

Bienvenue pour cette plongée dans les mystères d’Aquaman, les origines masquées de son univers et la quête initiatique de cet enfant né entre deux mondes et pourtant destiné à devenir Roi.

Avant d’explorer ces archétypes, ces légendes et inspirations, je vous propose un avis, sans spoiler et en quelques mots, sur ce film sorti le 19 décembre en France.

Aquaman, un choc visuel

Avant tout chose, Aquaman est une claque visuelle. La plupart s’en émerveilleront, certains esprits un peu chagrins peut-être le jugeront davantage digne de la couronne du kitsch que de celle d’Atlantide.

À qui s’adresse Aquaman ? Aux amateurs de grandiose qui ne craignent pas le flamboyant et l’art pompier, c’est un film pour ceux qui sauront laisser leur scepticisme grincheux au vestiaire et se laisser porter par les 42 vagues qu’ils s’apprêtent à prendre en pleine figure.

Aquaman est un film généreux, parfois trop pour son propre bien, mais on sent tout le travail et la déclaration d’amour au personnage comme au cinéma de genre qu’il y a derrière ce film fleuve, 2h23 quand même.

C’est à toute l’équipe du film qu’on doit tant de générosité, et notamment au réalisateur, James Wan.

Un mélange des genres

James Wan, c’est Saw, Insidious, The Conjuring, Furious 7, beaucoup de films d’horreur évidemment, et dans certaines séquences parmi les plus marquantes du film, on retrouve un peu de cet univers, il faut dire qu’Aquaman, c’est au moins 5 genres en un.

Superhéros, aventure, horreur, de fantasy mêlée de science-fiction, voire de péplum ou même de comédie romantique, Aquaman joue sur tous les tableaux. De véritables tableaux,voilà justement ce que retranscrivent certains plans de ce film.

Aquaman, dessert bien sucré

Cette maestria visuelle n’est pas totalement exempte de défaut et parfois, on peut sombrer de l’autre côté de la frontière qui sépare la satiété de l’écœurement face à un dessert trop gras ou trop sucré.

Un peu trop de ralentis, même si c’est fait en pleine connaissance de cause, on peut se retrouver avec l’impression de regarder une version de luxe d’un épisode de Power Rangers quand les atlantes surgissent dans leurs armures de combat rutilantes.

Certes, le ralenti sied bien à des acteurs comme Jason Momoa et James Wan ne le sait que trop bien.

On sait qu’il habite l’écran, qu’il est charismatique, mais c’est parfois difficile de dire s’il joue un rôle ou si tous ses rôles deviennent Jason Momoa, pour le savoir, peut-être faudra-t-il un jour délaisser la badassitude.

Pitbull reprend Toto, pourquoi ?

La BO est à l’image du reste, riche et hétéroclite. On passe d’une ambiance intimiste à de l’électro façon Blade Runner sans oublier des percussions guerrières.

Malheureusement, on fait aussi la douloureuse expérience d’une reprise de Toto par Pitbull qui est venu sur le film juste pour massacrer Africa.

Malgré ces défauts, quelques incohérences et facilités scénaristiques que je ne détaillerai pas ici, Aquaman est un film qui émerveille, qui fait rire souvent avec lui, parfois de lui, un film qui fait voyager avec la capacité de nous emporter dans des mondes comme on ne les avait jamais vus au Cinéma.

Mais que se cache-t-il sous cette carapace rutilante ? Pour le découvrir, il faut s’aventurer dans le monde des spoilers. Qui m’aime me suive !

Attention, spoilers ci-dessous

Les inspirations d’Aquaman

Tout comme pour l’Atlantide, il faut savoir revenir aux racines antiques pour mieux apprécier cet Aquaman. La principale inspiration, et de très loin, c’est le run de comics New 52 scénarisé par Geoff Johns, qu’on retrouve crédité pour l’histoire, mais j’y reviendrai ensuite.

Évoquons d’abord ces écrivains des mondes cachés et des grands anciens.

Le film commence par une citation de Jules Vernes selon laquelle deux bateaux en pleine mer, même sans vent ni courant, finiront toujours par se croiser, métaphore en l’occurrence de Thomas Curry et Atlanna.

Avant tout, Jules Vernes c’est le maître du roman d’aventures, celui qui se lance dans l’exploration d’espaces inconnues, que ce soit dans les cieux, les profondeurs de la mer ou celles de la terre.

Saviez-vous d’ailleurs que James Wan avait pu choisir entre Flash et Aquaman et que c’est justement pour les lieux incroyables et les créatures fantastiques qu’il voulait mettre en images qu’il a choisi ce dernier ?

Evidemment, l’impact de Jules Vernes se retrouve dans cette mer cachée au centre de la terre, une étape majeure du voyage d’Arthur puisqu’elle marquera l’aboutissement de sa quête initiatique.

Lovecraft : Karathen kid

Le deuxième auteur qui marque le film de son empreinte est Howard Phillips Lovecraft.

