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Banque. Le liquide s’évapore en Australie

Quand la devise divise, une banque australienne suspend les retraits.

Elle fait partie des quatre plus grosses banques du pays. ANZ, de son nom complet “Australia and New Zealand Banking Group”, est membre des “Big Four” locales et couvre aujourd’hui dans la majeure partie de l’Océanie. Contrairement aux États insulaires du Pacifique, l’Australie lui vaut aujourd’hui d’opter pour une stratégie bancaire bien avant-gardiste – ou les billets de banque et les paiements en liquide n’existent plus.

Car ici, le cash est de plus en plus rare. Les paiements en liquide sont de plus en plus délaissés, et la tendance s’auto-influence avec des banques de plus en plus en retrait… sur les retraits.

ANZ est la première à faire le grand saut. Elle a annoncé la semaine dernière qu’elle arrêtait les retraits d’espèces dans plusieurs de ses succursales. La faute à une baisse de 50 % de la fréquentation des infrastructures sur ces quatre dernières années, expliquait un porte-parole de la banque au média Cointelegraph.

Comme beaucoup d’autres médias spécialisés sur les crypto-monnaies, Cointelegraph s’est interrogé sur ce cas de pays où le paiement liquide connaît peut-être ses dernières heures, et que le gouvernement tente de lancer au plus vite un CBDC pour faire en sorte de ne pas se faire voler la vedette par le Bitcoin. Le CBDC, pour rappel, est une monnaie numérique émise par une banque centrale.

La plupart des succursales touchées par le gel des retraits de la banque australienne seraient situées en ville et disposeraient de distributeurs automatiques. Mais malgré ces tentatives de ne calmer les critiques, ANZ a réduit considérablement le nombre de distributeurs automatiques et le pays a globalement vu le nombre de ses DAB baisser de plus de 50 % en 5 ans.

Argent liquide et économie souterraine : le dilemme

Actuellement, les paiements en liquide représentent une part de seulement 13 % sur les paiements enregistrés en Australie, selon les chiffres retenus par la Banque centrale australienne, émettant le dollar australien. Comme le soulignent nos confrères de Cointribune, il faut ajouter à cela la part des paiements en liquide sur le marché noir, qui représente tout de même 10 % du PIB.

Même à ce niveau-là, l’Australie fait encore partie des pays les plus distants du cash. En France en 2022, les paiements en liquide représentaient 51 % des paiements en 2022, malgré une désaffection bien plus rapide et puissante (la part des transactions en cash était encore de 68 % en 2018). L’Europe suit aux alentours des 59 % alors que certains pays sont en avance (les Pays-Bas, la Finlande) et d’autres en retard (Allemagne, Italie, Autriche).

Sans cash, c’est toute une économie qui devra se faire à la nouvelle norme, s’inquiètent beaucoup. Le principal visé est là encore l’économie souterraine et c’est pourquoi des pays comme l’Italie (où le marché noir représentait 183 milliards d’euros en 2019) se montrent très retissant à l’idée de devoir dire adieu aux billets. Giorgia Meloni, la nouvelle présidente d’extrême droite du conseil des ministres italien, faisait la promotion d’un moratoire à ce sujet.

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2 commentaires
2 commentaires
  1. Encore une initiative qui ne fait gagner de l’argent qu’aux banques en occultant tous les inconvénients. Un peu comme les tickets de caisse que d’aucuns veulent supprimer pour le bien de la planète et surtout pour leur bien propre ! Quid des suppressions d’emplois liées à ces décisions.

  2. Réticents et non retissant dans la phrase :
    “Le principal visé est là encore l’économie souterraine et c’est pourquoi des pays comme l’Italie (où le marché noir représentait 183 milliards d’euros en 2019) se montrent très retissant à l’idée de devoir dire adieu aux billets.”

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