Dans les premières minutes, on retrouve The Dunwich Horror sur la table de Thomas Curry, une des œuvres les plus connues du maître de l’étrange, de l’horreur et créateur évidemment du Mythe de Cthulhu.

On peut reconnaître son influence dans la créature, le Karathen, qu’on pourrait décrire comme une version popcorn d’un grand ancien.

Si les grands anciens vous intriguent, vous mènerez vos recherches, à vos risques et périls, mais sachez que ces créatures antédiluviennes sont animées d’intentions insondables, mais clairement néfastes pour le peu qu’en saisit la conscience humaine, nettement plus que celles du Karathen en tous cas.

Pour l’anecdote, la voix du Karathen est celle de Julie Andrews, l’interprète originale de Mary Poppins, alors que son retour, du rival Disney, sort exactement le même jour en France. Amusant.

L’influence de Lovecraft, on la retrouve aussi dans les créatures de la fosse qui correspondent aux profonds du mythe.
On peut regretter d’ailleurs que le film, en voulant synthétiser pour en montrer plus, n’ait pas conservé la notion d’horrible découverte qu’on a dans les comics concernant l’origine véritable des créatures de la fosse en tant qu’anciens Atlantes qui ont dégénéré.

Aquaman : différences entre film et comics

Aquaman était déjà badass dans de précédents comics, notamment dans les années 90 quand Arthur alias Orin portait des cheveux longs et une barbe qui ne sont pas sans rappeler celles de Jason Momoa, mais clairement le run New 52 scénarisé par Geoff Johns a marqué un renouveau du personnage et a permis de remettre au goût du jour le Roi de l’Atlantide.

Le film tire tellement d’éléments scénaristiques de ces comics, qu’il est plus rapide et intéressant d’établir une liste de différences.

On a par exemple la mort du père de Manta : si Arthur le laisse mourir dans le film, c’est de ses propres mains qu’il broie sa gorge dans les BD, alors qu’il cherche à se venger de celui qu’il considère responsable de la mort de Thomas son père.

D’ailleurs, au passage, si une sale embrouille venait un jour à opposer Aquaman à Batman, on peut déjà se rassurer, ils se rabibocheront à l’évocation du prénom “Thomas”, partagé par leurs pères respectifs.

Dans les comics, Nérée est le promis de Mera, alors qu’il devient son père dans le film, un choix d’adaptation judicieux qui permet de resserrer la structure du récit.

Il en va de même pour Orm, qui serait responsable de la mort de sa mère dans les comics, alors que son amour pour elle est bien utilisé dans le film pour nourrir son ressentiment contre son frère et laisser ouverte la vague possibilité d’une rédemption.

Toujours dans l’idée de resserrer le récit, le rôle de Vulko est totalement modifié, il passe de traître responsable de la guerre à véritable mentor d’Arthur qui vient compléter les éléments du mythe du souverain caché sur lequel je reviendrai ensuite.

Comme je le disais déjà avec la Fosse, on perd un peu de mystère autour des 7 nations à vouloir trop en montrer dans le film, cela s’illustre ne serait qu’avec Xebel, qui est une nation secrète et cachée dans le triangle des Bermudes dans les BD, un aspect gommé dans le film par manque de temps.

On peut supposer que la fameuse nation perdue pourrait être utilisée comme une ouverture à une suite, tout comme le Docteur Shin, le Roi Mort ou encore le poignard de Black Manta, j’y reviendrai en conclusion, car le moment est venu d’évoquer les mythes archétypaux qui nourrissent ce film.

Mythes d’Aquaman : entre souverain caché et enfant de deux mondes

Dès la scène du voyage de classe à l’aquarium, l’enseignante nous résume l’enjeu pour le héros. Nous venons de la mer et il faut savoir explorer là d’où nous venons pour être capable d’en découvrir plus sur nous-mêmes.

Comme dans toute quête initiatique, c’est avant tout à lui-même qu’Arthur Curry se confronte par l’intermédiaire des épreuves qu’il aura à traverser.

L’illustration la plus parfaite arrive alors qu’Arthur tente de récupérer le trident. Ce n’est pas par la victoire physique, par le combat, qu’il peut triompher, non, c’est en vainquant ses propres peurs et en assumant pleinement la responsabilité qui lui incombe.

Si Arthur a ce prénom, c’est bien en réalité en lien avec le Roi Arthur, ce qui est clairement dit par son père au début du film.

Le mythe du souverain caché est un archétype structurel de nombreuses histoires et toutes ses caractéristiques se retrouvent dans Aquaman :

• Élevé par le peuple, il acquiert ainsi la capacité à comprendre ce qui échappe à ceux n’ayant connu que le luxe et la facilité.
• Il ne désire pas le pouvoir et même, ne s’en pense pas digne. De ce point de vue, le trajet d’Arthur est aussi une épreuve d’humilité. Comme il le dit lui-même, malgré tous ses pouvoirs, il passe la plupart du temps à se prendre de bonnes corrections.
• Sa quête consiste justement à accepter de renoncer à une forme de liberté pour accepter la responsabilité du pouvoir.
• Pour cela, il doit découvrir que le pouvoir est actuellement utilisé à de mauvaises fins, d’où l’importance d’Orm, le contre-exemple du pouvoir absolutiste et détourné pour servir des ambitions manquant de sagesse.
• Pour asseoir son autorité, il prouvera sa légitimité en saisissant un symbole royal inaccessible au commun des mortel avec un parallèle immanquable entre Excalibur plantée dans le rocher ou l’enclume selon les versions et le trident enserré dans la poigne de fer du Roi Atlan.

Enfant des deux mondes

Concernant le mythe de l’enfant des deux mondes, il est transparent pour Arthur Curry élevé à la limite même de la mer et de la surface, dans un phare, un symbole déjà de son rôle de guide et de sauveur.

Il est rejeté des deux mondes et s’est donc refermé sur un cercle très restreint et rejette ces civilisations en refusant d’y prendre véritablement part, comme s’il n’y avait pas sa place.

Toutefois, son aventure initiatique lui permet de découvrir à la fois les merveilles de l’Atlantide, mais aussi la notion de devoir et de sa propre valeur, celle d’un héros pour tous.

Une découverte qu’il doit notamment à Mera et Atlanna qui jouent toutes deux un rôle capital.

Détails cachés d’Aquaman, les fameux “easter eggs”

Les clins d’œil sont très nombreux dans le film et je n’ai nullement l’intention ou la prétention de tous les lister ici, des sites s’en donnent déjà à cœur joie.

Parmi les plus marquants toutefois, on notera Annabelle, la poupée maléfique qui a marqué les spectateurs de The Conjuring et de ses suites plus ou moins ratées.

On l’aperçoit un instant, assise parmi des débris au fond de l’océan alors que Mera et Arthur partent avec le vaisseau de la Princesse de Xebel.

Durant le duel du cercle de feu, on ne peut pas manquer la pieuvre joueuse de tambour, et il s’agit là d’un clin d’œil à Toppo, la pieuvre qui accompagnait Aquaman dans certaines de ses anciennes aventures et qu’on retrouve sous une forme bien plus proche de celle du Karathen dans la version New 52.

Le clin d’œil le plus stupide nous vient sans aucun doute possible de Fast and Furious et de ses nombreux sauts improbables, quand Mera puis Arthur se jettent de l’avion pour s’écraser en plein Sahara, sans avoir emporté une goutte d’eau ni le moindre moyen connu de sortir du désert, le tout sur la cover dégueulasse de Pitbull. On s’en serait passé.

Aquaman 2 : quelles pistes possibles ?

Concernant les ouvertures pour une suite qui arrivera sans doute si le film confirme son succès mondial, on a évidemment la rencontre entre Black Manta et le Docteur Shin.

Dans les comics, ce docteur était un ami de Thomas Curry en qui lui et son fils avait confiance et qui les aidait à comprendre les capacités d’Arthur jusqu’à ce que l’ambition prenne le pas et que le Docteur recherche une reconnaissance scientifiques mondiale en prouvant l’existence de l’Atlantide en utilisant l’enfant.

Le film conserve l’obsession du Docteur pour cette civilisation et on de toute évidence Black Manta sera de retour et pourrait menacer Thomas.

Autre élément remarquable, lors de leur second affrontement, Black Manta parvient à planter le couteau de son grand-père dans l’épaule d’Aquaman, ce qui laisse supposer une origine atlante pour l’arme et donc un passé plus mystérieux encore pour cette famille de pirates, à moins qu’il ne vienne tout simplement frapper exactement où sa première attaque avait déjà perforé la peau résistante d’Arthur…

Le Roi Mort ?

Je n’imagine pas forcément Black Manta comme principal antagoniste et on pourrait supposer possible une adaptation du Roi Mort des comics.

Le Roi Atlan revient alors, tel un mort-vivant pour récupérer son terrible trident, ce qui donne surtout l’occasion de réviser l’histoire jusqu’à alors cru comme véritable autour des circonstances de l’engloutissement d’Atlantide.

Au passage, c’est l’acteur Graham McTavish, qui incarne le Saint des Tueurs de la série Preacher et qu’on a pu voir aussi dans le Hobbit ou encore Outlander qui prête ses traits à Atlan si vous ne l’aviez pas reconnu.

Peut-être que la suite pourrait miser davantage sur Orvax, l’ancien Roi et père d’Orm, mais bon, les histoires de familles et de parents qui ne sont pas vraiment morts, ça risquerait de tourner à la redite.

Que vous a inspiré ce film et quelle suite éventuelle voudriez-vous ?

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Newsletter 🍋

Abonnez-vous, et recevez chaque matin un résumé de l’actu tech

Cliquer pour commenter
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *